Vous reprendrez bien un peu de pathos ?

(SPOILERS INSIDE)
Billy Hope est une star de la boxe brillante mais plutôt dans l'excès, et c'est sa femme qui gère sa carrière et les décisions de sa vie. Billy est comme un gamin, il ne sait pas s'occuper de lui.
Sauf qu'un jour, parce qu'il s'énerve après un autre boxeur à une soirée, il y a rixe et la femme de Billy meurt par balle.
S'ensuit une descente aux enfers où les coups durs s'enchainent, à tel point que ça en devient ridicule :


Il frappe un arbitre, perd sa maison et tous ses biens, se fait abandonner par tous ses amis, son coach et son agent, percute volontairement un arbre sous l'emprise de drogues et deux secondes après vient chouiner parce qu'on lui retire la garde de sa fille. Bref, se retrouve seul et à la rue.


On se mange dans les dents cette suite de désastres, on est absolument que dans le sensationnel, et à part une micro-scène, le réal ne prend jamais le temps de nous montrer la rupture entre le père et sa fille, ou son entourage. Honnêtement, à ce moment là, je me retenais très fort pour ne pas rire, et j'ai eu un fou rire énorme quand plus tard


Forest Whitekare dit : "Tu savais que Hoppy est mort ?!"
Sérieusement, il n'y a pas assez de pathos là ? Vous devez vraiment tuer un gosse au milieu du film ? Sa mère s'est barrée, son père lui a tiré dessus, on a vu le gosse 20 secondes sur tout le film, on sent vraiment l'excuse bidon pour faire pleurer dans les chaumières maintenant que le héros arrête d'enchainer les malheurs.


Son addiction aux drogues, et son obligation de suivre un programme pour contrôler sa colère sont abordées par la juge, mais ça s'en tient là, c'est totalement occulté du film, et on doit donc supposer qu'il arrête de se droguer par magie, et que son programme fonctionne bien, mais il semble que le réalisateur ne trouvait pas important pour la rédemption de son héros que ça soit élaboré dans son récit.
On se retrouve donc avec une fille en foyer (qui du coup ne se coiffe plus les cheveux hein, les services sociaux c'est le mal et ils sont pauvres, alors ils n'ont même pas les moyens de s'acheter des brosses) qui déteste son père alors que dans la scène d'avant elle l'aimait, et que rien n'a changé entre temps, un Billy dégouté de devoir faire du ménage dans une salle de sport pour pouvoir s'y entrainer, et un Forest Whitekare qui sort des phrases pseudo philosophiques dignes de ce qu'on trouve écrit dans les papiers de papillotes.
De même que le combat contre la drogue et le contrôle de la colère sont éludés, on ne comprendra pas la remontée des enfers du héros.
On a bien compris dès le début que, de la même façon que sur le ring Hope a besoin de se prendre une branlée pour pouvoir riposter et gagner, dans la vie il doit toucher le fond du fond pour remonter, on aurait bien aimé qu'on nous montre ça au lieu de nous dire que si, c'est bon il va mieux.


Dans ce film on nous dit clairement les choses hein - aux chiottes la subtilité - mais on ne nous montre rien.


Et pour terminer, la morale de l'histoire :


On peut tomber au fond du trou, tout perdre, et en deux mois se retaper, redevenir champion du monde, et récupérer sa fille (et son amour si on gagne le match)


Bon d'accord, je suis un peu de mauvaise foi, mais pas tellement si ?


Pour terminer sur une note positive, les combats étaient beaux et intéressants à voir, et le casting est excellent, malgré le contexte.

Cho
4
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Créée

le 13 déc. 2015

Critique lue 231 fois

Cho

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