Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Pourrait-on imaginer un duo plus légendaire ? Le Grand Sommeil débute, comme beaucoup de films du genre, avec l’arrivée d’un détective chez un nouveau client, qui lui expose une sombre affaire de chantage sur laquelle il faut lever le voile. Marlowe, le détective incarné par Humphrey Bogart, fait rapidement la rencontre des deux filles du vieux général. L’une n’a pas froid aux yeux, séduisant ouvertement le détective, quand l’autre est davantage sur la défensive. Ces quelques premiers instants vont donner le ton de ce Grand Sommeil, avec des dialogues riches et rythmés, développant les personnages et introduisant le spectateur dans cet environnement où règne le doute.
Le Grand Sommeil nous fait tenir compagnie au détective Marlowe, un personnage auquel on s’attache très rapidement, grâce au charisme de Bogart, mais aussi pour sa perspicacité et son tempérament, au côté très authentique et détendu. Peu importent les dangers qui le guettent, il leur fait face, s’il ne les provoque pas, et on sait qu’il trouvera forcément une issue pour s’en sortir. Un personnage avec lequel on évolue en confiance, et qu’on apprécie particulièrement suivre au fil de son enquête. Le Grand Sommeil immerge le spectateur dans une enquête où règnent confusion et incertitude, gangsters et vamps, avec une esthétique typique des grands films noirs de l’époque.
Il est difficile de suivre facilement l’intrigue du Grand Sommeil, qui mentionne et fait intervenir différents personnages aux relations souvent troubles. Le film est très rythmé, notamment grâce aux dialogues, souvent denses, et demandant beaucoup d’attention de la part du spectateur. Une habitude chez Hawks, qui aimait faire parler ses personnages rapidement. De son propre aveu, Hawks disait qu’il n’avait jamais vraiment compris l’histoire, qui a gagné en complexité à cause de la censure qui empêcha également d’intégrer des éléments qui amélioraient la compréhension du film. Mais si Hawks ne s’y retrouvait plus dans le scénario, il ne s’est jamais perdu en termes de cinéma, dirigeant à merveille ses acteurs, insufflant un rythme soutenu au film pour ne jamais perdre notre attention, et parvenant à offrir un film superbe sur le plan visuel.
C’est ce qui fait que Le Grand Sommeil s’apprécie en se laissant porter par le film. Il est suffisamment bien rythmé et bien filmé pour être grandement apprécié sans que l’on parvienne toujours à capter tous les éléments d’information, grâce à ses personnages et son ambiance. Toujours doué pour varier les registres, Hawks confirme, après Le Port de l’Angoisse, en réalisant un nouveau classique du film noir.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art