Le Cercle des poètes disparus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

A la rentrée scolaire de 1959 des étudiants de bonnes familles, à l'avenir très prometteur, intègrent l'une des plus huppées et prestigieuses écoles d'Amérique à Welton, ville de l'"Ilinois".C'est alors que les jeunes gens vont faire la connaissance de John Keating, un professeur de Lettres peu ordinaire. En effet sa méthode consiste à mener ses élèves, par le biais de la poésie, à l'amour de la vie et en apprécier chaque instant. Toutefois, dans ce milieu scolaire très conservateur et respectueux des traditions, cette méthode atypique attire l'attention de certaines personnes qui ne tardent pas à remettre en cause ce style d'enseignement. De plus certains élèves découvrent que leur professeur était lié à une organisation secrète: "Le Cercle des Poètes Disparus" dont la mission avait pour but de "sucer toute la moelle de la vie". Attiré par cette louable théorie, un groupe d'étudiants ressuscite l'organisation et se réunit clandestinement.
Malheureusement l'intolérance va prendre le dessus lorsque l'un des jeunes, malgré la réprobation de ses parents, va montrer au grand jour son engagement dans le Cercle en tenant le premier rôle dans une pièce interprétée par des comédiens amateurs. Son père hors de lui ne lui pardonnera pas, ce qui poussera son fils à mettre fin à ses jours. Après cet évènement, une enquête est diligentée au sein de l'école et Keating est révoqué. Le calme semble alors revenir, toutefois les élèves auront-ils oublié pour autant la théorie de leur professeur de Lettres?


Il est bien certain que ce film de Peter Weir, sorti en 1989, représenta pour une certaine jeunesse de cette époque un symbole de contestation face à un monde d'adultes se complaisant dans ses principes moraux rigides et rétrogrades. A partir de là, la recette était toute trouvée en prenant pour exemple un gentil professeur de Lettres, humain, dévoué à souhait, ayant de plus le courage de se confronter à cette dite société en tentant d'imposer sa méthode toute personnelle et anti- conventionnelle d'éducation. Ce professeur devenait alors pour ces ados ce père qu'ils auraient rêvé d'avoir avec sa méthode douce censée changer les rapports humains entre le monde des adultes et le leur.
De plus, le fait que la résistance de cette jeunesse s'organise sous forme de société secrète au sein d'une des plus grandes écoles américaines donne un coté mystique et provocateur à cette intrigue, ce qui n'était pas pour déplaire aux ados en mal de liberté. Malheureusement, le conservatisme et l'abnégation du maintien des traditions politiques et morales amène toujours son lot de répression et de drames, ce que démontre ce film et cet aspect est assez bien analysé par le réalisateur mais ce le moins bon, c'est son contexte. Nous ne sommes pas auprès de jeunes vivant de graves problèmes d'avenir dû au manque de perspective, à la précarité, au manque de formation et d'éducation . Au contraire nous sommes en compagnie de jeunes privilégiés, futures "gloires de la nation", fréquentant l'une des plus prestigieuses écoles, aptes à analyser et mettre en application la philosophie préconisée par leur enseignant adepte de la poésie et persuadé de pouvoir changer la société grâce à cet art. Cela ressemble à un remède composé de tisanes pour guérir une grave maladie.


Disons que cette œuvre de Peter Weir, bien qu'un peu surfaite, est fort bien construite. Malgré tout elle se classe aisément dans la catégorie des films contestataires gentillets et un peu "guimauve" tel que "Les Choristes". Si l'on a bien du mal à croire à l' efficacité du système éducatif utilisé, cette réalisation a tout de même le mérite de faire sortir de son carcan l'art de la poésie avec une certaine justesse, celle-ci étant restée par son élitisme au stade de la confidentialité dans la littérature et réservée à de trop peu nombreux initiés. Quel dommage...
RobinWilliams se prête avec beaucoup de sincérité et de sobriété à ce rôle du professeur Keating. Il nous adresse une grande bouffée d'émotion qui ne suffit pas à amener un peu de crédibilité à l'intrigue. Les jeunes acteurs, notamment Ethan Hawke, jouent avec beaucoup de naturel et d'enthousiasme leurs rôles de "résistants".


Il reste donc de tout cela un film gentil à l'intrigue originale et parfois émouvante mais dont le message philosophique paraît bien naïf et un peu facile. Si la poésie ou la musique pouvaient arriver à changer le monde, nous n'en serions que plus heureux mais nous sommes à cent lieues d'en être arrivés là.

Grard-Rocher
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le 4 mars 2014

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le 1 avr. 2013

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