Le Château ambulant
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Le Château ambulant

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2004)

Que dire de cet animé ? Cela faisait plus d'une dizaine d'années que je ne l'avais pas vu, et d'un souvenir lointain d'un animé à la fois extravagant et intime, j'en ressort éblouie. Oui, éblouie, car cet animé est pour moi une ode à la vie, à l'amour, à la poésie.


Portée par une musique magistrale, Myazaki nous plonge dans l'histoire de Sophie.
Sophie, une jeune chapelière à la beauté banale, menant une vie sans excès ni frasques.
Sophie, semblant, malgré son jeune âge, privée de rêves et d'illusions.
Mais le destin en aura décidé autrement: sa vie va être bouleversée par deux rencontres: celle de l'amour, avec Hauru, et celle de la haine, avec la sorcière des Landes.


De ce départ Myazaki va nous sortir sa plume, pour nous délivrer ses plus beaux vers.


C'est que Sophie a du boulot. Hauru va mal. Très mal.
Fait de tôles et de recoins biscornus, en proie aux poussières, toiles d'araignées et nombreuses moisissures, l'âme d'Hauru semble comme laissé à l'abandon. A de multiples endroits, sous de multiples faux noms, Hauru se cache, s'y perds - qui est-il vraiment ? Lui-même ne sait plus.
Le château ambulant n'est autre qu'une âme vagabonde, un esprit déchu.


Seul résiste tant bien que mal son cœur – du nom de Calcifer – qui tient la baraque comme il peut. Colérique, grincheux, égoïste, mais finalement se dévoilant affectif, d'une timidité extrême et incroyablement vulnérable - car frôlant la mort à plusieurs reprises.


En proie aux démons qui le pourchassent, à la guerre qui le tiraille, au maléfice qui le consume, la chute d'Hauru vers les ténèbres semblent irrémédiable.


C'est là qu'intervient Sophie. Sophie nettoie, récure en profondeur, mais cela ne suffit pas. Le mal semble être partout, frappe à toutes les portes, jusqu'au jardin secret d'Hauru – endroit qui était jusqu'alors préservé.
Que faire alors ? Sophie l'a vite compris. C'est au cœur même qu'il faut s'attaquer. En l'empoignant fermement, elle espère ainsi tout reconstruire. Mais de nouveau celui-ci risque d'être dévoré à jamais – qui plus est par une femme également tourmenté par ses vices. Mais Myazaki n'est pas en reste, c'est l'amour qui triomphera du mal. Et c'est en réintégrant son cœur qu'elle réanime l'âme d'Hauru.


Car finalement, c'est bien ce cela dont l'animé parle : d'amour, de vie, de renaissance, face à la haine et à la laideur du monde.
Myazaki dépeint la laideur de l'âme humaine, tourmentée par ses vices : vices de pouvoir (madame Suliman), de beauté éternelle (Hauru, la sorcière des Landes). Le Mal est là, partout, veut envenimer nos âmes, à chaque instant. Peut-on s'en protéger ? Peut-on éviter qu'il s'insinue en nous ? Avons nous réellement le choix ?
Face à la haine, Myazaki lui riposte par l'amour. L'amour des autres, l'amour de soi. Sophie accepte sa vieillisse et se laisse porté par son amour ; et ce n'est autre que sa beauté intérieure qui s'exprime par ses traits juvéniles et ainsi nous illumine de toutes parts.


A travers cet animé Myazaki nous jette un formidable sort: celui de croire encore en la beauté humaine.
Et loin de moi l'envie de sortir de son sortilège.

CamLavs
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le 9 oct. 2021

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