La Vie est belle de Frank Capra est une grande histoire d’émancipation. Celle du réalisateur, qui désireux de tourner ce qu’il lui plairait sans avoir de comptes à rendre aux studios d’Hollywood, monta sa propre société de production, Liberty films. Il y a également l’émancipation du personnage principal, George Bailey, qui désire vivre sa vie comme il l’entend, sans se laisser dicter ses actes par l’homme le plus influent de la ville, Henry Potter.


Malheureusement l’indépendance à un coût. Avec un budget de 2,3 millions de dollars et un échec financier, La Vie est belle sonna le glas de Liberty films. Capra et ses associés se virent contraints de vendre leur société à la Paramount. La fin d’une belle aventure, courte, intense et qui aura permis la sortie d’un des plus grands classiques du cinéma.


Très loin au-dessus d’une petite ville nommé Bedford Falls, un ange se voit confier la mission de descendre sur Terre afin de sauver la vie d’un homme, dénommé George Bailey, qui est sur le point de se jeter d’un pont. S’en suit un long flashback retraçant les évènements importants de la vie de George. L’abnégation de cet homme bon sera le fer de lance de cette petite communauté pour faire face à la soif insatiable de pouvoir et de richesse de Potter. Après lui avoir sauvé la vie, l’ange, qui prit la forme d’un vieux vagabond sympathique, décide de lui montrer ce que serait la vie à Bredford Falls si George n’avait jamais existé. Le constat est simple, la vie de la plupart de ses proches serait complètement pourrie et Potter règnerait en maître sur la ville. Le moral gonflé à bloc, George décide de faire face une fois de plus à l’adversité, mais cette fois toute la ville sera à ses côtés.


Le duel manichéen entre George Bailey et Henry Potter est porté par deux grands acteurs. D’un côté James Stewart, dominant du haut de ses 1m91 tous ses proches, qui parvient à jouer un personnage courageux, dévoués, portant énormément de responsabilités sur ses épaules et qui sombrera dans un profond désespoir à la suite d’une erreur commise par son oncle. De l’autre côté, Lionel Barrymore, presque toujours assis, toisant les gens d’un œil torve, interprétant une sorte de Picsou au sale caractère, sans scrupules et prêt à tout pour étendre son pouvoir. La femme de George, Mary, est interprétée avec brio par Donna Reed qui apporte une touchante tendresse féminine.


Ce film, naïf par bien des aspects, porte une très belle morale, celle de comprendre l’importance d’être bon avec son prochain. Ramenant les relations humaines au centre de tout, Capra dénonce habilement la déshumanisation de la société où l’économie devient de plus en plus omnipotente ainsi que le fossé qui se creuse entre riches et pauvres. L’intelligence de placer l’histoire lors de la fête de Noël rend ce film intemporel.


La Vie est belle est bien plus qu’un film. C’est une excellente démonstration sur l’importance de ses actes et de ses responsabilités. L’homme est bon et doit tout faire pour rester maître de son destin malgré l’abattement ou les mauvais actions d’autrui.

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le 21 mai 2016

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Vincent Ruozzi

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