Voilà probablement l'oeuvre la plus réussi d'Eisenstein avec Octobre. Il s'agit du second film du jeune réalisateur né en 1898. Comme son premier long-métrage, le prodige russe nous sert un film politique et propagandiste. Mais il le fait avec brio. Une fois de plus, il s'agit d'un film de commande chargé de donner une bonne image du communisme.
Une fois encore, on y trouve une dénonciation du système du Tsar qui favorise l'élite. Toujours cette critique donc de l'armée (par la nourriture qui est servie par exemple. Les officiers qui nient le fait que la viande soit périmée), des bourgeois (les gens qui rendent hommage au marin, un bourgeois est parmi eux et critique le mort, celui-ci sera battu par la foule), de la religion (le curé est un personnage que l'on rend ridicule via sa coiffure. D'autant plus qu'il ressemble plus à une forme de diable qu'autre chose). En gros, l'oeuvre met en avant le régime inégalitaire du Tsar et la meilleure solution pour les gens seraient de s'unir et de faire confiance au communisme.
Le gros problème avec Sergei M. Eisenstein, c'est qu'il est un excellent réalisateur (probablement le meilleur que la Russie a connu), mais qu'il n'a fait quasiment que des films de commande et qu'il est, au fond, une sorte de réalisateur politique. A cause de cela, il perd un peu de crédibilité auprès des yeux de certains spectateurs.
Car il faut bien reconnaître que cette oeuvre est probablement l'une des meilleurs d'Eisenstein au niveau de la réalisation. Toutes les personnes qui se disent aimer le cinéma doivent au moins connaître la fameuse scène des escaliers (reprise par Brian DePalma dans Les incorruptibles ou bien Terry Gilliam y fait également une référence dans Brazil). Cette scène est grandiose et dure près de six minutes. Tout y est poussé à l'exagération avec les visages très expressifs notamment celui de la mère qui pleure la perte du landau. On y voit également la cruauté des soldats. Encore une façon de montrer que tout ce qui appartient au Tsar n'est pas une bonne chose. Un maniement de la caméra parfait, sans oublier la musique qui accompagne l'ensemble du film et qui accentue encore plus la qualité d'ensemble. Outre la scène d'escalier, Eisenstein reste fidèle à lui-même, c'est-à-dire grandiose avec des plans parfois incroyable (le moment où toutes les personnes se rassemblent pour rendre une dernier hommage au marin est assez impressionnant puisqu'ils sont des milliers). A noter que le réalisateur opte encore pour le montage parallèle. Technique qu'il avait déjà utilisée pour La grève. Eisenstein se révèle être un as pour monter des films.
A noter que tous les acteurs sont des amateurs. Le réalisateur russe a fait appel aux habitants d'Odessa ainsi qu'au marin de cette même ville. Eisenstein fera d'ailleurs une apparition dans le film. Il fera également appel à sa mère. Et son collègue Grigori Alexandrov possède également un petit rôle. Il faut souligner qu'Eisenstein a réalisé ce film avec Alexandrov. Au total, Sergei Eisenstein réalisera sept films avec d'autres réalisateurs.
Le cuirassé Potemkine est un chef-d'oeuvre sans aucun doutes. Maîtrise totale de la part d'un jeune réalisateur qui marquera de son empreinte le cinéma mondial à tout jamais...

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le 6 mai 2011

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batman1985

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