Comme souvent dans les films de Hawks, la Rivière rouge est l'histoire d'une amitié, mais une amitié contrariée et chaotique. Ce sont 2 hommes que tout sépare, l'âge comme l'expérience, et Hawks a bien traduit cet affrontement, impitoyable mais avec honneur, entre un de ces "pieds tendres" souvent venus de l'Est avec leur naïveté dans ce rude Far West, et un de ces vétérans, ancien militaire devenu cowboy et propriétaire terrien. Mieux que tout autre, John Wayne symbolise ce type d'homme mûr et rompu à tous les dangers de l'Ouest. Rarement on aura vu un Wayne aussi sévère, dur, intransigeant, voire même cruel, je me souviens que quand j'avais vu ce film la première fois après l'avoir admiré dans Rio Bravo ou les autres westerns de John Ford, où Wayne avait un caractère plus souple, ça m'avait beaucoup surpris.
Hawks reste un génie, en quelques plans, il vous plante un décor, une atmosphère, des personnages, et même les scènes simples deviennent belles et inoubliables, à l'image de la fameuse bagarre finale entre Wayne et Clift. De tous les westerns de Hawks, c'est celui qui s'ouvre le plus sur l'espace et les paysages, c'est en même temps un western qui est explicitement lié au monde des pionniers, à la conquête des terres, et où la femme est pratiquement exclue de cet univers très viril.
Premier western de Howard Hawks et première rencontre entre lui et John Wayne (ils se retrouveront dans Hatari et la trilogie Rio Bravo, El Dorado et Rio Lobo), le film permit au tout jeune Montgomery Clift de se frotter au western et à un univers très différent de l'orientation vers laquelle il se dirigera ensuite (le drame), il devint une vedette grâce à ce film, tandis qu'on y retrouvait déjà l'incroyable Walter Brennan, quelques sales gueules comme celles de John Ireland ou Noah Berry Jr, ainsi que la pétillante Joanne Dru. On constate enfin que Hawks pour son premier essai westernien, a su à l'instar de John Ford, manier les chevaux et les grands espaces avec poésie et une solide maîtrise, donnant un côté épique à son film qui en fait indéniablement un des fleurons du genre.

Créée

le 19 oct. 2017

Critique lue 597 fois

22 j'aime

9 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 597 fois

22
9

D'autres avis sur La Rivière rouge

La Rivière rouge
Sergent_Pepper
8

In the flame of the father.

Avant le Convoi de femmes et celui des vivres dans Les Affameurs, il y eut le grand film du convoi de bétail, et c’est à Hawks qu’on le doit. Lui qu’on connait plus à son aise dans des espaces clos...

le 24 janv. 2018

26 j'aime

La Rivière rouge
Docteur_Jivago
8

La révolte du fils

Cela faisait déjà une vingtaine d'année qu'Howard Hawks s'était établie à Hollywood lorsqu'il réalise La Rivière Rouge, son premier western, pour nous emmener sur les routes du Texas jusqu'au...

le 21 avr. 2014

25 j'aime

15

La Rivière rouge
Ugly
8

Le vétéran et le pied tendre

Comme souvent dans les films de Hawks, la Rivière rouge est l'histoire d'une amitié, mais une amitié contrariée et chaotique. Ce sont 2 hommes que tout sépare, l'âge comme l'expérience, et Hawks a...

Par

le 19 oct. 2017

22 j'aime

9

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

121 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45