Mine de rien, si l'on ne prend pas en compte les quelques adaptations TV, "Le Crime de l'Orient Express" de Kenneth Brannagh est seulement la deuxième version cinématographique du célèbre roman d'Agatha Christie sur grand écran après le film de Sidney Lumet de 1974. Pourtant, peut-être est-ce dû au fait que le roman ou le précédent long-métrage sont ancrés profondément dans la culture populaire, cette histoire semble tellement connue qu'elle donne l'impression que l'on en connaît déjà tous les tenants et aboutissants par avance, si bien qu'on ne voit pas trop ce qu'une relecture contemporaine peut vraiment y apporter sinon de la faire découvrir à une nouvelle génération et donner de bons souvenirs aux plus anciennes.
Kenneth Brannagh reprend donc le principe du film de 1974 et offre tous les rôles des passagers du train à un parterre de stars (Daisy Ridley, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe, Judy Dench, Olivia Coleman, Josh Gad, ...) tout en s'octroyant le rôle-titre du détective belge Hercule Poirot.
Alors, qu'en dire ? À part quelques petites variations sur les personnages, ce "Crime de l'Orient Express" made in 2017 est une adaptation classique et efficace.
Les connaisseurs de cette histoire inspirée à la fois du kidnapping de l'enfant de Charles Lindbergh et de l'incident en 1929 d'un train luxueux bloqué par le blizzard en Turquie ne seront nullement dépaysés et l'embarquement dans le wagon du crime ne sera pas si désagréable, les néophytes, eux, y trouveront une manière plutôt réussie de découvrir le roman par cette voie (ferroviaire... pardon).
Néanmoins, si chaque acteur a son moment pour briller en solo lors des fameux interrogatoires de Poirot, les scènes en groupe se révèlent, elles, beaucoup moins réussies, notamment sur le climat de suspicion censé s'installer entre les passagers que Brannagh semble un peu oublier en cours de route, préférant avant tout se concentrer sur le déroulement de l'enquête et tout donner dans l'acte final.
Brillamment mise en scène (quoique Brannagh paraît adorer se filmer en gros plan), cette dernière partie bien pensée justifie à elle seule le sens de cette adaptation et permet (enfin) de donner une véritable osmose à tout ce groupe de fabuleux acteurs.
On ne criera pas à une oeuvre indispensable mais cette relecture a suffisamment de tenue et de respect envers son matériau d'origine pour en faire un visionnage plutôt plaisant.