Last Action Hero nous transporte dans un New York sordide qui se veut réaliste. On y suit Danny, un jeune garçon un peu déboussolé : il habite dans un immeuble craignos, son père est décédé, sa mère essaie tant bien que mal de subvenir à leurs besoins... Pour échapper à sa réalité peu envieuse, il fait l'école buissonnière et se réfugie dans un vieux cinéma sur le point d'être détruit. Son seul ami est Nick, le projectionniste du cinéma. Danny regarde en boucle la série des Jack Slater, des action movies imaginaires clichés dont le l'acteur principal est le très réel Arnold Schwarzenegger, son idole.


Nick a beaucoup d'affection pour Danny. La fascination du jeune homme pour le cinéma lui rappelle son intérêt pour la magie lorsqu'il était jeune. Son héro n'était pas Schwarzy, mais Houdini, et c'est dans le cinéma actuel qu'il a pu assister à une représentation de magie d'Houdini plusieurs dizaines d'années auparavant. Il en a gardé un précieux souvenir : un ticket magique. Il ne l'a jamais utilisé, de peur de découvrir que ce ticket ne marche pas, détruisant son idole par la même occasion. Nick offre le ticket à Danny, en espérant que sa candeur suffise à transformer à ses yeux un simple ticket en un objet magique. Et c'est durant l'avant première de Jack Slater IV dont Danny est l'unique spectateur, qu'il se retrouve transporté à l'intérieur du film. Pendant une bonne partie du film, on suit alors les tribulations de Danny dans Jack Slater IV : il devient le partenaire de Jack Slater malgré ce dernier, tente de lui expliquer qu'il à déjà vu le début du flim, et qu'il sait ce qui va se passer. Mais Jack ne le croit pas, ce qui amène beaucoup de situations amusantes où Danny apporte des preuves qui ont un sens pour nous, spectateurs, mais pas pour des personnages du film.
Jack Slater IV se poursuit tel un buddy movie classique, et c'est presque à la fin de celui ci que Benedict -le méchant principal- utilise le ticket qu'il avait dérobé à Danny, et se retrouve dans le New York 'réel', poursuivi par Danny et Jack. Les deux personnages de films se rendent compte que la réalité est bien plus dure que le film d'où ils viennent : prostitution et meurtre peuvent avoir lieu dans une rue fréquentée, et personne n'interviendra ou n'appellera la police. Benedict parvient à faire venir de Jack Slater III l'ennemi juré de Jack qui tua son fils. Finalement, Jack terrasse ses ennemis et est ramené dans son film d'origine.


Last Action Hero pourrait passer pour un simple action/buddy movie pour enfant, qui vit le rêve d'être transporté dans son film préféré. Il est bien plus que cela : il est une ode au cinéma.
D'un part, le film est bourré de clins d’œils à d'autres films comme Die Hard (de McTiernan également), Terminator II (Schwarzy qui s'allie avec un gamin rebelle, ça me rappelle quelque chose...), jusqu'à devenir une satire de l'industrie cinématographique lorsque Arnold Braunschweiger, pardon, Arnold Schwarzenegger critique les journalistes ou propose un job minable dans un centre commercial à sa 'doublure'. Danny montre également la pauvreté de la plupart des films d'actions qui reposent souvent sur les mêmes éléments scénaristiques, et qu'un acteur de film d'actions pourrait être remplacé par un autre (au hasard Schwarzy par Stalone).


D'autre part, il est une mise en abyme du cinéma, dont le but est de faire ressentir sa puissance évocatrice. Nick est presque une allégorie de son cinéma : nous ne le connaissons qu'au travers de son travail de projectionniste, et la seule histoire de son enfance qu'il partage avait également lieu dans ce cinéma. Il a grandi avec lui, et partira avec lui. Il est alors tout à fait normal de relier sa passion pour la magie avec l'art cinématographique. Le ticket magique n'est que la projection de n'importe quel ticket que l'on achète lorsque nous allons voir un film : celui ci nous transporte dans un autre monde. On y oublie nos soucis, tout est plus facile : en tant que spectateur, nous avons souvent un rôle omniscient comparé à celui des personnages et anticipons certaines de leurs aventures, exactement comme Danny. Le retour à la réalité est toujours nécessaire (Danny abandonne Jack dans son film pour revenir à son monde), et peut être un choc. Même une fois en dehors de la salle, le cinéma a un impact sur le monde représenté par la traversée des personnages dans New York. Le film est assez grossier sur ce point en faisant preuve de manichéisme : le Bien et le Mal se battent également dans la réalité telles les mains de Robert Mitchum dans La Nuit du Chasseur; mais il daigne briser le 4ème mur pour parler de ce qu'il est vraiment.


Comme d'autres œuvres d'art (je pense aux Aventures d'Astérix le Gaulois), ce film a plusieurs niveaux de lecture. Il nous divertit et nous fait rêver lorsque nous sommes enfants, et nous fait réfléchir lorsque nous sommes adultes. A voir, ou à revoir !

Meleas
8
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le 6 déc. 2015

Critique lue 603 fois

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Meleas

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