On reconnaît très vite un film d'Ozu. D'abord par les cadrages si particuliers, faits à la hauteur d'un homme à genoux. Mais aussi par la description si juste de son époque, et par la finesse des sentiments des personnages.
Ce film est donc signé Ozu. Et derrière l'apparente limpidité de l'action, qui semble couler toute seule, se cache une incroyable complexité. Les scènes s'enchaînent, les personnages se croisent, les dialogues rebondissent avec une facilité qui n'a d'égale que l'intelligence. Le spectateur n'est jamais perdu, malgré les nombreux personnages.
Ozu ancre le film dans son époque : il insiste sur les éléments de modernité (usine, télévision, bars américains, vêtements occidentaux) pour mieux nous montrer à quel point le Japon s'éloigne de ses traditions.
Ensuite, Ozu mêle les sentiments divers et variés. Il y a du drame dans ce film, plusieurs drames même, dont l'intensité est encore augmentée par le fait que les personnages font tout pour masquer leurs sentiments. Mais il y a aussi beaucoup d'humour (j'avais même oublié que les films d'Ozu puissent être drôles).
Le tout se mêle autour du thème des responsabilités familiales. La responsabilité d'un mari envers sa femme, d'un père envers ses enfants (et vice-versa). Une vie de famille est une vie de sacrifices. Et de négociations. Et, parfois, d'idéaux.
SanFelice
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le 18 févr. 2012

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