La Traversée du temps
7.2
La Traversée du temps

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda (2006)

A l'heure où un certain Hayao Miyazaki annonce sa retraite, une question se pose : Qui prendra la relève du géant de l'animation japonaise ?
Il se trouve qu'un certain Mamoru Hosoda s'est fait remarqué il y a peu avec "Les enfants loups, Ame & Yuki" qui s'avère être plus qu'excellent. Hosoda pourrait-il être la relève tant attendu ? Remontons le temps en découvrant son premier "vrai" long-métrage : La Traversée du Temps.

Mokoto se lève. Nous sommes le 13 juillet, jour tout ce qu'il y a de plus banal pour notre discrète lycéenne : Elle est à la bourre, pas coiffé, à la one again a bistoufly. Cependant, ce jour est synonyme de chance pour notre chère cancre d'après les dires de la radio. Et malheureusement non, le 13 ne lui apportera finalement rien de bien folichon : se faire écraser par un mec lancé de façon idiote par un camarade ; créer un timide incendie à un cours de cuisine ; ou encore avoir un problème à son vélo. Puis vient le drame, aussi violent soit-il, il arrive inévitablement. Cette catastrophe est irrémédiable... à moins que... celle-ci se soit approprié le pouvoir de remonter le temps !

Le voyage spatio-temporel est effectivement au cœur de ce dessin-animé. Or jamais ce thème aussi souvent utilisé - souvent au résultat médiocre - n'aura été aussi brillamment traité. Tout comme notre héroïne, Mamoru Hosoda joue avec le temps, pour un film de 1h30, celui-ci prend tout son temps et joue à la fois à merveille avec tous les genres. Tout d'abord la comédie, avec toutes ces situations plus cocasses et saugrenus les unes que les autres quand Mokoto use de ce pouvoir divin. On ne peut retenir son sourire devant ces personnages si attachants.
Egalement la science-fiction, évidemment avec ce côté intelligent et si parfaitement maîtrisé du voyage temporel.
La romance est également présente, loin de l'histoire d'amour conventionnel, le scénario parvient à nous offrir une réflexion sur l'amour digne de ce nom avec ses doutes, ses rejets, ses expériences.

Après une première partie tout ce qu'il y a de plus admirable et impeccable, à la chute fantastique, dans tous les sens du terme, alors qu'on croit cette spirale féerique aboutit, le réalisateur rajoute une couche. Ça y est... il va aller trop loin en rajoutant une partie superficielle, alors qu'il avait la fin idéale... eh non pardi ! C'est repartit pour que du bonheur science-fictionnesque en nous offrant une découverte délicieuse et un côté dramatique poignant pour finir en apothéose.

Ce film est une petite pépite, un voyage dans un monde merveilleux où le rêve se mêle à la réalité. Nous rêvons tous de disposer d'un pouvoir quelconque de ce style afin de réaliser ses souhaits, revivre certains moments, ou encore changer certains choses. De plus, les personnages étant assez réalistes avec leurs qualités, leurs défauts, on ne peut que s'identifier à ceux-ci, que ce soit le grand et appliqué Kôsuke ou le mystérieux et admirable Chiaki. Cependant, Mokoto reste la lycéenne lambda, la plus banale qu'il soit. Une étudiante discrète, rêveuse, un peu à la masse au niveau des cours, ayant une vision de l'avenir flou. En fait, ce personnage c'est nous. Et tout comme elle, nous avons tous espéré un jour à un échappatoire, une quelconque pause dans cette période de recherche d'accès au monde professionnel. En recherche de plaisirs simples, revivre certains événements passés, ou.. les changer. Ce film est un pur bonheur, une évasion parfaite, dont j'hésite encore à classer en tant que chef d'oeuvre et de lui ajouter ce dernier petit point.

Malgré un esthétisme discutable, rarement un dessin-animé n'aura été si complet et nous fera naviguer entre l'amour, l'amitié, le fantastique, le courage, la volonté, le partage, le sacrifice... sans cette niaiserie habituelle ! Hosoda aurait tout ce qu'il faut pour reprendre le flambeau et redonner une nouvelle vie au cinéma du dessin, notamment avec une des plus belles œuvres d'animation de ce début de siècle.
Mokoto restera à tout jamais une héroïne intemporelle, craquante, qui ne cessera de voyager dans un coin de notre esprit à nous remémorer cette expérience unique et fabuleuse vécue, à l'abris de toute dégradations du temps.

Créée

le 14 mars 2014

Modifiée

le 15 mars 2014

Critique lue 791 fois

20 j'aime

11 commentaires

Alex La Biche

Écrit par

Critique lue 791 fois

20
11

D'autres avis sur La Traversée du temps

La Traversée du temps
Eren
8

Un jour sans fin

Auréolé de plusieurs récompenses récoltées dans divers festivals de l'animation, Toki wo Kakeru Shōjo était le seul film de Mamoru Hosoda que je n'avais pas visionné. Quand on jette un oeil à sa...

Par

le 6 août 2013

58 j'aime

15

La Traversée du temps
SanFelice
6

Critique de La Traversée du temps par SanFelice

Après avoir vu et fortement apprécié Summer Wars, j'abordais cette Traversée du temps avec une certaine impatience, d'autant plus que le thème des bouleversements chronologiques me plaît bien...

le 14 juin 2013

38 j'aime

11

La Traversée du temps
takeshi29
7

Hosoda délicieusement light

Si on peut regretter un certain manque d'ambition en terme d'animation, les thèmes abordés et une douce mélancolie confèrent à cette "Traversée du temps" un charme indéniable. Bien sûr il y a...

le 31 mars 2012

34 j'aime

7

Du même critique

Amadeus
Alex-La-Biche
9

Mozart Fucker

Moi, je m'en tamponne la clarinette de Mozart. D'autant plus qu'il ne s'agit même pas d'un vrai biopic sur le compositeur, mais simplement d'une adaptation éponyme d'une pièce de théâtre signée Peter...

le 22 oct. 2014

117 j'aime

36

Mommy
Alex-La-Biche
10

Mommy fait bander

"- Ce soir je vais à la projection de Mommy" - Ah tu vas voir La Momie ! - Non Mommy. - Bah le truc égyptien ? - Non, le dernier film de Dolan. - Ahh celui qu'à fait les Batman ?! - Euh... Non lui,...

le 30 sept. 2014

110 j'aime

38

Chambre 12
Alex-La-Biche
2

Chambre Bouze

Remarquée en 2013 dans l'émission beauf la plus tendance du moment, The Voice, la plus belle voix, où elle atteint la demi-finale, Louane obtient une plus grande notoriété en 2014 grâce à son premier...

le 1 juil. 2015

101 j'aime

40