J’ai regardé ce film en deux fois. La première, le premier film parlant de Chaplin ne m’avait pas fait une bonne impression. L’histoire de Chaplin-barbier ne m’avait guère intéressée, et celle de Chaplin-dictateur ne m’avait guère fait rire. Tout changea à la deuxième fois. Le dictateur Hynkel d’une nation imaginaire, parodie non dissimulée d’Hitler, est dépeint comme un homme peureux, capricieux, agissant comme un enfant gâté, totalement ridicule. Une satire virulente et acerbe du totalitarisme, de quelque pays que ce soit, comme le montre la rencontre avec un autre dictateur référence à Mussolini). En parallèle, le barbier est embrigadé dans la résistance. Le moment où ils doivent choisir un volontaire pour se sacrifier, chacun donnant discrètement à l’autre la pièce destiné à les tirer au sort, est à mourir de rire.
Par l’humour, Charlie Chaplin dresse donc une critique intemporel de toutes formes de dictature, condamnés à inévitablement disparaître un jour, les tyrans risibles. Et dans le discours final, il va encore plus loin et devient carrément visionnaire, dénonçant les travers sociétés humaines. Une critique encore plus vraie aujourd’hui.
« L’envie a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent dans l’insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d’intelligence, nous ne ressentons pas assez et nous pensons beaucoup trop. Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d’humanité. »
Un grand film.