Le récit d'une histoire vraie qui démarre doucement pour finir par devenir passionnant et instructif

Allemagne de l’Est, 1956. Des étudiants apprennent par hasard via des canaux d’information provenant de l’Ouest, qu’une révolution anti-socialiste a lieu en Hongrie. Ils décident en soutien à la jeunesse hongroise d’adopter une minute de silence. Un choix de jeunesse qui aura des conséquences graves marquant leurs vies à jamais. Ce fait divers avéré semble avoir autant d’intérêt historique, en mélangeant les petites et la grande Histoire, que pour la résonance qu’il peut avoir aujourd’hui dans certains zones du monde où la liberté d’expression est muselée. La reconstitution de l’Allemagne de l’Est d’après-guerre est fidèle à ce qu’on peut en imaginer. Froide, terne, grise et où l’on sent le poids de la politique socialiste issue de l’U.R.S.S. Quant à la réalisation, si elle est assez dynamique, elle est revanche purement illustrative et se fond un peu trop dans les règles classiques d’antan.


En outre, « La révolution silencieuse » capote un petit peu au démarrage. La décision de mettre en place cette minute de silence et la présentation des personnages n’est pas proprement exemplaire à l’image et souffre de quelques carences narratives. On a du mal à comprendre les raisons poussant chacun des personnages à agir de la sorte et pourquoi cette affaire prend si vite une tournure importante. Le choix de resserrer l’intrigue sur quatre ou cinq élèves permet de rythmer le récit et de ne pas s’éparpiller. Mais même si l’interprétation des jeunes acteurs est irréprochable, il manque peut-être un ou deux personnages à mettre en avant dans cette classe pour pouvoir avoir un échantillon représentatif des caractères face à une telle situation. Sans pour autant que cela fasse catalogue des psychologies, ce que le film évite intelligemment. Tout comme il fait le choix brillant et intéressant de prendre le contrepoids des adultes (personnel de l’école, parents, dignitaires du mouvement, …) face à celui des adolescents.


Passé la première demi-heure un peu hésitante le film, et les enjeux qui vont avec, se fait plus intéressant, plus prenant. A la manière d’un thriller, ce film allemand dénonce les rouages de la propagande de l’époque qui passait déjà par l’école. Le parti voulait tuer dans l’œuf toute tentative de liberté d’expression, d’où les proportions prises par cette affaire à priori si anodine. On ausculte ici le passé d’un pays divisé en deux par une guerre avec application, ce qui en fait un film instructif et passionnant. En effet, plus les enjeux deviennent importants et plus l’étau se resserre sur ces jeunes gens, plus l’émotion nous gagne et l’intérêt pour cette affaire augmente. Le poids de l’histoire et de grandes notions telles que la culpabilité, la soumission ou encore la trahison sont mises en branle avec brio. « La révolution silencieuse » apparaît alors comme un film nécessaire, intelligent mais aussi divertissant. Une bonne surprise.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 15 mai 2018

Critique lue 649 fois

5 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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5

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