Le Château ambulant
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Le Château ambulant

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2004)

Comme j'avais pu le faire pour Mononoke, il faut commencer par évacuer l'évidence : c'est un film de Miyazaki, ce qui implique une certaine perfection technique. Le dessin est somptueux, l'animation sans reproche, et la musique qui l'accompagne toujours juste. Je pourrais parler de ce chien terriblement expressif, de ce château steampunk complètement grotesque et magistralement animé, des scènes de foules parfaitement traitées, sans pour autant effleurer la qualité de cet oeuvre. Il me semble également important de souligner la majestuosité (si je veux) des décors montagnards, beaux, poétiques, touchants.
C'était l'évidence, après Chihiro et avant Mononoke, le maître japonais de l'animation est au sommet de sa carrière et de son talent.
Mais la forme ne fait pas tout, même si mes yeux et mes oreilles se sont vraiment réjouies de ce spectacle.
Le fond est un peu décevant ; c'est souvent le cas quand l'attente est grande, que l'animation est aussi belle, mais je me suis surpris à trouver tout ça un peu creux.
Le message antimilitariste est donnée avec une certaine subtilité, surtout au début. La scène de Sophie avec les deux gardes, lors de la parade, ne dure pas une minute, ne dénonce rien, laisse tout à la réflexion. À la rigueur, je suis sûr que des enfants ne se rendront pas compte de la violence impliquée dans ce dialogue. La montée en puissance de la guerre à venir est très bien traitée, en arrière-plan avec des personnages avec des personnages discutant entre eux. Après... Rien. On a bien quelques scènes d'émotions autour du vapeur rentrant au port ou des civils fuyant la ville, quelques scènes de bombardements ou de combats aériens, mais on ne voit pas vraiment la guerre. À la rigueur, les créatures liquides semblent bien plus menaçantes que les bombes...
La galerie de personnages est assez émouvante, depuis les sidekicks qui nous tirent souvent un sourire, et parfois une véritable émotion (l'épouvantail, le chien ou Calcifer), en passant par la sorcière plus ou moins repentie, pour finir sur les deux protagonistes, Sophie et Hauru.
L'introduction de ce dernier, en deux scènes, nous montre un homme attentionné, chevaleresque, aimable ; ça n'est pas comme ça que j'aime mes héros, et surtout pas chez Miyasaki. Il a bien un côté obscur, mais ce dernier est traité avec trop de légèreté pour nous montrer un personnage ambivalent.
Sophie, de son côté, n'a aucun côté obscure, aucune défaillance (à part très ponctuellement, en voyant Hauru fondre de désespoir), mais je n'arrive pas à voir en elle autre chose qu'une mère de famille idéalisée. Son intelligence, son courage n'est jamais mis à son service à elle, mais à celui de ceux qu'elle a adoptés. C'est noble, mais ça ne fait pas d'elle une héroïne intéressante.


Bon. On dira que je minaude parce que j'en attendais énormément, et c'est vrai ; la romance est traitée de manière convenable, jamais mièvre, et si la fin est prévisible on n'a jamais le temps de s'ennuyer durant les deux heures du film.

Pierre_Marot
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le 9 janv. 2015

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Pierre Marot

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