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Dernier film d’horreur Netflix par le réalisateur des excellents The Raid 1 et 2, Le Bon Apôtre suit un homme parti délivrer sa soeur des mains d’une secte sur une île paumée au début du XXème siècle, quelque part entre The Village et un roman de Stephen King. Et on ajoutera à cela un côté Silent Hill dans certains designs.


Garreth Evans apporte à Le Bon Apôtre une image léchée et quelques beaux mouvements de caméra, le tout renvoie une atmosphère intéressante et angoissante. Personnellement, j’ai trouvé les scènes de nuit pas toujours très lisibles, mais je chipote un peu. La réalisation et l’image sont en tout cas les points forts du film. On pourra y ajouter l’interprétation, même si j’ai vraiment eu du mal avec celle de Dan Stevens —le rôle principal—, qui a en permanence la tête boudeuse d’un gamin de 5 ans sur le point de piquer une crise.


Malheureusement si Evans est bon derrière la caméra, derrière un stylo c’est pas exactement pareil. Là n’était d’ailleurs pas l’intérêt des The Raid. Au moins avait-il su garder une histoire simple, à même de servir l’action. Mais dans le style horrifique, elle se doit d’être centrale. Et la mayonnaise ne prend pas, pas pour moi. La faute à une série de sous-intrigues pas vraiment utiles, une structure scénaristique alambiquée qui donne un rythme pas toujours top, quelques moments clichés et pas mal d’incohérences.


Quelle est la créature au service de la déesse ?
Si la déesse est attachée, pourquoi se ballade-t-elle la nuit ?
Pourquoi la déesse empoisonne-t-elle l’île ?
Pourquoi est-elle attachée en premier lieu ?
Pourquoi Thomas empêche-t-il l’espion de tuer le prophète ?
Si le prophète sait qu’il y a un toujours un espion, pourquoi ne pas continuer son atelier de récitation de textes sacrés plutôt que d’aller fouiller toutes les chambres ?
Pourquoi avoir creusé un tunnel pour aller dans la maison de la déesse ?


Plus important, je trouve qu’il ne développe pas assez la congrégation dans la première partie du film. Elle m’a semblé superficielle, je n’y ai pas cru. Et c’est crucial pour poser les enjeux et s’attacher aux différents personnages. Celui de Dan Stevens d’ailleurs n’est pas très intéressant, avec son background cliché. Plutôt, le background est correct, même s’il tient en une ligne, mais son flashback est vraiment trop maladroit. Joli, mais pas subtil pour un sou, je m’attendais même à voir apparaître un type gueulant à mes oreilles “SYMBOLIIIIIIIIQUE !”


Ce manque de subtilité, on le retrouve également dans la musique. En soit, elle est plutôt bonne, même si de facture très classique pour un film d’horreur avec ses dissonances habituelles. Mais Garreth Evans en use et en abuse, au volume max, si bien qu’elle devient vite plus pénible qu’autre chose.


Bref, Le Bon Apôtre est un film à l’image et l’ambiance soignées, mais au scénario trop faible pour maintenir mon intérêt. Je passe.

Bastral
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le 20 oct. 2018

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Bastral

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