Les yeux encore meurtris par la purge de Tim Burton, c'est avec angoisse que j'accueillais l'annonce de ce qui ressemblais à l'époque à un remake de "La conquête de la planète des singes" (le plus contestataire de la saga après le premier), sous la direction du peu connu Rupert Wyatt (le sympathique film carcéral "The escapist") et avec des singes numériques devant la caméra en remplacement des superbes maquillages de John Chambers.

La première qualité de ce reboot est de n'avoir jamais comme prétention d'égaler le classique de Franklin J. Schaffner, ni même de s'intégrer dans la continuité de la saga. Les scénaristes reprennent tout à zéro, zappant par la même occasion l'incident commis par Burton, tout en détournant quelques éléments du film original (la police montée; le "Ote tes pattes de là sale macaque !"...) sans pour autant tomber dans le clin d'oeil facile.

Ne sacrifiant jamais leur récit au tout spectaculaire, les scénaristes tentent avant toute chose de raconter une histoire et d'offrir un spectacle galvanisant aux spectateurs, ce qu'ils réussissent haut la main. S'il n'y a rien d'original là-dedans, le récit fonctionne, prenant son temps afin de construire des personnages attachants ou qui servent l'histoire (si l'on excepte l'inutilité de celui de Freida Pinto), devenant même émouvant lorsqu'il s'attarde sur les rapports entre un scientifique (parfait James Franco) prêt à tout pour guérir son père malade (John Lithgow, bouleversant) et un singe hors du commun amené à devenir le leader d'une nouvelle civilisation.

S'ils ne sont que survolés, des sujets passionnants sont abordés, comme la question de l'étique scientifique (sous prétexte de sauver des vies, a-t-on le droit de torturer des espèces dites inférieures ?) ou encore la nature destructrice de l'homme, les scénaristes s'attardant également sur l'étrange relation d'amour / haine qui lie l'homme au singe, ce dernier renvoyant un reflet inconfortable à l'homme civilisé.

Principale source d'inquiétude, les CGI se révèlent au final indispensables (le film aurait été impossible à faire avec de vrais primates ou avec des comédiens en costume) et plutôt efficaces, certains plans atteignant un degré de photoréalisme bluffant quand d'autres se montrent un peu moins probants. En plus de l'équipe de Weta Digital, on saluera le travail des comédiens derrière la performance capture, en premier lieu l'incontournable Andy Serkis dans la peau de Cesar.

Menant son film avec un talent certain, Rupert Wyatt offre quelques plans-séquences superbes, n'oubliant pas le spectacle que l'on est en droit d'attendre, notamment lors d'un climax rondement mené et qui parvient à contourner son statut de blockbuster grand public (donc dénué de la moindre effusion de sang) avec quelques moments de pure tension.

Ne zappez surtout pas l'excellent générique final, annonciateur d'un chaos à venir et qui donne furieusement envie de voir la suite. Pas mal pour un produit de consommation estivale.

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le 16 juin 2013

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Gand-Alf

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