
Ceux qui me connaissent le savent : l'un de mes plaisirs coupables est (presque) toujours de découvrir le dernier DTV avec Nicolas Cage, d'autant qu'il est m'est arrivé avoir quelques bonnes surprises (relatives), dont « La Sentinelle » n'est pas loin de faire partie. Si je peux aisément deviner les raisons qui ont poussé Paul Schrader à renier le film, la réaction de ce dernier me paraît un peu disproportionné. Si on sent clairement quelques problèmes de montage et que la forme ressemble plus à une série B qu'à un projet résolument ambitieux, le réalisateur peut toutefois compter sur un scénario plutôt bien construit, proposant quelques vrais moments forts tout en apparaissant pas trop prévisible dans son déroulement.
Surtout, le récit a l'intelligence de présenter l'obsession d'un homme malade (physiquement, et un peu psychologiquement, d 'ailleurs) pour son ennemi, responsable de son passé douloureux et de nombreux traumatismes, d'autant que s'y ajoute un discours parfois furieusement anti-CIA, à l'image d'une scène mémorable
(la seule, avec les « retrouvailles », assez intenses)
où Cage profère ses quatre vérités à son patron. D'ailleurs, même si cela traîne parfois et qu'il ne faut pas en attendre trop non plus, j'aurais certainement mis la moyenne s'il n'y avait pas ce dénouement franchement en contradiction avec ce qu'avait construit Schrader auparavant, où l'on sent vraiment que cela a été imposé par la production, nous laissant sur une note balourde et bizarrement patriotique : un choix stupide, quoi. Toutefois, je ne serais pas trop sévère au vu de la démarche et de quelques réelles qualités d'écriture : pas si mal.