Lors de ses jeunes années, la famille du réalisateur Fabien Gorgeart a accueilli un enfant de ses 18 mois à ses 6 ans. Pour son second long-métrage, il se base sur son expérience pour évoquer un cas similaire. Dans le film, le petit garçon qu'accueillent Mélanie Thierry et Lyes Salem a vécu le même laps de temps chez eux, avant qu'un parent ne souhaite le reprendre sous son aile. Soit le père de l'enfant (Félix Moati) autrefois incapable de l'élever suite à la mort de sa femme, ainsi que la dépression qui a suivi, encore palpable lors de certaines scènes.


Gorgeart ne fait pas dans le manichéisme, montrant des personnages avant tout humains dans une situation difficile. Un peu comme un enfant qui part du cocon familial, voir partir un enfant placé durant très longtemps amène son lot de difficultés. L'enfant fait désormais partie des meubles et il sera difficile pour tout le monde de le voir s'en aller du jour au lendemain, même si c'est inévitable. D'où des erreurs et des conflits qui vont droit vers une conclusion terrible. De même, le père n'est pas le méchant de l'histoire. C'est avant tout un homme fragile dont l'épanouissement personnel peut aussi arriver avec son enfant à ses côtés.


Il y a des problèmes venant des deux partis, mais ils apparaissent logiques au vue de la situation. Malgré toutes les bonnes intentions, on ne peut pas empêcher un enfant de dire maman ou papa à ses parents d'accueil, il le fera de lui-même. Idem pour aller vers son parent plutôt que sa famille d'accueil. Cela peut prendre du temps et amener son lot de frustrations. Gorgeart explore donc un sujet épineux où l'enfant peut rapidement devenir un dommage collatéral et un enjeu majeur. La vraie famille est un film aussi beau que triste à l'image de sa conclusion.


Mélanie Thierry trouve un rôle d'anthologie avec cette maman prise par un trop plein d'émotions. Lyes Salem est parfait en médiateur, essayant de sauver les meubles plus d'une fois. Félix Moati est sans cesse sur la corde raide, à deux doigts de plonger, ce qui correspond bien au rôle. Puis il y a les enfants qui sont d'un naturel incroyable et emportent le tout (Gabriel Pavie, Basile Violette et Idriss Laurentin-Khelifi). Fabien Gorgeart signe un film d'une grande justesse et incroyable d'émotions sur un sujet complexe.

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le 25 févr. 2022

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