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Mes pérégrinations littéraires et cinématographiques américaines, sans parler des faits divers, m'ont bien fait entrer une chose dans la caboche, l'impression qu'une partie non négligeable des plus gros dégénérés peuplant cette planète se sont donnés rendez-vous dans les diverses parties rurales des Etats-Unis. Ce film choral est très loin d'être l'exception à la règle. Des dégénérés, en voulez-vous, en voilà...


D'ailleurs, il est à se demander si la production du film n'a pas fait évader Harry Melling d'un asile, tellement le regard de celui-ci apparaît naturellement fou en pasteur ayant plusieurs cases en moins. Dans cette même honorable profession, Robert Pattinson se plaît à continuer son entreprise de destruction massive d'image d'idole à midinettes en incarnant une crapule libidineuse viciée par l'hypocrisie et la manipulation.


Oui, c'est un véritable concours de qui commettra l'acte le plus infâme, le plus glauque qui soit. C'est violent et pourri jusqu'à la moelle. Et soit les innocents seront sacrifiés, soit ils seront contraints d'utiliser les mêmes armes pour survivre. Le tout avec la voix-off distancée, collant parfaitement à l'image, de l'auteur du roman original (dont je ne dirai rien parce que je ne l'ai pas lu !), Donald Ray Pollock.


Bon, ben, c'est bien beau, mais, maintenant, il faut passer à ce qui cloche. Et ce qui cloche, c'est que ce qui aurait une matière idéale pour une mini-série doit tenir dans un film d'un peu de deux heures, d'où le sentiment désagréable que juste le minimum nécessaire pour savoir qui est chaque personnage est mis. Mais ça manque de chair dans chacun d'entre eux, dans leurs relations. J'aurais voulu passer beaucoup de temps à connaître le pasteur cinglé et celui hypocrite susmentionnés. J'aurais voulu en savoir beaucoup plus sur tout le monde tout court. On ne prend pas un casting aussi prometteur dans des personnages aussi prometteurs pour donner aussi peu.


Par exemple, pour le couple de tueurs en série, qui est incarné par Jason Clarke et Riley Keough (d'ailleurs, l'équipe maquillage et le cinéaste n'ont pas pensé que cette dernière puisse vieillir en vingt ans d'existence ?). On voit leur première rencontre, elle serveuse, lui client. Séquence suivante dans laquelle on les recroise, ils en sont déjà à leur sinistre routine. D'accord, mais je pense qu'il aurait été très intéressant de voir comment monsieur réussit à attirer psychologiquement et physiquement madame dans une entreprise aussi atroce entre-temps. Quelle est sa part de soumission ? De complicité ? Quelle est celle de plaisir qu'elle éprouve à faire tout cela ? Je cite cet exemple, car c'est vraiment le premier qui me vient en tête, mais j'aurais pu en dire tout autant pour chacun des personnages, pour chacune de leurs relations. C'est dommage.


Le Diable, tout le temps ou comment un film souffre de ne pas être une mini-série.

Plume231
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le 19 nov. 2021

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Plume231

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