Après Au nom de la terre (Edouard Bergeon, 2019) et La nuée (Just Philippot, 2020), voici un nouveau film français sur le milieu agricole. Un peu moins médiatisé, La terre des hommes a été un peu vite vendu comme un film sur une agression sexuelle et ses conséquences diverses en milieu agricole. Si cet aspect est bien évidemment important dans le film, il n'en est pourtant pas le sujet principal.
Marandin nous plonge dans un monde agricole en perdition avec les petits qui essayent de survivre et les gros qui s'engraissent sur leur dos. La première scène va dans ce sens avec le pauvre Olivier Gourmet devant solder ses bêtes pour qu'elles se vendent. De la même manière, sa fille et son gendre (Diane Rouxel et Finnegan Oldfield) essayent de monter un projet pour reprendre le flambeau, mais là encore c'est une bataille où les égos s'affrontent. Pas ceux des personnages principaux, mais ceux des gens au dessus prêts à tout pour avoir leur parcelle de pouvoir, quitte à bousiller les petits demandant leur aide. Que ce soit en ne donnant pas leur appui pour ne pas faciliter leur concurrent ; ou alors en se donnant des airs de bons samaritains et en exerçant une emprise psychologique amenant à des déviances.
C'est là où l'agression arrive et seulement à ce moment-là. Le personnage de Jalil Lespert est un cas typique : père de famille, homme charismatique, bien sous tout rapport et puis sur un moment de faiblesse de sa victime, il lui saute dessus et joue de son emprise à chaque nouvelle rencontre. L'industrie agroalimentaire apparaît quasiment comme un milieu mafieux au point que le spectateur commence à prendre peur. Les clans se forment, les opinions s'arrêtent et il n'y a aucun échappatoire à moins de trouver la bonne parade.
L'héroïne passera par toutes les émotions, de la joie à l'humiliation la plus totale en quelques heures, avant d'essayer de se relever malgré les épreuves. La palme à cette séquence post-agression où elle finit considérée comme du bétail par des éleveurs amusés et pourtant au courant des faits. Diane Rouxel porte le film avec un personnage qui encaisse tout dans le silence, avant que cela n'explose.
Jalil Lespert est convaincant en sorte de gourou local d'un milieu bien machiste; et Oldfield et Gourmet ferment la marche. La terre des hommes est un film intéressant qui a le mérite de montrer un autre visage de l'agriculture. Certainement pas le plus beau.