Intéressante incursion aux origines du cinéma de Brad Bird que cette première réalisation : le virtuose de l’image, passé de l’animation (Ratatouille, Les indestructibles) aux blockbusters (Mission Impossible IV ou Tomorrowland) accuse ici une modestie assez étonnante. Le métrage semble directement issu des années 80, dans la simplicité du trait, voir le dessin assez sommaire des visages notamment. Assurément, ce n’est pas sur ce terrain qu’on ira déterminer l’intérêt de l’œuvre, même si son aspect vintage semble assez volontaire : par une simplicité affichée des enjeux qui seront aussi ceux d’émotions binaires (un robot gentil ou méchant, en fonction de qui le côtoie) et en accord avec une période précise de l’Histoire, la guerre froide et les films anxiogènes et métaphoriques de SF (La Chose d’un autre monde, Le jour où la Terre s’arrêta) qu’elle a pu engendrer.


Sur un canevas rôdé, celui de la créature et l’enfant, (E.T, mais aussi Super 8 plus récemment), Brad Bird parvient à faire cohabiter la magie d’un extraordinaire (notamment dans l’exploration des éléments, l’air, l’eau du lac, le surplomb sur les forêts) et la triste prévisibilité de la violence inhérente à l’intolérance adulte. L’initiation à l’humanité est donc double : c’est celle, touchante, du robot qui apprend par le jeu, et celle de l’enfant confronté la bêtise belliqueuse. La désillusion resserre ainsi les liens autour d’une cellule familiale qui ne peut pourtant pas luter avec le potentiel de destruction massive des enjeux.


Sous la ferraille, l’âme : sous l’animation rudimentaire, une intrigue touchante et qui a le mérite, à l’aube d’une période où le film pour enfant mange à tous les râteliers (par l’ironie, les private joke pour adulte ou une hype djeune très vite périssable) de se limiter à son propos : celui d’une fable universelle.

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le 5 févr. 2017

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Sergent_Pepper

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