Pour que ce qui va suivre soit le plus clair possible, il était important que je précise mon degré d'affection pour l'ex Mr. univers.

(Schwarzie and I)
Les années 80 furent des années balançant entre intérêt poli et doux mépris. A chaque fois que l'ex autrichien éveillait ma curiosité (Conan - Predator), c'était pour aussitôt se compromettre dans d'immondes produits emblématiques de ce que les années 80 pouvaient proposer de pire (le contrat, commando et… oserai-je le dire, le premier film un peu original de Cameron-l'infâme, qui n'avait pas encore salopé à tout jamais un de mes plus beaux souvenirs de jeunesse en commettant l'irréparable).
Puis virent les années 90 brillamment inaugurées par Total Recall et une série de blockbusters dont le second degré permettait de reconsidérer la qualité du travail de cette soudain sympathique montagne de muscle.
Les années 2000 allaient sonner le glas de cette courte idylle en montrant que ce que jouait -plutôt moyennement- le butor à l'orée de sa carrière devenait le crédo d'une nouvelle vie à la bien funeste réalité. Les méchants n'étaient plus éradiqués à grand renfort d'hémoglobine dans d'inoffensives fictions mais se transformaient en candidats terriblement réels à une chaise électrique qui ne parvient toujours pas, c'est quand même ballot, à faire la différence entre les vrais coupables et les innocents victimes d'erreurs judiciaires.
Bref, capable -rarement- du meilleur et -bien plus souvent- du pire.

(Expendables-like)
Les come-back successifs de Stallone (un par franchise), son inusable jumeau, permettait à Schwarzou de revenir en haut de l'affiche, le premier ayant offert au second l'occasion de s'autoparodier sans grande finesse.
(On a d'ailleurs l'impression que les deux dinosaures se sont plastifiés de partout: leurs muscles saillants présentent d'étranges textures plastiques, qui donnent une image un peu effrayante de ce qu'ont aussi pu devenir leurs cerveaux...)
Restait à savoir si cet essai allait souffrir du même manque d'inspiration, de génie et de la même méta-bouffonerie que dans Expandables, ou si au contraire il allait se révéler un tantinet plus ambitieux. (On frôle parfois la chose, notamment quand Arnold lâche un "tu sais, Los Angeles, c'est pas du tout ce qu'on croit"). La présence de Kim Jee-Woon dans sa première réalisation ricaine pouvait laisser planer le doute.

(Un Kim Jee-Woon, je peux le compter dans mes films asiatique ?)
La réalisation du coréen est sans doute ce qui peut se considérer comme une des plus grandes déceptions de l'expérience. Capable de tout: le meilleur (deux sœurs), l'intéressant (a bittersweet life) le médiocre (le bon, la brute et le cinglé) ou le pire (j'ai rencontré le diable), Jee-Won avait jusque là au moins le mérite de laisser s'exprimer une forte personnalité qui explosait dans chacun de ses plans.
C'est cette fois en grande partie aseptisé, comme de coutume quand un artiste rejoint la grande machine hollywoodienne, c'est à se demander quelle motivation poussent les producteurs à importer des talents étrangers qu'il s'ingénient à immédiatement museler et standardiser. Un grand mystère qui n'est visiblement pas prêt de s'éclaircir.

(Canon-ville vs bombasse-town)
A l'image de cette réalisation incolore et inodore, le principal défaut de ce dernier rempart est bien d'être affreusement départi de toute surprise. Mauvaise comme bonne. C'est en tout point prévisible.
Pendant les 45 premières minutes, je m'étais pourtant surpris à me demander si pour une fois il n'allait y avoir une once de scénario old-school dans l'exercice de style (présentation des personnage potable, capacité de mini-intrigue). Malheureusement, on passe bien trop vite à la phase "on défouraille" et je me suis senti tout marri de devoir subir un truc si convenu.
Alors y a bien sûr quand même quelques trucs rigolos à quoi s'accrocher.
Le fait, par exemple, que toutes les habitantes d'un patelin perdu au fond de l'Arizona soient de redoutables avions de chasse. Toutes. La serveuse du dinner, l'adjointe au shérif, ou l'agent du FBI. Avec un profil un peu semblable d'ailleurs. S'il a eu voix au chapitre, KJW doit particulièrement apprécier les brunes à œil pétillant (à moins que ce ne soit ze big Scwarz qui ait feuilleté l'actress-book)

Bref, si vous voulez vous offrir 1h45 de vie sans surprise, n'hésitez pas.
Si vous voulez savoir ce que donnent la prometteuse génération coréenne aux USA, n'insistez pas.

J'espère franchement que le magnifique Bong Joon-Ho ne sera pas broyé avec la même conscience par l'industrie du rêve californienne. Mais tous les doutes sont malheureusement permis.

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le 29 mai 2013

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guyness

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