La Ruée vers l'or est une incise particulièrement technique dans la carrière de Chaplin, où il n'hésite pas à envoyer un scénario en Alaska (pas pour de vrai, mais l'écriture est vraiment pensée de bout en bout pour une fois) et à recouvrir Hollywood de fausse neige pour dépeindre les aventures d'orpaillage de Charlot.
Il en profite pour étendre ses scènes un peu plus, mais aussi faire des liens entre elles. C'est dans l'adoption de ces modèles que le film semble malheureusement un peu plus conforme à ce qui nous ennuie dans les vieux films et que Chaplin avait pour coutume d'éviter. La répétition des décors ne donne pas autant de familiarité que de monotonie à l'image d'ensemble. Malgré ses scènes mythiques qui nous font garder le même sourire que devant ses créations de l'immédiat après-guerre, il ne fait pas rire. On admire plutôt, est-ce mieux ? Oui pour le jugement, non pour le ressenti, et on aura du mal, après tout, à s'habituer au style du long-métrage où Chaplin semble avoir suivi le mouvement plutôt que "précursé".
Heureusement, le Klondike nous donne quand même voir de fabuleux paysages, tous faux, dont la crédibilité incroyable donne un peu de couleur à l'ingénierie hollywoodienne en ces temps où les films sont encore muets. Chaplin devient un véritable agitateur... de baguette magique au milieu de ces accessoires qu'il semble conduire la même main de maître qui lui permet de composer la musique ou de diriger les acteurs.
Quantième Art