Le Dentiste
5.3
Le Dentiste

Film de Brian Yuzna (1996)

Un petit film d'horreur de Brian Yuzna avec Corbin Bernsen. Qui veut devenir dentiste ?

Pour son sixième long-métrage, le réalisateur philippin natif de Manille Brian Yuzna sort sa fraise et signe un film chirurgical, expérimental.

Pas de quoi sortir les griffes ou les crocs mais il s'avère d'une ossature assez particulière. Sans langue de bois... (ironie).


Commençant par un générique qui avait de l'allure -avec cette musique macabre d'Alan Howarth (lancé par John Carpenter sur le non moins célèbre « New York 1997 », il restera l'un de ses compositeurs fétiches : « Christine », « Prince des ténèbres », « Invasion Los Angeles ») digne d'un Bernard Herrmann (bravo Alan !)- puis débouchant sur une intro digne du final époustouflant de « Psychose », nous avons affaire à une expérience hors du commun.

Un début qui casse la baraque et qui a de la gueule. De quoi se rendre dingue et parano !

Si le début tonitruant fait davantage penser à un drame, l'on bascule vite fait dans un thriller pseudo-érotique. L'on passe ainsi du film de genre à un banal film comiquo-horrible, à la limite du dérangeant.

Et pourtant, partant sur des bonnes bases dramatiques (une épouse infidèle invitée à un anniversaire de mariage par son mari dentiste qui se découvre cocu) écrites par Stuart Gordon -réalisateur culte des 80's et des 90's : « Re-Animator », « Fortress », « Dagon »...-, Dennis Paoli -compagnon de route de Stuart Gordon- et Charles Finch -réalisateur, scénariste et acteur pour « Never ever »-, on arrive à une folie meurtrière non rédemptrice et qui n'a pour seul effet que d'assister à des provocations sadomasochistes qui n'ont pour seul but que de nous divertir. Dommage car la mise en scène pouvait aller de l'avant et non pas se casser les dents platement et chichement.


Le réalisateur des opus deux et trois de la saga « Re-Animator » continue sur sa lancée de l'horreur et de la science-fiction et c'est avec un plaisir enfantin que l'on suit la folie destructrice de ce docteur incarné à la perfection par Corbin Bernsen (adepte des séries telles « La loi de Los Angeles » ou « Psych », il a fait quelques apparitions au cinéma pour Wolfgang Petersen et Shane Black, notamment), au charisme fou, qui maintient la tension à son comble pendant toute la durée du film, et ce grâce à la perfection -dentaire !- de son jeu, brut et bestial à souhait.

Pourtant loin d'une Sharon Stone de « Basic instinct », ce docteur, qui vit une descente en enfer chaotique et violente, a tout l'air d'un fou sorti d'un asile psychiatrique.

Les pulsions sadiques et sulfureuses de ce dentiste-charcutier s'avèrent davantage autodestructrices et n'avisent le spectateur que sur du voyeurisme pur et dur. De quoi devenir furieusement dentophobe.


Finalement, le scénariste des « Portes de l'au-delà », de « Chérie, j'ai rétréci les gosses » et le producteur de « Crying freeman » signe un petit film d'horreur, à petit budget sans nul doute, qui doit grandement à l'interprétation de Corbin Bernsen (assisté en tant que second couteau du regretté Earl Boen -inoubliable psy de Linda Hamilton dans les trois premiers « Terminator »- et de la très jolie Linda Hoffman -qui a joué pour John Woo et ses fameux miroirs durant ses deux années de carrière !) et à sa caméra certes virevoltante mais qui a du mal à donner de la profondeur à cette série B tournée comme le téléfilm du samedi soir.


« Le Dentiste », sorti directement à la télévision américaine en 1996 sur HBO, qui a tout du film d'horreur culte des années 1980 n'en possède ni la profondeur ni la noirceur : dommage, ça peut faire grincer des dents... .

Le « Re-Animator » du pauvre. Vraiment dommage... lorsque l'on sait que Yuzna a été l'instigateur de ce projet avec Stuart Gordon (!) et qu'il est devenu l'un de ses amis de longue date (!!).

Un petit film artisanal fabriqué par le mécanicien Brian Yuzna (« Le retour des morts-vivants 3 », « Faust », « Rottweiler »...) qui manque de mordant mais qui possède l'atout divertissement.


A noter : la présence de Mark Ruffalo, alors à ses débuts, fort reconnaissable dans un mini-rôle.

S'il est aujourd'hui reconnu à l'international depuis le succès fracassant du fincherien « Zodiac », on l'a également vu à la tête du scorsesien « Shutter island », dans la saga « Avengers », « Spotlight » ou « Foxcatcher ».


Spectateurs, si vous êtes furieux et que vous avez besoin d'aller chez le dentiste, passez tout de suite un coup de téléphone au spécialiste de l'horreur américain Brian Yuzna !

brunodinah
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le 28 mars 2023

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