La Reine des Neiges
6.1
La Reine des Neiges

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Jennifer Lee (2013)

Je dédie cette critique à la Bande à Disney, la plus mignonne, drôle et gentille de toutes les bandes! Je vous aime, les Ralphiens!


Ceci est une critique de La Reine des Neiges. Enfin... Je ne dis pas ça à vous, je suppose que vous l'avez compris, c'est pour moi que je dis ça. Il faut bien me laisser le temps de réaliser que je suis en train de faire la critique d'un film d'animation qui a eu une impact sur moi comme aucun autre film d'animation ne l'a fait. C'est grâce à ce film que je me suis véritablement intéressée à Disney, en suis devenue fan et fascinée, me suis par ricochet passionnée au cinéma, et ai approfondi le lien que j'ai toujours eu avec les dessins animés.
Mon lien avec La Reine des Neiges est assez particulier. Je ne suis pas du tout sûre que ce soit mon film d'animation préféré, ce n'est pas celui qui me fait ressentir les émotions les plus puissantes... néanmoins, je pense à ce film tout le temps, bien plus que tout autre long-métrage. C'est à lui que je pense pour rêvasser, pour me sentir mieux. Dès que j'ai besoin d'un peu de magie dans ma tête, mon esprit me ramène systématiquement vers le Classique d'Animation Disney que j'affectionne le plus. L'ennui... C'est que je me sens constamment obligée de garder cette adoration pour moi. On aime bien dire de ce film qu'il est idolâtré de tous, mais que ce soit sur Internet ou dans la vraie vie, je ne peux quasiment jamais parler du cinquante-troisième Classique de Mickey sans avoir droit à des mauvaises remarques de personnes ayant subi une saturation du film d'Anna et Elsa. Que ce soit venant de nostalgiques pensant que les Disney étaient obligatoirement mieux avant, venant de ceux qui détestent les comédie musicales et n'en peuvent plus de Let it Go, venant de ceux qui détestent Disney de manière générale, ceux qui pensent que Pixar et DreamWorks sont systématiquement mieux ou ceux qui trouvent un film obligatoirement vide s'il traite du Grand Amour. Je ne peux d'ailleurs même pas parler de Disney sans que des gens se mettent à parler de La Reine des Neiges, et se servent de ce dernier pour critiquer toute la boîte. Comme si un studio d'animation vieux de quatre-vingts ans ayant, dès ses débuts, marqué la culture populaire, se limitait à un film vieux de trois ans. Je ne dis pas que c'est ridicule de ne pas aimer de ce film, tous les goûts sont dans la nature, mais la façon dont les gens assassinent ce film d'animation est tellement ridicule et abusée que ça en évoquerait presque du harcèlement. Les gens semblent ne pas accepter l'idée qu'un film puisse avoir plu à un grand monde, et au lieu de se contenter de l'oublier, il faut absolument que La Reine des Neiges soit démonté par tous les moyens. Et étant atteinte d'une susceptibilité un peu exagérée, ces remarques ne cessent de me hanter et de me mettre en rogne contre le monde entier. C'est pourquoi il fallait bien que je fasse une critique pour bien prouver que j'ai mes raisons d'adorer ce film, et aussi montrer que certains détails ne peuvent pas être enfoncés de manière prétendument objective.


J'aimerais quand même commencer par clarifier quelque chose. Quelque chose que beaucoup parmi ceux qui savent à quel point j'adore ce film ignorent: la première fois que j'ai vu La Reine des Neiges, je n'ai pas été si conquise que ça. Je pense même avoir été assez déçue. Bon, je l'ai regardé dans les plus mauvaises conditions qui puissent imaginer, ça n'aide pas. J'avais entendu énormément de bien de ce film, il avait dépassé le succès de ce chef-d'oeuvre qu'est Le Roi Lion, tout le monde disait que Disney revenait enfin vraiment, et puis je lisais également que c'était un film très moderne. Et n'y connaissant pas grand-chose à Disney à ce moment-là, pour moi un film moderne c'était quelque chose de bien rebelle (Il y a quelque chose à comprendre dans l'utilisation de cet adjectif.), ou bien parodique, ou bien sombre. Quelque chose qui n'ait rien à avoir avec les dessins animés tout gentils et tout niais d'avant (Je rappelle tout de même que c'était le point de vue que j'avais il y a plus de trois ans!). Alors forcément, quand j'ai vu ce film avec cette héroïne aux rêves si semblables à ceux d'une Blanche-Neige ou d'une Cendrillon, avec cet humour plus léger que dans Raiponce, avec cette abondance de chansons, avec cette mise en scène si théâtrale, avec tous ces messages sur l'amour, j'ai été bien prise au dépourvu, et n'étais pas bien sûre de comprendre l'engouement du film. Mais j'étais dans l'idée que je voulais comprendre, je ne m'étais pas complètement fermée dans l'idée que ce succès était immérité, et me suis un peu plus plongée de façon naturelle dans Disney et les films d'animation. Et c'est là que j'ai peu à peu compris ce que ce film avait voulu apporter. Mon affection pour lui s'est donc renforcé petit à petit. Mon deuxième visionnage quelque mois plus tard m'a totalement ouvert les yeux et en a fait un de mes Disney préférés. Je pensais aux deux soeurs d'Arendelle de plus en plus souvent, connaissais les chansons par coeur, adorais les personnages. Ca a pris un peu plus d'un an pour en arriver là, mais en début d'année 2015, il est devenu mon Disney préféré. Comme quoi, si on n'arrive pas à comprendre le succès d'une oeuvre, il ne faut pas rester buté et se garder à l'esprit que la masse est ridicule. On peut tout à fait prendre le temps de comprendre pourquoi le film a autant plu.


Je commence donc ma critique! Et je précise que ça va spoiler, donc si vous faîtes partie d'une civilisation perdue au fin fond de l'Amazonie, ne lisez pas cette critique. Et puisque beaucoup comparent ce film à d'autres Classique Disney, il est possible que des éléments provenant d'autres film d'animation de la boîte aux grandes oreilles soient évoqués.
L'intrigue reprend les grandes bases de ce qu'aiment raconter les studios Disney. Il y est question de deux princesses, qui devront toutes les deux faire face d'une façon différente à une terrible malédiction, se battront du mieux qu'elles pourront à leur manière pour s'en sortir, et finiront par vaincre leur malheur par le pouvoir de l'Amour. A la différence près qu'il est question de deux princesses, le film utilise plusieurs codes que Disney usent depuis leurs débuts pour leurs films, et pas seulement ceux de princesse. Il ne s'agit, vous le savez parfaitement, que des grandes lignes, l'histoire du film offrant un bon petit nombre de nouveautés chez Disney. Il est intéressant de voir à quel point le film semble respectueux de ses racines, à quel point je sens qu'il a envie d'honorer ce que son studio veut transmettre depuis sa naissance. Après que Disney se soit autant reconnu à tort comme has-been et autant moqué de lui-même avec des films comme Il Etait une Fois ou Chicken Little, c'est bon d'avoir le sentiment que Disney assume d'être spécialisé dans des histoires vendant de la féérie, à une époque où il faut du sexe et de la violence pour paraître cool (Ou des références de pop-culture pour paraître bien jeun's, pour rester davantage dans les films d'animation.). Mais le film a quand même compris qu'il sortait en 2013 et que le public n'a pas la même mentalité ni exactement les mêmes attentes qu'en 1937. Le film reprend des vieux clichés véhiculés depuis toujours par Disney mais les rend plus logiques, naturels et profonds, certaines images sont carrément brisées. Et même avec une trame plutôt classique aux premiers abords, le film arrive à offrir d'une façon logique plusieurs rebondissements dans son dernier acte, empêchant La Reine des Neiges d'être vraiment prévisible.


La trame de La Reine des Neiges n'est pas la plus mouvementée qui soit. Les péripéties sont assez légères et les scènes d'action ne sont pas les plus extraordinaires qui existent, mais ce n'est pas nécessairement ce que je recherche dans ce genre de films, les enjeux étant palpables même avec une ambiance plutôt calme. Le principal but de la quête d'Anna étant de retrouver son amour perdu, plus que de ramener l'été dans son royaume. Le véritable enjeu est plus intime mais a les moyens de toucher le spectateur malgré tout, tant que l'on sent tout ce que les deux héroïnes font chacune par amour pour leur frangine. Les différentes petites mésaventures qui ponctuent le voyage d'Anna et ses compagnons ont le mérite de s'enchainer de manière logique, sans paraître trop forcées, et ayant un lien soit avec la neige, soit avec la magie. C'est précisément pour ce genre de raisons que je n'ai pas beaucoup aimé le conte original de Hans Christian Andersen, dont l'histoire ne me semblait pas avoir d'identité véritable, tant chaque péripétie ne ressemblait pas aux autres et n'avait pas de véritable lien avec le but de Gerda.
Je trouve donc dans l'ensemble que le scénario de cette adaptation est bon. Mais à cause de la production chaotique qui a permis la création de ce film, on notera tout de même quelques incohérences. Il est en effet difficile de comprendre pourquoi Kristoff ne fait jamais le lien entre Anna, Elsa et les deux fillettes qu'il a aperçues le jour de son adoption. C'est également étrange de constater que tout le monde est mieux au courant qu'Elsa de la situation d'Arendelle, alors que la jeune reine a une vue imprenable de son palais de glace. C'est également amusant de voir que la durée du trajet menant du royaume au château d'Elsa n'est jamais la même selon les personnages. C'est extrêmement rapide si c'est Elsa, cela prend quelques heures si c'est Hans et sa troupe, et cela nécessite toute une journée pour nos héros. Ces incohérences n'empêchent pas la compréhension de l'histoire, je les prends donc avec humour, mais il faut tout de même les noter.


Je trouve également le ton du film très intéressant. Dans l'ensemble, tout était raconté avec beaucoup de naturel. Cela a beau s'agir d'un conte, les personnages se comportent généralement comme des personnes proches de nous, ce qui n'est pas anormal dans les récents Disney. Mais pourtant, le film possède dans certaines scènes un ton bien théâtral qui évoque les plus vieux Disney de princesses, comme c'est clairement le cas dans Blanche-Neige et les Sept Nains. Dans le comportement de certains personnages -particulièrement Hans et Elsa-, dans la mise en scène de certaines chansons, dans la façon dont pousser la chansonnette parvient à faire évoluer un sentiment vers un autre, La Reine des Neiges est en cela un parfait mélange d'ancienneté et de modernité, respectant les différentes périodes de création des Walt Disney Animation Studios.


Anna, véritable héroïne du film (à mes yeux, c'est clairement ce qu'elle est, en tout cas), est à elle toute seule un parfait mélange d'ancien et de moderne. En apparence, elle peut paraître ridicule et clichée tellement elle reprend tous les stéréotypes des princesses de conte. Elle est mignonne, gentille, elle aime tout le monde, elle rêve de trouver l'amour et croit au Prince Charmant. Mais l'avantage qu'elle a par rapport aux princesses doyennes de Disney... c'est que pour moi, tous les clichés qu'elle entretient dans sa personnalité semblent naturels, facilement explicables et parfaitement en adéquation avec ce que le film veut raconter. Elle est extrêmement naïve et n'a pas conscience de certaines dures réalités du monde... mais elle est enfermée chez elle depuis son plus jeune âge, et ne connait véritablement que sa propre vie, qui elle celle d'une princesse vivant dans un lieu évoquant la richesse, le confort et les vieux contes de fées: un château. Elle ne possède pas assez de jugeote pour savoir que l'on ne peut pas se fier directement à un inconnu... mais en même temps, depuis qu'elle est toute petite, elle côtoie plus ou moins les mêmes personnes (Le personnel a été limité par son père, et parmi eux, on sait que les serviteurs Kai et Gerda assistent la famille royale depuis des années.), la notion d'inconnu lui est étrangère. Elle souhaite épouser la première personne qui lui en fait la demande après seulement quelques heures de discussion... mais elle a vécu seule tant d'années et est totalement privée d'amour depuis trois ans. C'est un sentiment qu'elle ne parvient plus parfaitement à identifier, et quand on lui donne l'illusion, par des méthodes évoquant les plus romantiques des contes de fée, que l'amour lui est à nouveau accessible, il n'est pas étonnant qu'Anna s'y plonge dedans tête la première.
Et la princesse cadette d'Arendelle a d'autres aspects de son caractère à offrir qu'une simple copie des clichés de conte. C'est une fille aussi très maladroite, qui n'est pas exempte de gaffes que ce soit dans ses paroles ou dans ses gestes. C'est aussi une jeune fille extrêmement têtue, qui suit continuellement son instinct, qu'elle ait raison ou non, et qui refuse toujours qu'on l'oriente vers une autre idée dès qu'elle est certaine de ce qu'elle fait. Elle a donc pas mal de petits défauts qui la font gagner en humanité, même en ayant dans son tempérament le genre de personnalité que l'on ne croit trouver que dans les livres de conte. Mais même en qualité, elle me parait plus proche d'une véritable personne. C'est une personne extrêmement gentille, qui semble difficilement apte à ressentir une haine profonde envers quelqu'un, mais elle me parait tellement sincère, tellement enthousiaste dans sa façon d'être avec certains personnages, que cette rouquine est totalement vivante à mes yeux. Elle me fait aussi tellement rire. On sent une telle folie et une telle passion dans sa façon de parler (Particulièrement en VO. Je parlerai de cela plus en détail plus tard, y a tout un dossier à traiter.) ou dans sa façon de se mouvoir dans tous les sens, cette fille est un vrai petit spectacle.


Je regrette énormément que pour beaucoup, Anna ne soit dans son caractère qu'une copie de Raiponce. Alors, elles se ressemblent, c'est indéniable. Elles sont toutes les deux abusivement gentilles, ont une âme assez romantique et sont sans arrêt surexcitées. Mais... sans vouloir du tout jouer la mauvaise foie, c'est principalement ça qui les lie pour moi, pas plus. Quand on y réfléchit, Raiponce n'a pas de véritable défaut. (Attention, je spoile le film de Raiponce!) Depuis qu'elle est bébé, elle est enfermée et ne connait qu'une seule personne, qui la fait vivre dans le mensonge en ne lui donnant que des fausses informations du monde extérieur, et qui semble elle-même avoir des lacunes sur certaines réalités du monde. Quand on prend toutes ces idées en compte... la princesse aux cheveux magiques s'en sort drôlement bien! Elle arrive à comprendre le principe d'un anniversaire, alors que la seule personne à qui elle ait jamais parlé durant son enfance n'y comprend rien. Dès qu'elle fait face à un inconnu, elle sait faire preuve suffisamment d'intelligence pour savoir s'il est digne de confiance ou non. Une personne qui s'introduit dans une demeure sans être conviée peut être dangereuse, elle le sait parfaitement, mais arrive à comprendre quand cette personne peut éventuellement être digne de confiance, tout en parvenant à conserver un minimum sa méfiance. Il est vrai qu'elle n'est jamais parvenue à se rendre compte des mensonges de sa mère adoptive, mais c'est depuis que Raiponce est bébé que Gothel aligne devant elle tromperie sur tromperie, elle représente tout ce que Raiponce croit connaître. Sans compter qu'elle a souvent été réellement gentille avec sa fausse fille, comment ne pas se laisser prendre par son manège? Et même avec ça, la jeune princesse arrive vers la fin à comprendre drôlement rapidement que cette femme qui a tant souvent fait mine de la protéger était dangereuse, comme quoi Raiponce n'est pas si facile à manipuler. Aussi, même quand elle a peur, elle parvient à faire preuve de contenance devant Flynn Rider, ou devant tous les malfrats de la taverne, alors même qu'on lui a appris à craindre n'importe qui depuis toujours. C'est également une fille étonnamment dégourdie, sachant faire preuve d'un grand savoir-faire dans la création d'oeuvres, et parvenant à survivre dans un monde dont elle n'a toujours connu que du faux, avec juste une poêle et ses cheveux pour se défendre!
Anna... c'est une vraie empotée, en comparaison. Elle a vécu avec un nombre beaucoup moins restreint de personnes, qui ont tous pu lui parler du monde dans lequel elle vit, avec des parents pouvant l'informer des actualités mondiales comme c'est dit dans le livre Le Coeur de Glace... mais cela ne l'empêche pas d'être maladroite dans ses façons de d'exprimer avec autrui, de ne jamais prendre le temps d'analyser les personnes qu'elle rencontre avant de savoir si ces dernières sont dignes de confiance, d'agir constamment sans réfléchir, d'être facilement impressionnable et d'avoir sans arrêt besoin d'aide (Quand Kristoff n'est plus motivé à l'aider après qu'elle ait détruit son traineau, elle n'a pas fait deux pas qu'elle est déjà perdue.). Et c'est pour ce genre de détails que je trouve Anna encore bien plus attachante que Raiponce, même si j'adore également cette dernière. La princesse d'Arendelle s'éloigne bien plus que celle de Corona de l'image de la femme parfaite, qui parvient à agir convenablement en toutes circonstances.


Je me suis également rendue compte que j'ai un faible pour les personnages qui savent parfaitement au fond d'eux que tout ne se porte pas forcément bien, voire même que la situation se présente mal... mais qui malgré tout, gardent le sourire et donnent l'illusion qu'ils se portent à merveille (Joie de Vice-Versa ou Hana dans Les Enfants Loups, Ame & Yuki font partie de mes héroïnes préférées de films d'animation pour cette raison.) Je raffole de ce type de personnages, car leurs moments de tristesse ou de doute m'apparaissent de manière plus subtile, et je n'ai pas l'impression que l'on me martèle l'idée que je dois être malheureuse pour le personnage en question. Lorsqu'un tel protagoniste n'a alors plus aucun moyen d'être heureux, et perd son optimisme habituelle pour sombrer dans la tristesse, j'y croie vraiment, car je sais qu'il en faut beaucoup pour que ce héros aille mal. C'est tout à fait ce qu'est Anna. Elle est privée d'amour et de réconfort, a passé son enfance à se sentir constamment seule, mais on ne la voit quasiment jamais pleurer, et elle continue sans arrêt de rester joyeuse et passionnée par tout ce qui l'entoure, alors que j'ai toujours le sentiment au fond de moi qu'elle souffre tout autant que sa soeur.
Pour moi, les répercussions des pouvoirs d'Elsa symbolisent la souffrance intérieure d'Anna. Sa mèche blanche représente le jour où leur situation a dérapé et a engendré la séparation des deux soeurs. A partir de ce moment, Anna souffre de solitude et un fossé se crée entre elle et une personne à laquelle elle tient énormément. Puis, alors qu'elle pense qu'il est possible qu'elle renoue définitivement avec Elsa au Palais de Glace, cette dernière la repousse et laisse entendre de manière très brusque qu'elle souhaite que sa soeur disparaisse. Et à ce moment-là, le coeur d'Anna se gèle. Elle laisse alors toujours entendre qu'elle se porte bien, mais pour moi cette blessure physique trahit l'idée que la rouquine est malheureuse à l'idée qu'une personne qu'elle aime la rejette de cette manière. Elle recommence à souffrir jusque après que les Trolls lui aient donné une vision de l'Amour qu'elle approuve, mais qui est très loin de celle que son fiancé Hans lui avait donné. Même si son esprit ne le réalise pas encore pleinement, son coeur devine alors que son histoire avec le prince des Iles du Sud n'était qu'une illusion. Et sachant que c'était la seule porte vers l'amour qui lui était à ce moment-là présentée, elle en souffre. Son état s'empire et sa chevelure se décolore davantage lorsqu'il est révélé que son fiancé ne faisait que la manipuler et n'éprouvait effectivement aucun sentiment amoureux à son égard. Elle est alors seule et enfermée, perdue dans l'idée qu'elle ignore totalement ce qu'est l'Amour, que c'est un sentiment que personne ne lui témoigne depuis des années, et qu'elle est condamnée à mourir parce que sa soeur n'a pas voulu d'elle. Quand elle recherche Kristoff en marchant péniblement sur le lac gelé, elle semble extrêmement seule. Le brouillard autour d'elle l'empêche de voir tout signe de vie, toute personne qu'elle souhaiterait reconnaître. Et sans certitude que Kristoff puisse toujours être là pour lui prouver de lui-même qu'il l'aime, Anna, qui ne comprend pas encore d'à quel point l'Amour peut vivre sous diverses et riches façons, pense ne pas pouvoir être aimée autrement. Puis, lorsqu'elle aperçoit enfin Kristoff, elle s'éloigne de lui pour sauver sa soeur. Elle s'abandonne à l'idée qu'il ne pourra pas la sauver, qu'elle ne retrouvera sans doute jamais de preuve qu'on puisse l'aimer, et c'est lorsqu'elle se plonge dans cette conclusion qu'elle perd la vie. Anna a terriblement souffert, a vécu avec un profond manque d'affection, qui a fini par la tuer. Et pourtant, elle garde toujours le sourire, et donne l'impression extérieurement que rien ne peut porter atteinte à sa constante bonne humeur. D'ailleurs, ce qui a fini par la sauver peut s'interpréter de n'importe qu'elle façon. Peut-être que mourir avec l'idée qu'elle sauvait une personne qu'elle aimait, bien que cette dernière lui ait sans cesse fait du mal, l'a réconfortée. Celui lui a permis de comprendre que ce n'est pas parce qu'une personne ne semble pas l'aimer que ce manque apparent d'affection doit se faire continuellement dans les deux sens. Anna peut s'être sauvée elle-même la vie en se prouvant à elle-même que son coeur est toujours gorgé d'amour envers ses proches, et qu'elle aura pu être là pour sauver son amour. Mais cela peut tout aussi bien être Elsa la sauveuse d'Anna. Elsa qui a prouvé à sa soeur qu'elle l'aimait, et qu'il existe bien des personnes ayant une profonde affection pour elle, même venant de celles lui causant le plus de torts. Ou alors, les différentes hypothèses peuvent tout aussi bien se combiner ensemble, preuve que le film sait laisser ses spectateurs réfléchir par eux-mêmes. Une fois qu'Anna est assurée que l'Amour n'est pas totalement absent de sa vie, elle ressuscite et sa mèche blanche, signe de l'affection qui lui a été enlevée, disparait. Je trouve d'ailleurs logique qu'il soit plus aisée de guérir la tête que le coeur, surtout venant d'Anna. Il est plus facile de donner l'illusion dans notre tête que la situation va toujours bien, mais si le coeur est sans arrêt confronté à de la peine, il sera plus difficile de lui faire croire que l'on est joyeux.
A mes yeux, tout cela représente la force de caractère d'Anna. Un personnage qui, pour moi, possède une grande profondeur, et m'émeut comme rarement un héros fictif ne m'a autant émue. La princesse Disney que je préfère, et un des personnages principaux Disney que j'aime le plus.


Mais ce n'est pourtant pas elle que les gens ont le plus retenue, mais sa soeur aîné Elsa, qui représente tout de même le coeur du film. Et j'ai beau avoir toujours ressenti un plus grand attachement envers la cadette rouquine, je comprends tout à fait pourquoi son aînée est si populaire. Elsa est clairement un des personnages les plus complexes jamais faits par Disney, un personnage rempli de profondeur et de contradictions très bien écrites. Elsa possède de nombreuses qualités. C'est une femme intelligente, pouvant se montrer aimable, possédant une grande dignité, et sachant faire preuve de sagesse la plupart du temps. Mais psychologiquement parlant, la jeune souveraine est beaucoup plus faible que sa soeur. Autant l'esprit de cette dernière a été épargné de toute chose effrayante, autant Elsa a grandi de manière à craindre les autres, et surtout à se craindre elle-même. Ce n'était qu'une jeune enfant aux pouvoirs uniques, qui n'aspirait qu'à vivre joyeusement aux côtés de sa petite soeur, et à la rendre heureuse par le biais de son don incroyable. Alors que son pouvoir semblait destiné à ne la rendre que plus complice avec la petite Anna, il a fallu que ce soit cela qui les sépare et qui fasse croire à Elsa qu'elle n'est qu'un monstre incapable de se maîtriser, capable de briser ce qu'elle aime. Elsa a alors vécu seule, loin d'une personne pour laquelle elle était énormément attachée, avec pour seule véritable compagnie des parents l'enfermant involontairement dans l'idée qu'elle n'est qu'un monstre, à un âge où l'esprit est encore très influençable. Elsa rappelle beaucoup Quasimodo sur certains aspects, le rôle des parents étant celui de Frollo. Mais Elsa s'est forgée toute seule l'idée qu'elle était une mauvaise personne, -ses parents ne lui ayant jamais présenté les choses de manière aussi précise-, et cette identité ne vient pas simplement de son physique, mais de ce dont elle est capable, ce qui sous-entend la capacité de meurtre. Elle grandit avec une rancoeur qu'elle renferme, adressée à tous. A ses parents, à toutes ces personnes qui ne comprendraient pas, qui la verraient différemment, toutes ces personnes qui l'obligent à se cacher, à l'empêcher d'être ce qu'elle voudrait être, à se montrer plus démonstrative et à prouver son amour comme elle l'entendrait... Du moins, c'est tout ce qui retentit dans Let it Go (on y reviendra, paniquez pas). Mais toute cette colère gratuite, dont seuls ses parents sont véritablement responsables, est principalement dû à la peur qu'elle entretient envers elle-même, et ce chagrin constant qui l'empêche de s'ouvrir et de se sociabiliser, ne serait-ce qu'envers Anna, dont elle est incroyablement distante.
C'est un être frustré, qui souffre également d'un manque d'amour, mais d'une manière totalement différente de la princesse cadette. Elsa se prive sans arrêt de marque d'affection, même de la part de ses parents, qui ont longtemps été les seuls en mesure de lui en apporter. Mais pourtant, c'est ce qu'elle désire plus que tout. Mais ne se voyant que comme un danger, elle pense que son amour ne peut être prouvé qu'en demeurant à l'écart des personnes qu'elle aime. Bien entendu, cela ne fait que la rendre plus froide, plus dure, plus insensible aux yeux de tous, dont ceux qu'elle pense protéger. Elsa souffre de se rendre malheureuse par amour, sans que toutes ses preuves affectives ne soient comprises, ni respectées. C'est un cercle vicieux: plus sa soeur persiste à ce qu'elles soient réunies, plus Elsa prend peur, se montre violente, chasse sa soeur sans arrêt de manière plus brutale, et plus les deux soeurs en souffrent. Elsa est constamment convaincue d'agir comme il faut, comme on se doit d'agir lorsqu'on peine à contrôler son pouvoir et que l'on tient à quelqu'un, mais sans s'en rendre compte, elle ne fait que briser sa soeur, et se briser elle-même. En cela, Elsa est très souvent contradictoire, ne semble jamais savoir se décider quant à l'attitude à prendre. Tout au fond de son coeur, son véritable souhait, est de se réconcilier avec Anna et de se familiariser avec son peuple, mais son esprit trop tourmenté par la peur de ses propres pouvoirs et par les paroles de ses parents la ramènent sans arrêt dans l'idée qu'elle doit demeurer éloignée de tous. Ses deux oppositions créant chez elle un sentiment de colère à l'égard de sa propre personne et des gens qu'elle aime.


Petit détail qui peut prouver que les réalisateurs embauchés chez Disney ont les moyens de poser leur patte: même si c'est assez léger, Elsa peut évoquer Tarzan, le film éponyme de 1999 étant réalisé par Chris Buck, père de La Reine des Neiges. Les deux possèdent une différence qui menace de les séparer de leur famille. Ils aiment tous les deux tendrement leurs proches mais se demandent -de manière tout de même bien distinctes- s'ils ne doivent pas s'en éloigner par la faute de cette divergence. Ils auront beau pendant un temps avoir la véritable décision de partir, ils décideront finalement à la fin de rester auprès de leur famille.


Elsa entretient de nombreux rôles à la fois. Elle apparait comme une antagoniste, créant tous les principaux soucis et étant en opposition avec le but principal d'Anna. Mais elle ressemble également à la femme en détresse que le héros se doit de sauver, sa soeur voulant la ramener à Arendelle et la délivrer une bonne fois pour toutes de ses angoisses. Mais si on considère que c'est elle qui sauve Anna à la fin (ce qui a toujours été ma vision, personnellement), elle peut même s'approprier le rôle du Prince Charmant. Comme quoi, elle est loin d'être unidimensionnelle.


Ce que j'adore également dans le personnage d'Elsa, c'est la façon dont son pouvoir exprime ses sentiments. Lorsqu'elle se sent heureuse, aimée et guidée, elle parvient aisément à se contrôler et est capable de donner existence à de splendides créations. Dans ces moments, Elsa sait ce qu'elle fait, elle sait que des personnes croient en elle et l'aiment, ce qui l'amène donc à savoir se maîtriser, et à construire de belles choses, car elle sait ce qu'elle fait. Si on l'aime pour ce qu'elle est -sa magie en fait partie-, il n'y a pas de raison pour qu'elle ne puisse pas laisser parler son imagination sans préoccupation. Mais lorsqu'elle panique, elle ne se maîtrise plus, ce qui est compréhensible. Sa magie part dans tous les sens comme le ferait une personne complètement angoissée, incapable de poser son esprit. Sa peur et sa colère se traduisent en des stalactites ou stalagmites, ce qui est bien représentatif de l'agressivité de ses émotions. Ces moments l'amènent également à créer des êtres dangereux, tel que le monstre des neiges Guimauve. Elsa ne souhaite pas réellement faire le mal, mais comme toute personne trop effrayée pour réfléchir, elle ne se contrôle pas. Rien que le fait que son château soit placé dans le creux de la montagne, et non au sommet, est représentatif de sa peur, de son envie de se cacher, de son manque véritable d'affirmation. Et lorsque la jeune reine est chagrinée, toute la neige se fige autours d'elle. Que ce soit à la mort de ses parents, ou à la mort erroné d'Anna annoncée par Hans, elle a l'impression d'avoir tout perdu, n'a plus rien à espérer, et se sent vide. Ainsi, ce sentiment se reflète par un paysage vide et immobile. Beaucoup ont vu comme une incohérence qu'elle soit capable de créer d'un coup une forteresse de glace, alors que jusqu'à présent elle ne se maîtrisait pas du tout. Mais il est logique qu'elle soit en incapacité de se contrôler quand elle craint de provoquer le mal chez autrui, et qu'elle laisse libre cours à son imagination quand personne ne peut en subir du tort.


En parlant de son pouvoir: beaucoup ont considéré le fait que l'on ignore son origine comme une incohérence. Je ne vois pourtant pas du tout ce qu'il y a d'illogique là-dedans. Pour commencer: l'histoire d'Elsa est si difficile à suivre, si on ignore d'où provient son don? Cela n'est en rien handicapant à la compréhension du récit. Les scénaristes avaient d'ailleurs dans certaines versions de scénarii tenté d'expliquer d'où Elsa tenait cette magie, mais se sont rendu compte que l'histoire s'en trouvait complexifié de manière totalement inutile. De plus, je pense que le fait que l'on ignore cette origine a beaucoup contribué à la popularité du personnage d'Elsa dans le monde. La Reine des Neiges est un personnage qui fascine par son mystère. Je trouve en tout cas que le fait qu'elle ne soit pas si présente que ça dans le film, et le fait que l'on ignore pourquoi elle possède des pouvoirs, contribuent à en faire un personnage fort intéressant. Une personne qu'on a envie de connaître davantage, qui nous intrigue, et qu'à l'instar d'Anna, on souhaite se rapprocher. Au début du film, l'identification que l'on peut ressentir pour Elsa est très forte. Ni elle, ni ses parents, pas même nous, ne comprenons ce qui lui arrive, pourquoi est-ce qu'elle est ainsi. Personne ne sait comment arranger ça, la jeune fille ne sait pas du tout ce qu'elle doit faire ou ce qu'elle est en mesure de faire. Elle est apeurée, est malheureuse, et le spectateur assiste à cela en demeurant totalement impuissant. Si l'origine de ses pouvoirs était connue, alors il y aurait moins de chance de se sentir investi. Puisque l'on aurait une idée de la provenance de ce don, on se sentirait moins perdu, et l'on aurait même peut-être bon espoir que cela puisse s'arranger. Si les personnages étaient au courant, peut-être auraient-ils donc pu se mettre en tête de sauver Elsa. Les parents auraient sans doute fait de meilleurs choix en étant mieux renseignés. Autrement dit, il aurait très bien pu ne pas y avoir d'histoire. Ou pire encore: le spectateur risquerait d'être tellement plus absorbé par l'idée qu'Elsa doit trouver un moyen de se débarrasser de cette malédiction que l'histoire entre elle et sa soeur serait mise de côté dans son esprit, que ce soit voulu ou non. Le film auquel nous avons eu droit parle d'Anna, qui souhaite ramener auprès d'elle une femme déboussolée, qui a tenté de se faire oublier dans la montagne car elle ne savait pas quoi faire d'autre pour ne pas faire de mal autour d'elle. Si Elsa avait eu une meilleure idée de la marche à suivre, l'enjeu n'aurait sans doute pas été aussi inquiétant, et sa séparation avec sa soeur, qui est le principal souci de l'histoire, n'aurait probablement pas eu lieu. Certains critiquent cette idée d'ignorance en faisant remarquer que l'on connait l'origine du pouvoir de Raiponce. On a même droit d'ailleurs à des personnes faisant remarquer que l'on connait la raison du lien entre Vaiana et l'Océan, et que cela n'a donc aucun sens que le lien entre Elsa et la neige ne soit jamais expliqué. Mais cela n'est pourtant pas du tout comparable. Le pouvoir de Raiponce n'est en rien dangereux. Tout du long, elle parvient à le maîtriser et ne provoque que des choses bénéfiques avec. Ce qui est logique parce que la façon dont ils sont nés n'est pas inconnue, et par conséquent, la façon dont elle se doit de les utiliser ne l'est pas non plus. Il est logique qu'elle sache manier son don, puisque ce n'est pas ça l'enjeu du film. Même si la princesse aux cheveux dorés n'en a pas conscience, c'est le fait de perdre ce pouvoir qui pourrait la sauver, puisque cela la retirerait définitivement des griffes de Gothel. Et le fait que l'on sache, sans forcément y penser, comment sauver Raiponce, est aussi une manière de la voir être débarrassée à la fin de sa mère adoptive sans que cela n'apparaisse comme un Deus Ex Machina. (Quant à Vaiana, sans vous spoiler, son lien avec l'Océan se doit d'avoir une explication puisque cette dernière a un lien direct avec la morale du film.) Elsa apprend une autre leçon. Elle ne doit pas savoir vivre sans son pouvoir ou connaître absolument son origine: elle doit savoir l'accepter car il fait partie d'elle. Et ainsi, elle ne doit pas avoir la moindre idée de comment ôter cette malédiction, et apprendre par elle-même ce qui lui permet de la contrôler.


Passons aux autres personnages: Hans est à première vue, le cliché parfait du Prince Charmant. Il est poli, galant, s'exprime de manière aimable et distinguée, possède une allure tout à fait élégante, un physique des plus avantageux, sans oublier un talent pour la danse. Sa romance avec Anna sonne comme toutes celles que l'on a vues dans les premiers films de princesses Disney, où les personnages ne se connaissent pas, mais dont une simple chanson suffit à les lier à jamais. Il séduit alors Anna et fait d'elle sa fiancée par cette façon bien connue du public. Et même si sur le coup, il y a de quoi trouver une telle romance fort ridicule à l'heure d'aujourd'hui, le film joue bien avec l'idée que c'est un cliché que l'on connait bien, et que par conséquent on peut croire. Car cette personnalité qu'offre Hans a tout de même un peu de caractère, dans sa façon de s'identifier totalement aux moments de folie de la princesse. Il pourrait peut-être offrir un personnage, certes niais, mais d'un bon soutien pour l'héroïne. Il se révèle finalement n'être qu'un manipulateur, utilisant la jeune princesse dans le but de régner sur son royaume. L'idée est très intéressante. On nous prouve par ce personnage qu'un cliché de beau prince ne peut pas être en soit une représentation de l'amour, et qu'il peut être dangereux de faire totalement confiance au premier venu. Hans est un méchant original dans la filmographie des Classiques d'Animation Disney, se permettant de briser un stéréotype longtemps préservé par le studio aux grandes oreilles, et c'est la première fois chez Disney qu'un personnage cherche à ce point à paraître gentil tout au long du film, pour se révéler à la toute fin comme un antagoniste. Hans possède toujours en étant méchant le ton élégant et charmeur qui font qu'Anna a eu confiance en lui au départ. Je trouve tout de même regrettable qu'après son twist, Hans perde sa complexité. Avant cela, même si sa gentillesse reste logique dans le but qu'il souhaite atteindre, il fait preuve d'une grande douceur envers tout le monde, et ne semble -si l'on connait dès le départ son plan- pas être mauvais à ce point-là, juste tellement déterminé qu'il pourrait commettre n'importe quoi. Il semble même avoir un réel attachement envers la princesse Anna. Mais dès lors que ses desseins sont découverts par sa fiancée, Hans perd toute gentillesse, et n'est plus rien d'autre qu'un grand vilain incapable du moindre état d'âme, ce que je trouve très regrettable. (Même dans le livre Un Coeur de Glace qui présente l'histoire de son point de vue, l'évolution de sa psychologie ne m'a pas paru logique, c'est le comble!) Mais pour ce qu'il représente dans l'évolution du studio, j'adore cet antagoniste.


D'ailleurs, puisqu'on parle de lui, je ne comprends pas toutes ces remarques qui disent que son plan est illogique. Je suis d'avis qu'il laisse partir Anna un peu trop facilement au début du film. Il a déjà bien compris qu'elle était assez empotée, et j'ai donc du mal à comprendre pourquoi il la laisse seule courir de tels risques. Cela lui donne l'occasion de prouver ce qu'il vaut au peuple d'Arendelle, mais sa relation avec Anna n'est pas encore vraiment connue à ce moment-là. Rien ne dit qu'il aurait pu être le favori pour remplacer Elsa sur le trône au cas où les deux soeurs disparaîtraient. Quoi qu'il en soit, je trouve le reste de son plan tout à fait défendable. Certains trouvent cela illogique que Hans parte sauver Anna, lorsque le cheval Kjekk revient sans sa cavalière. Mais premièrement, il se doit de travailler son image. Tout le monde l'écoute et regarde en sa direction dans cette scène, il se doit d'apparaître comme un héros, plutôt que de laisser les habitants s'apeurer sur le sort de leur princesse cadette. Et puis aussi, le trône semble véritablement lui échapper, à présent que sa future-épouse semble en danger. Il doit absolument agir à ce moment-là. Et quand il est en présence d'Elsa au palais de glace, certains trouvent anormal qu'il cherche seulement à l'évanouir, au lieu de carrément la tuer. Mais comment peut-il être sûr que la mort de la reine permettra à l'été de revenir? Lorsqu'il capture Elsa, il tente de savoir si elle est capable de mettre fin à l'hiver, ça devrait suffire aux gens pour comprendre son but. C'est après cela qu'il voudra la tuer. Il sait que si la malédiction du royaume doit être réparée, ce ne sera pas par elle. La maintenir en vie en devient inutile, et il peut se permettre d'apparaître comme le héros ayant sauvé Arendelle du monstre l'ayant plongé dans la souffrance. De plus, lors de la scène au palais de glace, tout le monde n'est pas encore pleinement assuré qu'Elsa est une mauvaise personne. Alors que lorsqu'il s'apprête à la tuer, elle est aux yeux de certains la responsable de la mort d'Anna, et par conséquent, une personne cruelle et dangereuse.


Nous avons également le personnage de Kristoff, qui permettra alors à Anna de vivre une véritable romance, qui aura la décence de ne pas se conclure directement par un mariage. Pour moi, ce personnage est le premier "prince charmant" Disney conçu avec de véritables défauts humains (Comparés à lui, Naveen et Flynn sont écrits avec bien plus de classe.), et je le trouve très attachant pour ça. Il est associable (à tel point qu'il est obligé de faire parler son renne pour avoir une conversation), râle facilement, n'a pas une hygiène des plus travaillées, ne sait pas contenir sa salive, et est un peu trop direct dans ses propos (Même au sens figuré, il ne sait pas retenir sa salive!). La vision qu'entretient ce personnage des relations entre personnes est intéressante. Il est de nature solitaire, et passe pratiquement tout son temps avec la seule compagnie de son renne Sven. L'idée qu'Elsa puisse préférer demeurer seule ne lui parait d'ailleurs pas du tout absurde. Mais ça ne l'empêche pas d'avoir beaucoup d'affection pour sa famille adoptive. Il n'a certainement jamais été amoureux jusqu'à présent, mais se sent capable de reconnaître ce qu'est le vrai amour. Il possède pas mal de défauts, mais s'il a bien une qualité, c'est qu'il est très loin d'être naïf. Sous ses airs bourrus, il est même en fait assez sensible. Il sait que le monde n'est pas facile, contient de mauvaises personnes, et c'est cela qui l'amène à vivre seul (enfin, avec Sven tout de même) et reculé. Mais sa sensibilité amène également de bonnes choses. La gentillesse dont fait preuve Anna à son égard ne le laisse pas indifférent, pas plus quand elle lui prouve qu'elle lui fait confiance lorsqu'elle se jette du flanc de la falaise en sachant qu'il va la rattraper.


Olaf n'a jamais été à mes yeux le plus drôle des comic-relief. Il a pas mal de petites répliques amusantes, mais les gags avec lui ne vont jamais très loin. Mais pour des raisons autres que son humour, j'ai toujours beaucoup aimé ce bonhomme de neige. Il a le mérite de ne pas être trop lourd, et ne gâche pas les moments voulus intenses ou émotionnels (Coucou les Gargouilles dans Le Bossu de Notre-Dame!). D'autant plus qu'il se rend utile à l'histoire plus d'une fois (Beaucoup de comic-relief Disney ne peuvent pas s'en vanter.) en indiquant à nos héros le chemin jusqu'au palais d'Elsa, ou en sauvant Anna emprisonnée dans une pièce de son château. Ce que j'aime également chez lui, c'est que malgré qu'il soit très cartoonesque, il sait avoir des sentiments tristes, sait quand les choses vont vraiment mal, et il en est bien plus "humain" et touchant à mes yeux. Par ses rêves totalement surréalistes et sa grande naïveté, Olaf est un véritable symbole de l'enfance, aspect bien appuyée par sa nature de bonhomme de neige, sujet d'amusement chez les enfants. Olaf représente également l'amour qui unit toujours Anna et Elsa, ces deux dernières adorant faire des bonshommes de neige à l'époque où elles étaient encore inséparables. Cette valeur symbolique se sent également dans le fait qu'il comprenne ce qu'est l'amour au point d'avoir un véritable avis sur la question, mais aussi par son aisance à réunir deux fois les deux soeurs, à des moments chaque fois bien compliqués. Quand Anna et Kristoff tentent de retrouver Elsa, ils finissent par se perdre totalement dans la montagne. Mais dès que survient Olaf, souvenir d'un bonheur disparu, les héros parviennent rapidement à la forteresse de glace. Et lorsqu'Anna est enfermée et affaiblie dans une pièce de son château, persuadée que personne ne l'aime, Olaf est celui qui ouvre la porte, la délivre, et la pousse à courir sur le lac gelé.


Ce que me pousse également à dire que ce personnage n'a pas été pensé pour produire des peluches, est qu'à la base il était réfléchi tout à fait différemment par les réalisateurs. Il devait à la base être un méchant sous-fifre d'Elsa, le genre de personnage que les enfants n'ont pas forcément envie d'avoir chez eux. Je ne nie pas que lorsqu'ils ont changé sa personnalité, la perspective de gagner de l'argent en produits dérivés a dû enchanter Chris Buck et Jennifer Lee, mais quoi qu'il en soit, ça prouve que l'on ne cherche pas par automatisme un mignon sidekick dans tous les Disney.


Après, il y a le cas de Sven. Il n'a pas d'utilité aussi profonde, il sert surtout à prouver que Kristoff fait confiance à peu de monde sans être un mauvais bougre, et permet à nos héros de se déplacer plus vite. Il ressemble beaucoup à Maximus dans son comportement sans être aussi hilarant, et se fait voler la vedette par tous les personnages dans la question de l'humour. Mais bon, il n'est pas trop envahissant, je n'ai rien contre lui.


Beaucoup ont critiqué les parents des deux princesses, pointant comme un défaut du film le mauvais traitement qu'ils prodiguent à leurs filles. En effet, ils confinent complètement Elsa dans sa peur, ils la poussent à s'enfermer, à s'éloigner du monde, y compris de sa petite soeur. Ils ne cessent d'offrir à Elsa le parfait contraire de ce dont elle a besoin. Quant aux soins de leur cadette, ils ne sont guère plus doués. Anna à droit aux mêmes traitements que sa soeur, en demeurant constamment dans l'enceinte du palais -bien qu'elle ne reste pas sans arrêt cloitrée dans sa chambre, comme le fait son aînée-, et en étant confinée par sa famille dans l'ignorance. Ses parents ne lui accordent pas la liberté, ni même la possibilité de jouer avec Elsa, mais se refusent à lui expliquer quoi que ce soit. Et ce, alors qu'elle n'est coupable de rien. C'est d'ailleurs surtout le père qui prend ces mauvaises initiatives. Mais sa femme est beaucoup trop effacée, et s'en remettre autant à son époux comme elle le fait, ne la rend guère plus excusable. On peut le dire, Agnarr et Iduna d'Arendelle ne sont vraiment pas des modèles de parents. Mais pourquoi devrait-on voir ça comme un défaut? Le film lui-même a conscience que leur méthode est excessive, et est la cause du déchirement entre Anna et Elsa. Souvent dans les films, on a droit à deux figures de parents, avec les parfaits totalement empreints de sagesses, et les idiots qui ne comprennent absolument pas leurs gamins et se montrent antipathiques à leur égard (Ces deux extrêmes se voient beaucoup dans les Disney, avec les gentils parents biologiques et les affreuses belles-mères.). Je trouve ça donc très intéressant de voir des parents très imparfaits possédant un bon fond. Car on ne peut pas dire qu'ils soient méchants. On sent qu'ils aiment leurs filles, qu'ils ont fait ça pour aider Elsa à se contrôler, et pour qu'Anna ne soit plus victime d'accident. Quand Elsa panique, même s'ils s'arrangent toujours pour prendre les mauvais décisions, ils tentent vraiment de trouver des solutions, et s'attristent de la voir perdre ainsi confiance en elle. Le roi et la reine peuvent être considérés comme les antagonistes lors du prologue, mais parce qu'ils n'ont aucune mauvaise intention, je considère ces personnages comme profondément intéressants.


On peut noter d'autres personnages, comme le duc de Weselton. Je ne le trouve pas forcément extraordinaire, et il n'est pas nécessairement le personnage qui m'amuse le plus, mais je ne le trouve pas désagréable. Il sert surtout à brouiller les pistes, en donnant au spectateur une figure d'antagoniste, et lui éviter d'avoir des soupçons trop appuyés sur Hans.


On notera également les Trolls, que j'ai mis beaucoup de temps à aimer. Je les trouvais affreusement lourds avant (sans mauvais jeu de mot) à pousser Anna dans les bras de Kristoff. Mais même si je n'approuve pas cette façon de forcer les choses, et qu'ils ne me font pas forcément beaucoup rire, ils portent ma sympathie en abordant une des morales du film (j'y reviendrai après).


S'il y a bien un point sur lequel tout le monde était unanime, c'est sur la qualité visuelle du film. Et il est vrai que La Reine des Neiges est assez impressionnant à ce niveau-là. La neige et la glace ne m'avaient jamais paru aussi réalistes, les expressions faciales sont très crédibles, les mouvements des robes sont toujours un régal personnel pour mes yeux, et les mouvements de la caméra virtuelle lors de la scène de Libérée, Délivrée contribuent à rendre cette scène dantesque. Mais à ce niveau-là, le film a quand même des petites tares. Les cheveux m'ont toujours semblé manquer de texture (surtout quand Anna est décoiffée au début du film), certains arrières-plans du royaume d'Arendelle sont plutôt flous et les habitants ont tous un jumeau, ou des triplés. Heureusement les décors enneigés de la montagne sont absolument magiques, et paradoxalement chaleureux. Je continue de trouver Raiponce plus aboutie visuellement, alors qu'il est de trois ans plus vieux que La Reine des Neiges, mais étant donné la rapidité avec laquelle la pauvre équipe a dû finaliser le film d'animation, ça n'a rien de surprenant.
Puisqu'on parle de l'aspect visuel, j'en profite pour dire que je suis agacée d'entendre dire partout que le chara-design est un copier/coller de celui de Raiponce. Tous les goûts sont dans la nature, on peut aimer quand les apparences des personnages divergent bien plus, mais c'est exagéré de dire que ce sont objectivement des copies du précédent film de princesse. Anna et Elsa n'ont ni la même forme de visage, ni la même chevelure, ni la même stature que la jeune fille aux cheveux magiques. Elles ont bien entendu des grands yeux, mais ce n'est qu'une façon de rendre les personnages plus expressifs, procédé auquel les films Disney ont toujours eu recours. Kristoff, Hans et Eugène ont tous des visages bien distincts, et Sven rappelle Maximus uniquement pour son comportement de chien (Et encore, pas le même genre de chien. Maximus évoquant le dangereux clébard de policier, et Sven le gentil toutou toujours content.), mais physiquement il n'y a rien. Il faut tout de même savoir faire la différence entre avoir son propre style, sa patte personnelle, et refaire constamment la même chose. De plus, Olaf a un design original et mémorable, pour une création aussi simpliste qu'un bonhomme de neige.


Evoquons à présent l'aspect musical!


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le 18 avr. 2017

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ErizuTeriyaki

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