Finalement on arrivera peut-être à oublier l’échec cuisant de Tim Burton dont on n’aurait jamais cru qu’il se soumettrait un jour, avec sa Planète Des Singes, au ciné-business et encore moins à Disney. Il ne sera donc pas dit que le dernier Planète Des Singes en date sera un mauvais film, le crime ne restera pas impuni. La Planète Des Singes, à l’origine roman de Pierre Boulle, fait partie de ces histoires qui flirtent à la fois avec la science-fiction et l’anticipation. C’est probablement ce qui rend ce roman et les films qui en découlent aussi fascinants.
On aurait pu croire que l’expérience Burton aurait signé la mort de la franchise au cinéma, un nouveau remake ne donnait vraiment pas envie, la peur du n’importe quoi était très forte. Finalement non, le film retrouve l’esprit du roman même s’il n’en est pas l’adaptation, dans le monde des séries U.S. on appellerait ça un spin off. Une importante profondeur psychologique et philosophique, un scénario propice aux scènes spectaculaires et qui, finalement, parle à notre fragile condition à la frontière de l’homme et de l’animal, voilà tout ce qu’a retrouvé Rupert Wyatt.
Si le roman originel permettait de grimer des acteurs en singes « humanisés », ce film prend le parti de primates 100% synthétiques et la réussite et bluffante. On aimerait presque ne pas le savoir pour savourer pleinement des chimpanzés plus vrais que nature. Le résultat donne un Caesar à l’humanité bouleversante dès les premières minutes, le travail sur son regard est d’ailleurs le plus étonnant, très réussi. Si la maitrise technique est évidente, c’est parce-qu’elle s’inscrit dans un film solide et justement maitrisé. Une narration fluide, des scènes d’actions efficaces, des acteurs plutôt convaincants, Rupert Wyatt a probablement abouti au film qu’il désirait et finalement, nous aussi.
Si la production d’une suite ne dit généralement rien sur la qualité d’un film, il n’est néanmoins pas étonnant que Dawn Of The Planet Of The Apes est prévu pour 2014. Rupert Wyatt a accouché d’un film sûr de son propos, respectueux de l’esprit de Pierre Boulle et des questions qu’il soulève. Seul bémol, la première série de films avait eu l’idée géniale d’un passé engendrant le futur, lui-même engendrant le passé, créant une boucle temporel infinie, véritable casse-tête neuronal, reprendre cette idée aurait été un plus non négligeable. Par contre les films étaient beaucoup moins bons…
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