La Ruée vers l'or est une incise particulièrement technique dans la carrière de Chaplin, où il n'hésite pas à envoyer un scénario en Alaska (pas pour de vrai, mais l'écriture est vraiment pensée de bout en bout pour une fois) et à recouvrir Hollywood de fausse neige pour dépeindre les aventures d'orpaillage de Charlot.


Il en profite pour étendre ses scènes un peu plus, mais aussi faire des liens entre elles. C'est dans l'adoption de ces modèles que le film semble malheureusement un peu plus conforme à ce qui nous ennuie dans les vieux films et que Chaplin avait pour coutume d'éviter. La répétition des décors ne donne pas autant de familiarité que de monotonie à l'image d'ensemble. Malgré ses scènes mythiques qui nous font garder le même sourire que devant ses créations de l'immédiat après-guerre, il ne fait pas rire. On admire plutôt, est-ce mieux ? Oui pour le jugement, non pour le ressenti, et on aura du mal, après tout, à s'habituer au style du long-métrage où Chaplin semble avoir suivi le mouvement plutôt que "précursé".


Heureusement, le Klondike nous donne quand même voir de fabuleux paysages, tous faux, dont la crédibilité incroyable donne un peu de couleur à l'ingénierie hollywoodienne en ces temps où les films sont encore muets. Chaplin devient un véritable agitateur... de baguette magique au milieu de ces accessoires qu'il semble conduire la même main de maître qui lui permet de composer la musique ou de diriger les acteurs.


Quantième Art

EowynCwper
7
Écrit par

Créée

le 28 déc. 2018

Critique lue 130 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 130 fois

D'autres avis sur La Ruée vers l'or

La Ruée vers l'or
Sergent_Pepper
9

After the gold crush.

La longue file des aspirants à la fortune qui serpente dans la glace en ouverture du film semble à bien des égards figuer, a posteriori, celle des foules qui se pressent à la projection du prodige...

le 19 févr. 2015

69 j'aime

10

La Ruée vers l'or
blig
9

Charlie qui claudique

Il claudique Charlie, Charlot, le vagabond solitaire sans-le-sou en équilibre précaire sur la corniche des montagnes enneigées d'Alaska, mais ne tombe pas. Heureux sont les insouciants, les...

Par

le 2 déc. 2014

40 j'aime

10

La Ruée vers l'or
Docteur_Jivago
10

L’ordre qui trépasse

Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi bien mêler la tragédie et la comédie que Charlie Chaplin, et à mon sens, La Ruée vers l'Or est son sommet, alors qu'il s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une...

le 1 avr. 2014

29 j'aime

3

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime