Faux film

Qui a lu le superbe roman de Buzzati ne peut être que fortement déçu par ce film !
Zurlini empreinte le titre, l'exotisme et l'esthétique mais rate totalement le sujet du roman.
Nous voici embarqué dans l'histoire d'une garnison dans une forteresse perdue dans le désert, les relations de pouvoir, d'orgueil entre officiers, de doutes et d'espoirs de gloire. Tout ceci éloigne progressivement le réel sujet du roman, a savoir, la perte progressive, années après années, de tout ce que fut un homme jeune et aimé. De plus manque la scène la plus importante du roman, celle ou il revient en ville pour une permission et ou tout lui est étranger, sa maison d'enfance, sa mère, même la ravissante jeune femme qui l'aimait, l'à attendu, l'aime encore et qu'il laisse à distance avant de rejoindre cette citadelle ou il devient finalement étranger dans sa propre existence, étranger à sa propre vie, à cet officier malade quittant enfin, 30 ans après, la citadelle pour nul part. En ce sens, après le splendide " été violent" et le magnifique "la fille à la valise", Zurlini dépose un théâtre filmé ampoulé au pied d'un grand roman traitant de la solitude que toute personne peut devenir a trop vouloir être un autre ! Ce petit film est sauvé par l'esthétique.
Il semble que Zurlini se soit engagé dans un cinéma qui n'était pas le sien ! sa fascination pour les grands Visconti l'avait de toute évidence enivré, la descente d'ivresse fut terrible, ce ratage abîma fortement son moral connu pour être fragile; c'est son dernier film, il décède 6 ans après, d'une étrange hémorragie interne.