Bon, allez, je m'essaie à la critique de la Palme.

J'y allais à reculons de base après la lecture d'une critique spoilerisante bien drôle qui m'avait fait pleurer des larmes de rire aussi bien que des larmes de sang. Oubliant polémiques et autres joyeusetés (disons que j'ai fait comme d'autres, j'ai dit 'j'm'en branle de tout ça au final, j'y vais et puis merde'), j'ai dégainé ma carte illimitée, consciente que j'allais quand même probablement perdre 3 heures de ma vie et j'ai poussé la porte de la grande salle de mon UGC lillois.

Finalement, je les ai perdues sans les perdre. Je me suis pas fait chier non, mais j'ai relevé tout ce qui n'allait pas à mes yeux, et j'ai préparé mes punchlines à ressortir sur mon Twitter après la séance, le tout en finissant les phrases de ces personnages qui n'en sont pas capables eux-mêmes (citez-moi UN dialogue ou on ne sent ni hésitation, ni gêne, et qui ne se finit pas... sans se finir en fait, à coups de 'fin voilà' 'fin tu vois').

Je tiens surtout à relever ce que certains oublient : ce film est sensé être une putain d'adaptation d'une BD qui arrache des larmes à tous ceux que j'ai vu la lire un jour. Elle est bouleversante, on a de l'empathie pour les personnages, et elle arrive à nous entraîner dans une histoire profonde et touchante en 'peu' de pages (je fais référence à l'ellipse qui survient aux 2/3). Alors d'accord, c'est marqué 'librement adapté' un peu partout pour pas trop faire rager le spectateur relou, mais voilà, le fait est qu'au bout d'un moment, ça marche plus. On est pas devant Le Bleu est une couleur chaude. Non. On enlève à l'oeuvre TOUT ce qui la rendait merveilleuse, dramatique, horrible et belle à la fois. TOUT ce qui pourrait rendre le film un peu plus profond est balayé de la main pour plus de scènes de téléfilm (bonjour on mange, on mange, on mange, tavu on a de la bouffe dans la bouche, on dit des banalités parce que ça fait trop Nouvelle Vague de Lidl lololol). Les transitions dégueulasses oublient de nous préciser ce qu'il se passe entre deux, et c'est dommage, parce que l'entre-deux, c'était le plus intéressant à traiter. Je parle bien sûr de moments PAS DU TOUT IMPORTANTS comme (SPOILERS BD et du coup film) la dure séparation d'Emma et de Sabine, la révélation de l'homosexualité d'Adèle aux parents de celle-ci, et puis bah allons-y, enlevons le sel de ce drame, ce par quoi commence la BD, la maladie du personnage principal. Mais allons-y. On y gagne quoi ? Rien. Si au moins on y trouvait un intérêt, mais non. Il se trouve que tout est traité par dessus la jambe, personnellement j'ai ressenti aucune alchimie entre le couple de départ, j'ai pas vibré avec elles, j'ai rien vécu, c'était froid et sans saveur.

Au final, ça servait à quoi de prendre cette BD comme point de départ si c'était pour la piétiner, la noyer, la brûler, lui donner du poison, cracher dessus, et, avec la boule de papier obtenue fabriquer le papier sur lequel a été écrit le... scénario allez, s'il faut le dire ?

Les dialogues étaient tous plus plats et creux les uns que les autres (je n'évoquerai même pas la dispute, non, les mêmes conneries répétées 20 fois sans passion, je vous tends un sac à vomi, cadeau). Bon disons que c'est un style, c'est mon premier Kechiche, je peux me la fermer sur ses méthodes je suppose. Mais quand même. Les banalités sur la littérature et l'art m'ont fait super mal à ma culture. C'était n'importe quoi. Ca servait à rien de nous régurgiter des quatrième de couverture de chez Taschen, voilà, merci. Les clichés qui nous sont mis sous les yeux et les oreilles sans aucune subtilité - que j'ai vus relevés dans d'autres critiques – étaient digne d'un... ouais téléfilm encore une fois (les beaufs sa mange d pate et sa regarde question pr 1 champion, les artistes bobo sa mange des uitres et sa boi du vin blan ptdr, é pui sa a tro dé conversassion métafisik sr lé orgasm ptdaarzzz). Côté réalisation, les gros plans 'On pourrait être dans les Misérables il manque juste la musique' m'ont très très vite soûlée, mais pareil, c'est un style je suppose.

Les scènes de sexe, je les commenterai pas parce que je connais rien au sexe lesbien et que je ne me permettrais pas de juger, mais j'ai ressenti une gêne. Ces scènes étaient longues et gênantes, on sentait le bon gros voyeurisme dégueulasse, ici pareil, tout est aseptisé, dénué d'émotion, on ne ressent rien. Une grande passion ? Une grande histoire d'amour ? Ou ça ?

A la fin, l'empathie pour Adèle va en déclinant (je ne parlerais pas d'Emma, c'est pas la peine, je déteste Seydoux, elle n'a rien apporté à ce personnage et l'a ridiculisé, encore une fois j'ai mal pour l'Emma de la BD, donc non), on en vient à se dire ' Mais ferme ta bouche Kristen Stewart, arrête de chialer pendant 3 ans, essuie ton filet de morve qui coule que d'une narine (Cry-Baby staïle) et glisse ta vie, t'avais qu'à pas faire de la merde, parler avec les gens au lieu de t'exprimer en monosyllabes et de te lamenter sur ton sort' et on en vient à détester tout le monde.

Je pourrais encore parler de ce qui ne va pas à mes yeux pendant des heures, mais sérieusement, du début à la fin, tout est raté. Sérieusement, lisez la BD, rendez hommage à l'oeuvre de départ, elle a tant à offrir qu'on regrette de la voir prise en charge par un mec avec aussi peu de respect pour ce qu'il adapte, pour son auteur, pour ses acteurs (et encore, qui sait), mais surtout pour son public.

Une palme d'or en forme de foutage de gueule, en gros.

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le 9 oct. 2013

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Bluebell

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