Ann Hamilton, une brillante chimiste et vieille fille en devenir, s'amourache et épouse le jeune et richissime inventeur du système de téléguidage Alan Garroway et quitte du jour au lendemain son cocon familial pour aller s'installer avec lui à Washington dans leur fastueuse demeure. Mais passé l'idylle des premiers jours, la romance s'étiole peu à peu et s’égrène à mesure que le souvenir du frère d'Alan, Mike Garroway, tel un fantôme et une ombre surgis d'un lointain passé qu'elle n'a pas connu, s'immisce au sein de leur couple. Et malgré tout le mal qu'elle entendra de lui de la bouche son mari, elle ne pourra s'empêcher de leur découvrir des atomes crochus, et cèdera irrémédiablement au mystère et au charme du frère absent... Et ainsi naitra la discorde.

Méfiez vous de l'eau qui dort et de l'apparente quiétude des eaux de surface, semble nous dire Minnelli, c'est au plus profond des choses qu'est tapi le mal. Mais, hormis quelques rares scènes assez convaincantes, faisant toujours intervenir un Mitchum mélancolique et gentleman, rien dans son film ne vient étayer son propos sans verser dans la complaisance et l’invraisemblance (on savait Minnelli un spécialiste reconnu et loué du mélange de genre, on découvre ici le revers de la médaille : Minnelli mélangeait tout ce qui lui passait par la main, même les adjectifs les plus péjoratifs). On ne saurait vraiment dire s'il s'agit d'un thriller, d'un mélodrame psychologique ou d'une satire matrimoniale, si bien qu'en voulant être tout cela à la fois, Undercurrent pêche par orgueil et n'est ni l'un ni l'autre.

Mais on ne pourra pas reprocher à Minnelli cette petite bévue. Après tout, on ne reprocha pas à Wilko ses tentatives hasardeuses de drop qui firent pourtant sa légende et donnèrent à l'Angleterre l'unique Coupe du Monde de son histoire. De la même manière on ne reprochera pas à Minnelli d'avoir mal utilisée les armes qui firent sa renommée et feront notre régal les années suivantes. Surtout qu'il n'aurait fallu que quelques petites modifications au film pour faire de sa première incursion dans le drame, une vraie réussite. Comme par exemple de ne pas tout miser sur le contre-emploi de ses deux vedettes masculines (si Mitchum s'en sort honorablement en homme effacé et doux, on l'aurait d'avantage imaginé dans le costume de l'assassin manipulateur d'Alan Garroway, dans lequel Taylor n'est clairement pas à son aise) et d'abandonner sa mise en scène encore un peu trop théâtral pour une atmosphère claustrophobe et une ambiance au cordeau comme savaient les ménager Hitchcock ou Fritz Lang.
blig
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le 29 déc. 2014

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