Hommage

Alors, ces paysages gris et brumeux, ça ne paie pas de mine
Mais ça s’accorde très bien avec tous ces villages en ruines
Et même deux ans après, aucun arbre n’a repoussé
Paysage lunaire de ce qui furent les tranchées

Oui, mon colon, celle que j’préfère,
C’est la guerre de 14-18

Bien sûr il y a les morts qu’on s’évertue à rechercher
Même si ça arrang’rait bien certains de ne pas trop en trouver
Alors on prend un inconnu que l’on va couvrir de lauriers
Et qui jouera le rôle de l’arbre qui cache la forêt

Oui, mon colon, elle fut sympa
Cette guerre de 14-18

Bien sûr, les morts, on en trouve, mais faut encore savoir qui c’est
Au milieu des avis de recherches des mères ou bien des fiancées
L’commandant a un sale boulot, sa hiérarchie n’peut le supporter
Faut dire qu’il se bat trop fort pour la mémoire des sacrifiés

Oui, mon colon, elle en a tué
La guerre de 14-18

Et qu’est-ce qu’on peut bien faire de tous ceux qui sont rentrés
Ils ne sont pas beaux à voir, tous ces malades, ces estropiés
En plus ils créent le désordre en reprenant leur vieux métier
Heureusement, grâce aux Allemands, les usines sont épargnées

Oui, mon colon, on en revient
De la guerre de 14-18

Même deux ans plus tard, la guerre continue à tuer
Par un obus dans un champ lorsque l’on vient le labourer
Par un gaz mortel d’une ampoule échappé
Ou par l’effondrement d’un tunnel mal consolidé

Oui, mon colon, elle se poursuit
La guerre de 14-18

Les profiteurs sont toujours là pour essayer de grappiller
L’argent des pauvres familles ou des municipalités
Dans chaque petit village, on doit faire des statues
Les sculpteurs deviennent riches dès que les canons se sont tus

Oui, mon colon, elle rapporte ;
La guerre de 14-18

La France est désorganisée, la société est en ruines
Heureusement qu’on a les négros pour explorer les champs de mines
La pauvre Irène représente tout un pays déboussolé
Qui ne sait ce qu’elle doit faire avec tout ce lourd passé.