Rêver ses rêves ou vivre sa vie

Bienvenue dans la vie de Walter Mitty (Ben Stiller) humble responsable des négatifs au sein du célèbre magazine LIFE. Mitty c'est l'archétype de l'honnête citoyen : consciencieux, tendre, attachant, aux valeurs irréprochables, seulement voilà, Mitty est rêveur, tellement qu'il en oublie de vivre et décide de s'évader dans son imaginaire, dans lequel il se change tantôt en super héros tantôt en aventurier romantique italien, pour n'être au final qu'un simple employé trop timide pour aborder une jolie collègue autrement que via les réseaux sociaux.
Mitty vit sa vie par procuration, à travers les photos que lui envoie régulièrement Sean O'Connel, l'aventurier, le téméraire, le charismatique photographe du magazine (joué par le crédible Sean Penn).
Walter Mitty va être amené, pour éviter son licenciement (LIFE devient LIFE Online, webzine qui ne laissera que peu de place aux petits artisans de l'info), à retrouver le négatif manquant qu'O'Connel lui a envoyé pour figurer en couverture de la dernière édition papier du magazine.
Cette poursuite à la photo perdue va se transformer en réelle aventure épique a travers les océans et les continents pour Mitty, qui finira par vivre son rêve plutôt que de rêver sa vie.

Ben Stiller signe là un remake du film de Norman Z. McLeod sorti en 1947, et nous propose une version de ce “FeelGood Movie"très efficace.
Il se promène dans son film et il a cette aisance déconcertante à savoir se mettre en scène dans un registre qu'il affectionne particulierement : le rôle du Looser attachant.On passe du fou rire (la séquence parodique du Benjamin Button de Fincher est à se plier en quatre) à l'aventure dans un rythme efficace.
Les personnages atypiques que Mitty rencontre tout au long de son odyssée sont autant drôles qu'attachants (la scène du pilote d'hélicoptère ivrogne et accro au Karaoké est d'un surréalisme hilarant).
Stiller nous offre une petite pépite sans prétention (malgré des effets spéciaux impressionnants) qui n'a pour but que de booster nos vies, et ça marche, avec les panoramas inédits et époustouflants de l'Islande et du Groenland comme arguments le tout offert avec une photographie magnifique !
Un autre aspect intéressant abordé par Ben Stiller, c'est la transition médiatique que nous sommes en train de vivre : le passage du papier au webzine (ironie dites vous ?), de l'argentique au numérique… de la vraie vie à Facebook… Bon ce point n'est pas plus approfondi que ça dans le film, mais il ouvre une piste de réflexion intéressante : le plus important est-il de prendre la photo ou de savoir vivre l'instant sans risquer de le gâcher en la prenant ? (Question pour le Bac Philo 2014 ?)
Le titre de ce film porte le nom de son héros, et c'est n'est pas anodin, puis qu'il est a son image : il ne marquera pas l'histoire et pourtant il a ce pouvoir de nous faire rêver en toute simplicité.