Si vous aimez les films sur la noirceur et l'injuste condition humaine, vous allez adorer "Le Diable tout le temps".
Il faut en effet avoir le cœur bien accroché et le moral solide pour suivre les divers destins des personnages de cette histoire:
Arvin, seule âme pure de cet enfer (pendant tout le film, on prie pour qu'il finisse bien car vu le ton du film, on se dit que c'est mal parti..!), sa demi-sœur bigote, le couple de tueurs en série, le shérif ripou, le révérend abuseur de ses jeunes ouailles, etc...
L'ami qui m'avait conseillé ce film l'avait comparé à "Brimstone" autre odyssée désespérante made in USA... mais là où j'avais trouvé celui-ci trop sadique à mon goût, "Le Diable tout le temps" ne m'a pas mise dans une position voyeuriste car on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine empathie pour les protagonistes, même les plus chtarbés: ne sont-ils pas avant tout victimes de la misère humaine, de leur environnement, du fanatisme religieux ambiant, de leurs gênes, etc... bref, du monde tel qu'il est quand on nait dans le trou du c... de la Virginie ?
J'ai regardé des interviews de Donald Ray Pollock (l'auteur du livre qui est à la base du film), il sait de quoi il parle: il a grandi dans un pareil trou paumé avec une fin de toxico ou d’alcoolique comme avenir (a priori)... mais sa vie elle-même et ses propos sont porteurs d'espoir: oui, on peut échapper à un destin de m... qui parait tout tracé, il faut parfois recourir à des procédés radicaux (meurtre, violence...), mais "Yes we can" !
C'est impeccablement joué, tous les acteurs sont charismatiques et crédibles, les divers fils de narration restent cohérents et se rejoignent à la fin sans nous avoir perdu entre temps.
Que dire de plus sinon que le film m'a donné envie de découvrir la littérature de cet écrivain, tant je suis sortie impressionnée par cet univers et la façon dont il est dépeint.
On en ressort un peu sonné, mais heureux d'avoir vu un film fort et d'avoir vécu un bon moment de cinéma.