La mariée était en rouge

La vision théâtrale de Patrice Chéreau peut agacer et je le comprends, il est vrai que parfois le côté brouillon des cadrages et de la direction d'acteur laissent un sentiment mitigé. Cette "confusion" est-elle voulue ? miroir d'une période troublée et de moments très sombres de notre histoire... peut-être. Globalement le film, bien que trop long, se laisse regarder, car il y a quelques belles trouvailles visuelles à commencer par celle qui illustre l'affiche du film: la robe blanche de Margot maculée du sang de son frère Charles IX, mourant. Ne cherchez surtout pas l'exactitude historique puisque le film est tiré d'un roman de Dumas, déjà revisitée (l'Histoire) par celui-ci: en 1845 on voulait de l'intrigue de cour, des idylles de fiction, avec un fond historique avéré: le mariage de Marguerite de Valois à Henri de Navarre et le massacre de la Saint Barthélemy. Après Chéreau y ajoute sa touche justement de metteur en scène de théâtre, très proche voire trop proche de ses acteurs. Mais paradoxalement il est vrai que certains plans de groupes sont réussis: tableaux qui mettent en scène corps et regards, mouvements, frénésie, tension.
Le jeu des acteurs n'est pas d'égale qualité: Virna Lisi est impressionnante même si on n'imagine pas une Catherine de Médicis sans coiffe en public (erreur historique mineure) et aussi "comploteuse", j'apprécie aussi Daniel Auteuil en futur Henri IV et le pauvre Charles IX, joué avec passion par Jean-Hugues Anglade, pour le reste du casting on a l'impression qu'à plusieurs moments les acteurs récitent plus qu'ils ne jouent, d'autres surjouent et cela donne un côté artificiel au métrage. Adjani est déjà trop âgée pour le rôle de Marguerite (38 ans au moment du tournage!), et elle fait du "Adjani" le visage trop lisse - en fait la plupart des acteurs sont trop âgés pour leur rôle (les enfants de Catherine, sauf un peut-être), Vincent Perez est assez transparent et ne convainc pas beaucoup.
Malgré tout, il reste une recherche esthétique évidente, quelques passages chocs et l'ambition de délivrer une œuvre forte, sensuelle et viscérale, même si le but n'est pas toujours atteint sur ce dernier point.
Demi-réussite ou demi-échec, le film reste en équilibre instable.