Annoncé à peine quelques jours avant sa sortie salle, (et donc la réouverture des cinémas) Le Dernier Voyage de Romain Quirot avait surpris et en même temps fasciné de par son affiche aux couleurs vives et de sa bande-annonce franchement haletante. Même un jeu mobile a vu le jour, tout ça pour dire que le film s’est auréolé, mine de rien, d’une grande attente au niveau du public cinéphile.

Il faut constater qu’en France les propositions ambitieuses il y’en a des tas, mais rarement des projets autour de la science-fiction. Mais alors, est-ce que le pari de faire de la SF à la française est tenue ?

Eh bien je dois avouer qu’il l’est, mais pas totalement. Tout d’abord, et c’est selon moi la plus grande qualité du film, c’est sa direction artistique. Mon dieu que ce film est beau, bien tenu et visuellement impeccable. Le travail en post-production a été colossal et ça se sent. À mi-chemin entre un Blade Runner (publicités vivantes, flingue, héros charismatique mais silencieux...) et un Mad Max : Fury Road (la scène de la tempête, le désert...) le long-métrage est parsemé d’images bluffantes, même lorsque celui-ci s’essaie au noir et blanc.

L’on sent bien toutes les bonnes intentions du réalisateur, pour qui il s’agit d’un premier film, mais qui virent bien plus au clin d’œil qu’à une vraie utilité scénaristique. On se demande alors le pourquoi du comment de la scène de la tempête, qui est malheureusement victime de ses ambitions, sûrement à cause d’un budget trop serré.

De facto, les 30 premières minutes sont très intéressantes dans la présentation de l’univers, que ce soit par un bidonville ou de par la radio ainsi que la production télévisuelle et son présentateur, campé par Philippe Katerine qui au bout de 5 minutes devient absolument insupportable.
Et pourtant on y croit, on se dit que ce n’est que la surface de l’iceberg, mais malheureusement Le Dernier Voyage n’ira pas plus loin au niveau de son lore, le film se répétant beaucoup dans son schéma narratif (on trouve un bâtiment, on roule, on se souvient, on trouve un bâtiment, on roule etc...)

Car là où prêche le plus le film c’est dans son écriture. Autant il est difficile de faire des reproches au casting, toujours juste et crédible, mais en lançant des répliques qui ne le sont pas. Hugo Becker, en tête d’affiche, s’avère bourré de talent. Cependant, les personnages qui ne sont au final pas si nombreux, ne sont pour la plupart que caractérisé par leur passé tortueux. De plus, on sent que certains décors font très simplistes comme la base spatiale, quasiment jamais dévoilée et presque désertée, avec un Jean Reno juste sans être étincelant, cherchant désespérément son fils, dernier espoir de l’humanité.

La relation entre Paul et son frère (joué par Paul Hamy qui tient le rôle d’un bad guy cliché mais imposant) est intéressante, mais perd à chaque fois en intensité car trop coupé par des scènes de retour en arrière pas tout le temps utile au récit. Le montage est très soigné certes, mais Quirot a recours trop souvent au passé pour mettre en avant ses enjeux de personnages.

La relation entre Elma et Paul, qui aurait pu rappeler une relation père-fille comme Joel et Ellie dans un certain The Last of Us tombe rapidement dans le déjà-vu, des répliques peuvent être devinés à l’avance tant on a été habitués à ce genre de chose par des productions hollywoodiennes.
Et quel dommage ! Parce qu’en France on a notre style à nous, pas besoin de tout pomper chez l’Oncle Sam.

Pourtant, j’ai mis la note de 7. Car j’ai espoir que ce film soit le précurseur d’un grand nombre de prises de risque comme celle-là. Et qu’il faut avouer que je suis loin d’avoir passé un mauvais moment ce film, au rythme d’une bande son aux petits oignons.

In fine, on ressort de la salle obscure déçu, mais tout de même rassuré par la conclusion du Dernier Voyage, poétique, qui ne donne pas toutes les clés et qui reste magnifique visuellement.
Un cocktail de bonnes idées noyé par son ambition et probablement sa production de 6 ans.

Dems
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le 23 mai 2021

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Dems

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