La Traversée du temps
7.2
La Traversée du temps

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda (2006)

Se retrouver au beau milieu d'un océan, survoler un troupeau de chevaux ou des bonhommes qui effectuent une danse devant un feu : telle est la définition franchement pas admise de la traversée du temps selon Mamoru Hosoda.


Ça commençait pourtant bien avec cette excellente scène d'introduction qui annonce la sobre mais néanmoins charmante esthétique du film à travers laquelle on constatera le travail des dessinateurs principalement pour les décors, somme toute banals mais sublimes. La simplicité graphique des personnages se couplera très bien avec cet univers visuel travaillé.
Le pitch de base est alléchant, bien que ne faisant pas dans l'originalité. Je supposais que dans un film d'animation japonais ayant globalement reçu de bonnes critiques, plus précisément un film d'animation du réalisateur reconnu qu'est Mamoru Hosoda, cela donnerait quelque chose de plus intéressant à suivre que toute autre histoire traitant du thème du voyage dans le temps mais suivant toujours les mêmes étapes scénaristiques.


Sans doute car je ne m'étais pas vraiment informé à son sujet avant, j'attendais trop de ce film. Quelques instants après la scène d'intro je me rends compte au vu des personnages, des dialogues et des gags que le film s'adresse à un public uniquement adolescent, et le reste de son déroulement viendra le confirmer avec toutes ces amourettes et déclarations d'amour puériles qui découlent des actions du personnage principal, Makoto Konno, qui se trouvera d'ailleurs être assez pénible avec ce comportement de gamine intenable qui se bat pour finalement on ne sait trop quoi, en plus de pleurer et de rire de la pire des manières - en VO tout du moins - même dans les scènes censées être émouvantes. Les autres personnages féminins ne sauvent pas la mise, caricaturant la lycéenne japonaise de base avec ces comportements grotesques de vierges dévergondées face au prince charmant.
Quant aux deux amis de Makoto, Chiaki et Kôsuke, on ne sait pas non plus ce qu'ils souhaitent vraiment ; l'un comme l'autre a des sentiments pour la principale concernée, mais selon les situations dues aux voyages dans le temps de celle-ci, leur comportement est totalement différent : soit ils se contre-branlent de celle qui s'intéresse à eux, soit ils décident de sortir avec, malgré ce qu'ils ressentent tous deux pour leur amie. Ce qui en plus de rendre leur psychologie difficile à cerner font que les péripéties de Makoto n'ont finalement pas de véritable enjeu puisqu'au fond il y a de quoi penser qu'il n'y a pas de vrai sentiment amoureux dans tout ce schmilblick - à mon sens les efforts de Makoto pour mettre en couple tour à tour ses deux amis n'excusent pas ces agissements de leur part.
Dans le même genre, la pote femelle de Makoto est pas mal non plus, s'intéressant dès le début de l'histoire à Chiaki jusqu'à sortir avec lui. Pourtant, au moment où notre héroïne après quelques voyages dans le temps lui annoncera son amour pour Chiaki, la pote en question le prendra bien, en toute logique...
Reste le personnage de la tante, caricatural à l'excès, s'inscrivant dans la lignée des personnages dotés d'une grande sagesse qui donnent posément des conseils au héros pour le remettre dans le droit chemin. Au fond, derrière ses discours et questions dénués de toute profondeur, sa seule utilité sera de faire découvrir à Makoto le fameux tableau dans lequel réside le rebondissement ultime de l'histoire. Rebondissement qui se trouvera être l'auteur de la perte de crédibilité du personnage de Chiaki, et qui permettra au film de s'enliser dans l'absurdité et la niaiserie jusqu'à sa fin.


Mamoru Hosoda qui inaugure avec ce film son authentique filmographie - ses précédentes œuvres se limitant à des adaptations de Digimon et de One Piece - ne se contente pas seulement de signer un film d'animation pour adolescent(e)s où l'on retrouve des personnages et des situations typiques de certaines romances japonaises puant la niaiserie et la stupidité à plein nez ; il se permet également de ruiner le potentiel de son idée de base - à savoir le personnage banal se découvrant le pouvoir de voyager dans le temps - en tombant dans un déroulement classique de ce genre d'histoires, montrant en premier lieu les avantages de ce pouvoir pour ensuite s'attaquer aux conséquences des actes du personnage principal. Le thème du voyage dans le temps ne servant plus qu'à justifier les agissements nombrilistes d'une pucelle inintéressante auprès de ses deux amis au physique et à la personnalité fantasmés. C'est assez méprisable. Tout compte fait les seules qualités à noter sont l'esthétique et l'ambiance estivale ressortant du long-métrage, le rendant au moins supportable au visionnage.

Furtis
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le 1 mars 2014

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