Rares sont les films, et encore plus les comédies, à faire une telle unanimité. On peut donc aisément se dire qu’avec Le Dîner de cons, on tient une œuvre du haut du panier, voire de son sommet. La réussite du film tient d’abord à son scénario. La première fois que j’ai vu le film, comme beaucoup, j’attendais un repas qui n’est, bien sûr, jamais venu. Partant de cette attente qui ne sera pas satisfaite (même si je n’ai aucune passion particulière pour les films se déroulant durant un repas), l’histoire devient imprévisible et embarque son spectateur dans une suite de délicieux quiproquos. Elle l’est d’autant plus que François Pignon est incontrôlable, enchaînant gaffes sur gaffes. La figure de François Pignon est indubitablement la meilleure que Francis Veber a imaginée avec celle de L'Emmerdeur.


Il est amusant de voir que même les détracteurs de Francis Veber sont séduits par ce film. Il faut dire que tout ici est d’une telle précision mécanique qu’il est impossible (ou presque) de ne pas marcher. Les situations s’enchaînent à un rythme endiablé, les dialogues aux petits oignons ne paraissent jamais trop écrits et l’interprétation est des plus fameuses. On retrouve le goût de Veber pour les couples mal assortis et, surtout, sa capacité à imaginer des seconds rôles qui, même s’ils ne font que passer, ont quelque chose à défendre, à l’image de Daniel Prévost ou de Catherine Frot. Jacques Villeret, bien évidemment, est formidable de bout en bout dans son rôle de tendre abruti. Le côté théâtre filmé, qui est un obstacle pour beaucoup, est rapidement relégué au profit d’une histoire qui tient d’autant plus la route qu’elle respecte les trois unités de temps, de lieu et d’action.


Acclamé, Le Dîner de cons l’est à juste titre. Profondément drôle, pertinent dans ses situations imaginées, inventif dans ses dialogues, il brosse aussi une galerie de portraits aussi bien acides que tendres. Précis, court, efficace, il incarne ce qu’est la comédie française, à savoir un mélange de vaudeville et d’humour grinçant s’appuyant sur un texte de grande qualité. Porté par une équipe de comédiens fabuleux, même si certains peuvent paraître en retrait selon les goûts de chacun (personnellement, je trouve le personnage de Francis Huster plus faible que les autres), il s’agit ici d’une des plus grandes réussites dans un genre trop peu souvent considéré à sa juste valeur. Du vrai travail d'orfèvre.

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le 8 mars 2022

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PIAS

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