Après l'essoufflement – prévisible compte-tenu de sa sur-exploitation – de la saga des Shrek, le studio Dreamworks décide logiquement de s'attarder plus longuement sur son meilleur protagoniste – et probablement un des meilleurs personnages de ces-dernières années : le Chat Potté. Latin Lover félin porté sur l'herbe à chat, dont le regard en aura hypnotisé plus d'un. En raison du tempérament de l'individu – il n'est pas franchement aussi casanier qu'un Shrek – nous pouvions nous attendre à un film au rythme enlevé, saupoudré de saveurs hispaniques. La bande-annonce attisait toutes nos envies.

Et s'il y a bien une chose à reconnaître, c'est que Le Chat Potté commence extrêmement bien. Presque trop, un peu comme si l'ensemble se voyait ensuite condamné à retomber comme un soufflé. Tandis que nous découvrons l'environnement félin de notre ami, nous pouvons l'admirer d'entrée dans ses œuvres. Première scène hilarante qui résume le personnage : rusé, agile, et séducteur. La suite s'avère dans le même registre, dans un Mexique de carnaval aux notes chaudes dont l'ambiance enivre le spectateur, tandis que le réalisateur s'applique à trouver un compromis entre la mexploitation tendance Robert Rodriguez et le western à l'italienne (avec de l'humour en prime). Et le pire, c'est qu'il y arrive. A l'écran, le résultat est juste sublime ; les scènes débordent d'inventivité et de dynamisme, pour connaitre leur apogée lors d'une lutte de danse effrénée dans une cantina peuplée de chats. Franchement, nous nous disons alors que, si ce film arrive à maintenir le même niveau d'exigence, nous tenons le meilleur film d'animation depuis plusieurs années.
Mais comme souvent, cela ne dure pas...

Le rythme retombe un peu lorsque, au bout d'un quart d'heure, le héros décide de nous raconter son enfance. Pourquoi pas, dans le fond, car son récit dévoile une tendresse rafraichissante dans ses moments les plus poétiques.
Non, c'est ensuite que cela se gâte, lorsque les personnages partent dans une quête dont les enjeux peinent un peu à intéresser. Surtout, adieu les guitares andalouses et l'atmosphère endiablée, bonjour les environnements plus insipides et la copie de Disney, pour un passage relativement long censé représenter le cœur du film. Il faut attendre une seconde scène de danse, toujours magnifiquement mise en image, pour retrouver l'identité graphique et acoustique qui avait permis tant de merveilles au début du long-métrage.

Et ainsi de suite : Le Chat Potté a beau réussir à proposer un des éléments les plus difficiles à générer dans un film – une identité – délicate alchimie entre des décors, de la musique, et un inexplicable je-ne-sais-quoi, celle-ci se trouve presque totalement éclipsée une fois la longue introduction passée. Et c'est forcément dommage. Le scénario n'est pas mauvais en lui-même, mais il manque cette magie, cette ambiance envoutante, et cette façon de détourner les codes du cinéma pour les appliquer à des chats qui font pourtant toute la puissance du premier quart d'heure du Chat Potté.
En soi, le film est bon. Divertissant, agréable à suivre malgré une légère baisse de régime vers la fin. Mais à la vue des quelques passages sublimes qu'il arrive à offrir au spectateur, impossible de ne pas trouver qu'il est tout-de-même passé à côté de son sujet. Il aurait pu nous donner tellement plus si son traitement avait été plus soigné sur toute sa longueur.
Ninesisters
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le 4 mars 2012

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Ninesisters

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