J’aime beaucoup Mario Bava, pas seulement parce qu’il m’inspire des titres de plus en plus capillotractés à chaque film, mais surtout pour le plaisir que j’ai à porter aux nues son talent à livrer des œuvres toujours parfaites d’un point de vue formel.

Et dans « Le corps et le fouet », il ne trahi pas sa réputation, que ce soit pour les décors, les lumières ou les jeux de couleurs.

Un château comme on se l’imagine pour toute histoire fantastique, avec ses armures dans les couloirs et ses passages secrets dans les cheminées (les châtelains m’expliqueront comment ils s’en dépatouillent quand l’hiver arrive), tout en ombres inquiétantes quand des rais de lumière viennent habilement souligner le jeu des acteurs, mettant en avant tout air inquiet ou regard effaré. Et que dire de cette image tour à tour nimbée de rouge, de vert, qui rappelle obligatoirement à qui l’a vu le boulot accomplit par Argento quelques quatorze années plus tard sur Suspiria.

Tout ça c’est très bien, pour sûr. Courbette m’sieur Bava, z’aviez pas l’œil dans votre poche ! Ce qui d’un point d’un vue strictement médical serait au demeurant fort inquiétant. Mais c’est ailleurs que le bât blesse, presque partout ailleurs en fait.

Je veux bien admettre que d’évoquer une passion sado-maso en 1963 soit assez culotté, de plus les scènes ou le fouet entre en action sont assez explicites, certes. Mais ce sont bien là les seuls moments, deux courts moments, un peu folichon de tout le film !
Personnellement, j’ai trouvé que tout ceci se traînait méchamment du fion comme on dit chez toi, et pour un film d’une si courte durée, c'est ballot de chez ballot. Hormis les scènes sus-mentionnées, il ne se passe rien, à chaque « apparition » du spectre Lee, tous nos personnages farfouillent à droite à gauche histoire de bien être séparés et de se faire buter les uns après les autres, sauf que c’est lent, on ne voit rien des crimes et très franchement, on s’en tartine.

A côté de ça, je trouve le film desservi par sa distribution. Bien sur Christopher Lee est toujours charismatique – que voulez-vous, y’a des gens comme ça – en Kurt « Kourrrt » Menliff, et Daliah Lavi fait ce pour quoi elle est payée : la jolie fille effrayée et fouettée. A noter qu’il est assez remarquable qu’elle puisse encore exprimer des émotions lorsque l’on voit les 10 cm d’épaisseur de maquillage sous lesquels elle est enfouie et les balais brosse qu’elle se coltine en guise de faux-cils !
Les autres sont franchement nazes par contre, Tony Kendall en tête avec ses jeux de regards ahurissant de nullité. Le valet, connard boiteux de service, en fait des caisses et le reste de la distribution féminine se contente d’avoir tout du long, l’air soucieux pour l’une, aigri pour l’autre. Dans tout ça je ne vous ai même pas parlé du père et... Ben j'en ai même pas envie.

Alors est-ce qu’une image à tomber (en pâmoison) sauve un film d’une ambiance à tomber (en léthargie) ? Un tout p'tit peu, c'est surement ça qui m'a tenue éloignée des bras de Morphée (ça ou mes 47 cafés quotidien).J’hésitais même à monter jusqu’à six pour le propos osé du film. Puis je me suis rappelé cette BO insipide… Jouée au piano par une actrice qui ne fait même pas l'effort de déplacer ses mains sur le clavier pour donner l'illusion...

Un comble que ce film vous file tout sauf un coup de fouet finalement.
Pravda
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le 12 janv. 2015

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Pravda

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