Quantité de génies étaient nés sur le terreau des coups indésirables.  
Meurtri et lassé par l’isolement premier de sa sphère familiale rapetissée autour de son noyau le plus minimaliste, puisqu’aucune mère ni aucun père qu’ils soient théoriques ou de chair ne s’étaient jamais présentés à lui de façon disons prévenante, sa pensée concernant un bon destin n'était sans doute pas saisissable par le commun des mortels, et violemment bruissante, elle sortirait possiblement un jour de sa retenue première. En attendant, Hope a la rage vissée aux synapses, celle qui permet d’accepter d’être saoulé de coups pour gagner sa vie. Il termine ses soirées avec les arcades fendues, les pommettes tuméfiées, des sparadraps pleins la tête. Brisé par cette terreur de savoir se battre et d’être battu, plus tôt que les autres, toujours nu-tête, dédaignant de se protéger comme il est de coutume à ce niveau. Tout son corps est prêt à lâcher, mais il faut bien payer les traites, et il a l’instinct d’un taureau à visage humain. Ces bestioles, ça ne se pose pas de questions, ça fonce, point. Sa femme pense qu’il finira avec le cerveau en bouillie dans peu de temps s’il continue sur ce rythme mais elle ignore que c’est elle qui terminera avec une balle dans le ventre, sans le temps de dire ouf. Tout ça pour un accrochage verbal de racailles avides de boxe de rue. Il ne reste qu’une tombe devant laquelle se prosterner, des souvenirs frustrés, un bonheur avorté. Désormais, l’entourage de Hope ressemble à un tas de cafards qui s’éparpille le long des rues blafardes, fuyant la bête blessée. Il cherche le premier arbre venu pour s’y planter, plus qu’à boire, porter une arme et perdre la garde sa fille, bientôt la dignité suivra.
Errer dans 25m2 de rien, reprendre l’entraînement à zéro, sans insultes ni emportements stériles, cogner mais apprendre aussi à se protéger. Accepter le rejet, passer le balai, car la colère vide le corps de son énergie deux fois plus vite que lorsque l’esprit est serein. Elle expose et rend vulnérable. Elle ne protège de rien. La puissance sans la précision est stérile, glisser sous les bandes d’entraînement, trouver le bon axe de frappe. Hope ne peut se désengager, trop de P.V à honorer, une fille à récupérer d’entre le mépris semé par l’absurdité des choses, son coach a parfois l’oeil terne, puis vif, c’est un secret de destruction. Garder le calme au round 7, enfiler un bon jab, cesser d’être le casseur de beaux rêves, et de dire quoi que ce soit allant dans le sens d’une présentation victimaire des choses. La rage au coeur.

ThomasRoussot
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 7 janv. 2019

Critique lue 146 fois

2 j'aime

1 commentaire

ThomasRoussot

Écrit par

Critique lue 146 fois

2
1

D'autres avis sur La Rage au ventre

La Rage au ventre
EvyNadler
7

Boule rageante

On ne va pas se mentir, j'ai honte du titre. Certes, c'est une référence qui prend tout son sens ici, mais qu'est-ce que c'est moche et indélicat. Pire encore, les internautes qui commentent leurs...

le 14 août 2015

40 j'aime

5

La Rage au ventre
Frédéric_Perrinot
4

St. Anger

L'éclectique Antoine Fuqua vient signer son nouveau film, et pour l'occasion il se met au service d'un scénario de Kurt Sutter, créateur de la série Sons of Anarchy et scénariste majeur de la série...

le 25 juil. 2015

38 j'aime

3

La Rage au ventre
HenriQuatre
7

Grrrrr

Ah, un nouveau film d'Antoine Fuqua est toujours un plaisir à découvrir ! On ne sait en effet jamais si le bougre va nous pondre le prochain Training Day ou une série Z sans âme style Equalizer. Si...

le 22 juil. 2015

38 j'aime

3

Du même critique

Boussole
ThomasRoussot
4

Simili voyage

« Dans la vie il y a des blessures qui, comme une lèpre, rongent l’âme dans la solitude”, écrit l’Iranien Sadegh Hedayat au début de son roman La Chouette aveugle : ce petit homme à...

le 5 sept. 2015

12 j'aime

1

Un amour impossible
ThomasRoussot
2

De ce rien.

« C’était une sensation de vérité. Elle ne se sentait pas banalement remplie, mais annihilée, vidée de sa personnalité, réduite en poussière. Sa matière elle-même transformée, sa personne...

le 25 août 2015

12 j'aime

2