Vraiment pas fan de ce remake, qui a beaucoup moins bien vieilli que son prédécesseur (son inégal, effets spéciaux et montage assez kitsch...), pourtant plus vieux de vingt-deux ans.


Friedkin a une approche très américaine du sujet, privilégiant le spectaculaire (présentation pétaradante et sanglante des quatre héros, comme si ça apportait quoi que ce soit à l'affaire) au subtil. C'est peut-être plus proche du roman que la première lecture qu'en avait fait Clouzot (je n'en sais rien, je ne l'ai pas lu), mais vingt-quatre heures après avoir vu l'original, j'ai eu l'impression d'en regarder une version dépouillée de toute la dimension psychologique qui rendait les relations entre ces quatre routiers et leurs émotions si fortes dans Le salaire de la peur.
Par exemple, le personnage incarné par Charles Vanel dans la version de Clouzot commence par inquiéter par sa violence sourde, puis il amuse par sa lâcheté qui affleure progressivement avant de virer à la trouille totale et assez compréhensible, pour enfin émouvoir dans son amitié virile avec Montand le temps de quelques heures d'agonie. Là, le schéma pour le même personnage est : "On le voit tuer quelqu'un sans un mot / Il a un moment de panique sorti de nulle part / Il meurt rapidement aux côtés d'un mec qui n'a aucune raison de le pleurer puisqu'ils ne se sont rien dit de tout le film."


Sans compter que pas une seule scène d'action ne m'a procuré le dixième de la tension suffocante que fait naître plusieurs fois l'original et que la toute fin est ici bêtement prévisible et assez facile alors qu'elle est si émouvante chez Clouzot dans son côté manège absurde et tragique.


Nan, décidément, pas glop.

AlexandreAgnes
2
Écrit par

Créée

le 25 juin 2016

Critique lue 714 fois

4 j'aime

Alex

Écrit par

Critique lue 714 fois

4

D'autres avis sur Le Convoi de la peur

Le Convoi de la peur
Gand-Alf
10

L'enfer vert.

Dédié au cinéaste Henri-Georges Clouzot, "Sorcerer" est en effet un remake de son film "Le salaire de la peur", ou plutôt une seconde adaptation du roman de Georges Arnaud. Souhaitant au départ...

le 18 janv. 2015

66 j'aime

Le Convoi de la peur
DjeeVanCleef
9

Le cas des espérés

À plat sur la toile, Roy promène son regard halluciné comme s'il voulait capturer les éclairs d'électricité qui dansent autour de lui. Je sentais que la fin du film approchait et j'aurais bien pu...

le 25 févr. 2016

54 j'aime

6

Le Convoi de la peur
ltschaffer
10

Voyage au bout du Styx

A l'occasion de la ressortie de Sorcerer par La Rabbia, j'en profite pour remettre à jour une ancienne critique de cette version restaurée, rédigée alors qu'elle avait été présentée à la Cinémathèque...

le 29 oct. 2012

54 j'aime

7

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

53 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

48 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime