Présence ici d'une jolie chevauchée de destins qui s'entremêlent et s'assemble dans une mise en scène de qualité qui prend le temps de développer les personnages sordides que l'on va suivre. Presque tous le sont effectivement et c'est bien troublant. À croire que tous les coins paumés des États-Unis regorge de personnes dérangées qui n'ont rien d'autre à faire que de perpétrer des violences au nom de Dieu. Car oui dans cette œuvre, et dans le livre aussi je suppose, les individus sont tous liés à la religion chrétienne mais ce que je peine à ne comprendre c'est que tous les méfaits sont justifiés, de près ou de loin, par ce seigneur qui pardonne tout...
Il n'en reste pas moins que pour s'extirper d'un entourage aussi flingué que celui d'Arvin Russell (Tom Holland) il faut se battre et sortir les armes, littéralement. Le pauvre, déjà que ça lui demande beaucoup d'accepter de porter le poids d'une tragédie familiale aussi lourde mais s'il se retrouve confronté à des psychopathes en même temps, c'est monstrueux. le titre l'annonce bien vous me direz "Le Diable, tout le temps". Si il est partout ce diable, faut-il être l'incarnation de l'enfer pour avoir l'espoir de battre chacun de ses représentants, combattre le feu par le feu comme on dit ? La brutalité du dernier des Russell est valide elle. Car au-delà de son côté justicier sans pitié qui assassine pour se venger. C'est la violence dans laquelle il a été élevé qui l'a rendu ainsi. Quand ton père te montre un cours de représailles physique et que le narrateur te dit à l'oreille que c'est le plus beau jour d'Arvin enfant, sa manière de réagir, chronologiquement parlant, n'est pas surprenante. Grande est l'empathie pour ce protagoniste donc, qui essaie de s'en sortir dans la vie en restant le plus terre à terre possible, en étant constamment sur ses gardes. Avec la gueule des patelins, tu comprends pourquoi.
Ce qui est visible également c'est l'incompréhension et la mauvaise interprétation des textes car en soi ce n'est pas Jésus que les protagonistes doivent trouver mais des docteurs. C'est vrai ! Car entre celui qui tue sa femme pour la ressusciter et l'autre qui, sans vergogne, exécute parce qu'on à refuser de coucher avec sa femme, il faut faire quelque chose, je pense. C'est vraiment ce côté qui me déplaît dans l'œuvre, la violence à outrance et banalisé car même si tout est bien ficelé, le style thriller / drame ne rime pas forcément avec meurtre et bain de sang contrairement au sous-genre littéraire Country Noir qui pourrait justifier de telle scènes. Mais bon, les deux styles citées plus haut étaient ceux qui correspondait le mieux à une adaptation ciné, je suppose.
Sinon il est bien étrange de voir un tel ramassis de sous-abruti dans une zone restreinte. Je n'ai absolument pas idée si c'est pareille dans les coins reculés des U.S.A mais une chose est sûre, ça ne donne pas envie d'y mettre un pied.
Toujours agréable d'entendre une jolie narration orale en fond pour accompagner le déroulé du récit, c'est un parti pris enrichissant, d'autant plus que le conteur n'est autre que l'auteur du roman original lui-même, Daniel Ray Pollock.
Je plains trop l'agressivité de l'œuvre mais là où le tour de force est respectable, c'est dans l'humanité perceptible parmi les âmes que nous suivons. Heureusement toutes ne sont pas entièrement corrompues comme celle de Carl Henderson (Jason Clarke) par exemple, inéligible à la pitié des spectateurs.
Il est aisé d'allier ce film à une adaptation de Stephen King car entre lui et l'auteur de Knockemstiff des liaisons les liaisons sont facilement reliables comme l'aspect mystérieux et forcément malsain de leurs ouvrages respectifs.
Le casting est de très bonne qualité et tout le monde y est crédible, posé et ancré dans leur rôle attitré. Très plaisant de voir le jeune Holland ailleurs que dans un Marvel et un Robert Pattinson toujours plus bankable à mesure que les années passent.
Une production Netflix qui vaut le détour, heureux d'avoir découvert qu'un récit littéraire, visiblement qualitatif, à été adapté. Un regret de n'avoir pas pu aborder livre avant le long-métrage, il reste de mon devoir de vous recommander le roman visuel qui possède très peu de faiblesses. Soyez prêt en revanche à affronter les démons qui vous seront exposés en pleine face.