Ah la la... Le studio Disney, mondialement célèbre pour ses adaptations plus que douteuses de contes et autres classiques...
Bien entendu, celui ci ne fait pas exception et nous sert une guimauve comme seul Disney savait en faire à l'époque...
On ne remettra pas en question les dessins ou l'animation qui utilisent ici pour la dernière fois le procédé de dessins sur cellulose (utilisé par Disney depuis les années 20) et la xérographie (utilisée par Disney depuis 1961), abandonnés par le studio après ce film au profit du numérique et de l'infographie. Le trait est précis, l'animation fluide, les effets de l'eau et des bulles rendent vraiment bien pour l'époque... Un très bon travail qui marque néanmoins la fin d'une époque.
Coté réalisation, la nouvelle collaboration entre John Musker et Ron Clements (qui ont, entre autres, réalisés "Taram et le Chaudron Magique"; "Basile Détective Privé" et "Aladdin" ensemble) fait encore mouche avec un rythme soutenu, des cadres précis, des mouvements tantot classiques, tantot osés, le tout offrant un divertissement qui a su enchanter son public à l'époque.
Ne dérogeant pas à une autre des 'coutumes' de Disney, on retrouve dans ce long métrage un coté Bollywood avec les célèbres passages en chansons qui agrémentent le film. Les thèmes et les paroles sont souvent bien amenés et correspondent à l'ambiance de la scène précédent la chanson.
On notera par ailleurs que la chanson "Sous l'Océan" a reçu l'Oscar de la meilleure chanson originale, distinction bienvenue car aucun film de Disney n'avait plus reçu d'Academy Award depuis 1971.
Le montage est somme toute très classique, avec toutefois le retrait ou le changement de certaines scènes pour des versions plus courtes ou alternative. Le choix est plutot judicieux car lesdites scènes n'apportaient pas grand chose au film (hormis peut être pour les origine d'Ursulla) et auraient certainement alourdi le rythme du métrage.
L'énorme défaut du film réside avant tout et surtout dans l'adaptation et le scènario.
Version plus qu'allégée du conte d'Andersen, on perd ici toute la consistance de l'oeuvre originale pour se contenter de livrer une version mièvre et romantique tout en changeant le message et les diverses métaphores du conte.
On admet facilement que le studio veuille changer le message original en gommant les parties traitant de métaphysique et de théologie (la mort, la durée de vie des humains, l'existence d'une âme éternelle...) ou bien entendu le dilemme meurtrier (la petite sirène doit tuer le prince ou mourir) sans parler de l'éternel 'happy end' de Disney; mais on se demande quand même quelle était leur but en changeant fondamentalement certains détails qui dénaturent le message, passant ainsi d'un roman qui nous disait "il ne faut pas lutter contre sa nature", à un dessin animé qui nous dit "voilà grossièrement le passage à l'age adulte d'une fillette qui devient une femme"...
Des allusions discrète sont d'ailleurs parsemée ça et là dans le métrage, sujettes à diverses interpretations psychologique et cinématographique, mais tendant tous en grande majorité vers la métaphore sexuelle... Pas de quoi affoler ou traumatiser nos chères têtes blondes, mais quand même de quoi rigoler un bon coup en se lançant dans une analyse du film.
Autre changement marquant lors de l'adaptation, cette sacrosainte horreur que voue le roi Triton aux humains... Dans le livre, il ne les deteste pas, et la grand mère de la petite sirène en vient même à les plaindre de leur condition mortelle.
Ici, on navigue plutot sous couvert d'un gimmick pour la tolérance. On retriendra vite fait un ou deux passage où Triton passe limite pour un gros raciste lorsque sa fille, au contraire, s'entiche des humains qu'elle trouve fascinant, qu'elle envie et ira même jusqu'à tomber amoureuse de l'un d'entre eux.
Bien entendu, Disney fait toujours passez ses messages à grand renfort de clichés et nous sort un couplet sur la difference et la tolerence digne du generique d'Arnold et Willy et conclura son film avec la victoire de l'amour, de l'égalité et de la justice pour tous...
Disney use encore et encore de la même rengaine scenaristique avec la gentille princesse, le beau prince charmant et un grand méchant vilain pas beau pour leur mettre des batons dans les roues...
Ce parcours maintes fois répété avait ici une occasion en or d'évoluer et de changer enfin la donne, mais comme la grande majorité des maisons d'éditions, des sociétés de production ou des studios de cinéma, Disney préfère coller une fois de plus à son image, sans faire trop de vagues, sans être original, et se masquant une fois de plus sous un faux puritanisme plus qu'évident... En choisissant d'adapter ce classique de la littérature norvégienne, Disney aurait pu lui rendre un bel hommage et adresser aux enfants un message intelligent au lieu d'en faire une parodie romantique à l'eau de rose et en chanson... A force de prendre les enfants pour des innocents idiots, ils finissent par le devenir...
Porté aux nues par une grande partie de son public, ce 28ème "Classique" des studios Disney reste en définitive un film très moyen. Avec des qualité techniques plus que louables et un fort potentiel divertissant, ce film avait tout pour se dresser fièrement au dessus du lot. Plombé, hélas, par un scénario type, ultra convenu et très 'cul-cul la praline' tendance romance mielleuse, le film perd grandement en qualité...
Le film a vieilli, ses spectateurs de la première heure aussi, et c'est vraiment dommage de ne pas retrouver en tant qu'adulte la 'magie' qu'on avait pu ressentir dans notre enfance...
