1969, Kya Clark (Daisy Edgar-Jones), une jeune femme vivant seule dans les marécages de Caroline du Nord, est accusée du meurtre d’un certain Chase Andrew - fils de notables de Barkley Cove - avec lequel elle a eu une liaison. Dans un décorum de carte postale où les marais sont magnifiés à outrance (la boue, les moustiques, les autochtones et les alligators ont dû partir en RTT lors du tournage), la réalisatrice Olivia Newman et Polly Morgan, sa directrice de la photographie nous donnent envie d’y construire notre propre bicoque. Alors que la réalité de l’époque devait être bien plus sinistre, Olivia Newton adapte le Best Seller de Delia Owens “Where the Crawdads sing”, à la sauce jeune public, histoire de ratisser large.

Au pays des bisounours d’une Amérique fantasmée par la nouvelle-garde hollywoodienne, nous avons rendez-vous avec un récit lissé et formaté, heureusement rehaussé par la performance de Daisy Edgar-Jones (Kya) qui illumine le long-métrage de son charisme. D'où la note de 4/10.

Malheureusement, une seule comédienne ne peut pas sauver les meubles d’un pseudo-film de procès aux accents de drame #metoo matiné d’histoires d’amour. Qui plus est, le film est produit par Hello Sunshine, la boîte de Reese Witherspoon, qui fait du féminisme et de la toxicité masculine son cheval de bataille (CQFD). Hormis le cliché ambulant, du vieil avocat (David Strathairn) et de l’épicier afro, les acteurs masculins du film sont, soit des lâches, soit des violeurs ou des violents, soit les deux. Pourtant, tout aurait pu être différent tant le récit d’émancipation et la survie en milieu hostile du bouquin sont transformés ici en amourettes mièvres sorties d’un teen-movie pour ados boutonneux et en film de vacances dans lequel l’héroïne va à la pêche aux moules ? Il en va de même avec la vision raciste de la société sudiste américaine de la fin des années 60. Il est évident qu'en 1969 en Caroline du Nord, un gentil couple de commerçants afro-américains ne subit aucune pression, ni aucun acte xénophobe !? Quel bel exemple de déconstruction historique… Bref, une fois encore, les sorcier.e.s - écriture inclusive oblige - de la Woke, ont oeuvré en transformant les chroniques d’après-guerre jusqu’en 1970, d’une Amérique rurale, rustre et sauvage, ancrée dans ses traditions, en un long-métrage naturaliste qui se veut à la fois thriller, drame et romance s'égarant sur les sentiers d’un féminisme exacerbé. Au-delà des drames qui se jouent dans le film, l’Amérique selon Olivia Newman est bien trop propre et aseptisée, loin de celle de Michael Cimino, ou plus récemment James Gray, Scott Cooper ou encore Jeff Nichols.

Tiens d’ailleurs, je m'en vais revoir “Mud” !

RAF43
4
Écrit par

Créée

le 7 oct. 2022

Critique lue 110 fois

4 j'aime

RAF43

Écrit par

Critique lue 110 fois

4

D'autres avis sur Là où chantent les écrevisses

Là où chantent les écrevisses
Tex_AS
3

Là où pousse la guimauve

Bah en fait... Comment dire... On dirait que la réalisatrice s'est contentée de lire le résumé figurant sur la quatrième de couverture et en a fait un film de plus de deux heures. Il n'y a absolument...

le 21 août 2022

28 j'aime

2

Là où chantent les écrevisses
Dominic-Decoco
7

Une belle mélodie

SPOILER ALERT D’un côté vous avez le scénario plutôt classique : un meurtre dans une petite ville américaine où les ragots se diffusent à la vitesse de la lumière, et le suivi du procès pour savoir...

le 15 août 2022

23 j'aime

Là où chantent les écrevisses
AurélienBoucher
9

Critique de Là où chantent les écrevisses par Aurélien Boucher

Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur " la Fille des marais " de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n'est pas cette fille sauvage et analphabète...

le 19 août 2022

12 j'aime

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4