"Beware the beast Man, for he is the Devil's pawn."

Le livre était un chef d'oeuvre exceptionnel d'anticipation. Une petite perle de SF de 200 pages d'une subtilité poignante. Cette adaptation qui en diverge sur pas mal de points plus ou moins important s'avère une relecture d'excellente facture, Schaffner le portant à l'écran de façon assez magistrale.

Si certains choix et remodelages scénaristiques sont purement hollywoodiens, répondant à des demandes d'audience et de rentabilité, d'autres en revanche sont non seulement pensés et amenés très adroitement mais se font également le prolongement ou une sorte de complément de l'oeuvre de Pierre Boulle.

Ici, le personnage principal, Taylor, n'a pas la barrière de la langue simiesque à franchir, ces derniers parlant l'anglais couramment, mais une blessure à la gorge l'empêche lui de former des mots, le projetant inexorablement dans la masse des humains bestiaux, amassés par troupeaux et emprisonnés dans des cages, sa condition "d'homme savant" n'allant être découverte que subitement, lors d'un accès de rage, alors que Taylor, par toute l'agressivité et le mépris qui caractérise si bien son espèce, va hurler sur un singe d'ôter ses pattes de lui.

A l'instar de Pierre Boulle, Franklin J. Schaffner, par son adaptation relativement fidèle et légèrement relue, réalise une merveille cinématographique de science fiction, qui, dans la lignée de "Le Jour où la Terre s'arrêta" de Robert Wise, offre autant un regard non humain sur ce que nous sommes. Il nous offre un recul brutal par inversion. Nous trouvons ces singes ignobles, parquant l'être humain dans des cages pour l'étudier, pratiquant des expériences chirurgicales pour servir leur science simiesque. Mais en tant que spectateurs humains dotés de conscience et de technologie, nous avons la place du singe et agissons comme tel. Le film comme le livre sais doucement, par un jeu sur nos réactions instinctives, nous faire nous haïr nous même un instant, une fraction de secondes, quelques minutes tout au plus avant que notre esprit passe à autre chose.

Une oeuvre honorable et intemporel, un regard ironique sur l'être humain aussi lucide que pessimiste, nous offrant un des finals les plus cultes de l'Histoire du Cinéma.

Créée

le 19 janv. 2013

Critique lue 2.3K fois

61 j'aime

6 commentaires

zombiraptor

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

61
6

D'autres avis sur La Planète des singes

La Planète des singes
Torpenn
8

Charlton, air de Zeus.

Un des films que je voulais voir depuis une éternité, et il a très bien résisté à mes attentes. Classique incontestable de la Science-Fiction, le film de Schaffner arrive à être à la fois intelligent...

le 21 mai 2011

86 j'aime

21

La Planète des singes
Hypérion
8

You got what you wanted, tiger. How does that taste?

La Planète des singes est un film génial pour des tas de raisons mais dégraissons le mammouth au préalable, tout n'est pas parfait. Sur la forme, la réalisation a indéniablement vieilli, avec une...

le 6 sept. 2012

75 j'aime

7

La Planète des singes
Gand-Alf
10

Soudain, l'apocalypse.

Difficile de croire à l'époque qu'un petit film de science-fiction dont personne ne voulait et mettant en scène des singes anthropomorphiques allait contribuer, un peu avant le "2001" de Kubrick, à...

le 7 févr. 2013

64 j'aime

5

Du même critique

Jurassic Park
zombiraptor
10

Quand je serai Grant

Bien. Jurassic Park. Bon il faut que je commence par un aveu : J'aime pleurer devant un film. C'est vrai. Un film, même s'il est moyen mais parvient à me faire lâcher une larme, je le remercie...

le 9 févr. 2013

278 j'aime

86

Dragonball Evolution
zombiraptor
10

Saiyen intrépide

Dément. Ce film est tout bonnement merveilleux. Jamais je n'aurais cru cela possible. Souvent je me prenais à tenter d'imaginer ce que ça pourrait donner, une adaptation live de la série manga et...

le 17 janv. 2013

239 j'aime

51

Les Dents de la mer
zombiraptor
10

Bruce, le meilleur ennemi de l'homme

Cette critique sera difficilement objective, et je m'engage officiellement par ce biais à dire des choses pouvant éventuellement dépasser une réalité qui n'est pas la mienne. Les Dents de la Mer.....

le 22 janv. 2013

186 j'aime

101