Sept ans après The Yards, James Gray revient avec We Own the Night, son troisième film pour autant de réussite où il nous plonge dans le New York de la fin des années 1980 pour y suivre le destin d'un manager de boîte de nuit qui va se retrouver confronté à un lourd dilemme.


Très vite, le style de James Gray est reconnaissable et dès les premières séquences, il nous plonge littéralement dans l'univers des boîtes de nuits New-Yorkaises avant de peu à peu, rentrer dans le coeur du récit. Oeuvre aux forts accents shakespeariens, comme souvent avec James Gray, We Own the Night va donc mettre en avant ce manager qui va se retrouver avec de dangereux dealers d'un côté, sa famille policière de l'autre et sa petite amie au milieu et, entre trahison, violence, tragédie, amour et honneur, il devra faire des choix, dans tous les cas, dangereux.


Le classicisme ne m'a jamais dérangé, bien au contraire même, surtout lorsque c'est bien mis en scène et avec We Own the Night je suis bien servi. L'histoire, sans surprendre, reste efficace, mais la force du film se trouve plutôt dans son ambiance, sa galerie de personnages et les thématiques abordées. James Gray s'inspire du dramaturge anglais pour le placer dans le contexte de ce New York camé de la fin des années 1980 et dresse un fascinant portrait du père et des deux fils, où sacrifice, renoncement et honneur vont être cruciaux. L'écriture est d'une incroyable justesse et la réalisation se montre à la hauteur où Gray fait ressortir toute l'émotion et la richesse des protagonistes, voire des enjeux. Il trouve toujours le ton juste et le bon équilibre entre les personnages, il donne de la profondeur et de l'intérêt à tous, sans jamais tomber dans l'excès.


L'oeuvre est tout le long tendue et intense, parfois angoissante mais surtout oppressante où Gray nous donne la sensation d'être aux côtés des protagonistes et de vivre avec ce danger constant ainsi que l'odeur, mais aussi la peur, de la mort. Il semble tout maitriser à la perfection, tant dans les décors que les plans, éclairages ou l'élégante photographie et nous sert plusieurs séquences mémorables à l'image de la course-poursuite en voiture ou le final. Gray montre à nouveau tout son talent pour diriger ses acteurs, ici Joaquin Phoenix est formidable, retranscrit à merveille ses dilemmes et fait ressortir toute l'émotion de son personnage, tandis que Whalberg, tout en sobriété, tout comme une touchante Eva Mendes, ainsi que le toujours excellent Robert Duvall complètent ce fabuleux casting.


Une oeuvre aussi puissante que tendue et palpitante, James Gray offre avec We Own the Night un modèle du genre, une oeuvre aux accents shakespeariens où chaque mètre de pellicule est riche et chargé d'émotion.

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le 8 mars 2019

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Docteur_Jivago

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