Critique rédigée en novembre 2017


En 2007, Olivier Dahan, réalisateur français (auteur de quelques films comme la suite des Rivières pourpres, Le Petit Poucet, ou encore Les Seigneurs il y a quelques années), nous fait part de la vie de cette icône française.
J'ai toujours eu une drôle d'expérience avec ce film puisque, enfant, avec la BO du film qui passait en boucle chez mes parents, il m'a toujours été tentant de découvrir ce film qui n'était pourtant pas destiné au public que j'étais. J'ai attendu de nombreuses années avant de le découvrir et la claque fut grande (quoique je regardais aussi Blade Runner et le Jeanne d'Arc de Besson, donc niveau violence physique c'est pas ce qu'il y a de mieux), non pas une claque physique mais plutôt un choc moral, puisque c'était le temps ou je ne connaissais pas encore la misère, la vraie. Du coup, dès que je revois le film, j'ai toujours une vision différente de celui-ci.


Dans un parfait désordre,


(constituant en réalité les souvenirs dont se remémore Piaf avant de mourir)


le film raconte la vie malheureuse d'Edith Gassion (Marion Cotillard), élevée dans un foyer familial pauvre et ayant vécu une partie de son enfance aveugle. Après avoir grandi aux côtés de sa grand-mère en Normandie et travaillé dans le cirque dans lequel son père (Jean-Paul Rouve) travaille, Edith se découvre un talent pour le chant et décide de se consacrer au chant de rue afin de gagner sa vie. Elle est un jour repérée par Louis Leplée (Gérard Depardieu) qui lui propose de chanter dans son cabaret: ainsi naît Edith Piaf, surnom en rapprochement avec la Môme Moineau.
Seulement, malgré toute ses motivations, la vie d'artiste ne sera pas rose pour elle, c'est le cas de le dire: elle est confrontée à de graves problèmes de santé, ce qui l'empêchera de vivre pleinement son métier, et son compositeur est très exigeant.


Tout le monde connaît les chansons d'Edith Piaf. Du moins, depuis les années 1940, son nom s'est envolé dans le monde entier et elle fait aujourd'hui partie des artistes les plus importantes du patrimoine musical français. Mais, hormis son image de chanteuse de variété au tempérament naïf emportée par la foule et voyant la vie en rose, que sait-on réellement d'elle? Pas grand chose en réalité...
Le film nous montre une facette assez inattendue de l'artiste puisque l'humour et la bonne humeur qu'elle met en valeur dans ses textes est en réalité le rideau cachant une triste réalité, qu'elle souhaitait bien-sûr épargner.
On découvre aussi, par différents éléments scénaristiques qu'une grande partie de ses textes ont
été écrits dépendamment à son histoire


(Bravo pour le clown en référence au métier qu'exerçait son père au cirque, Mon dieu pour la mort de son mari Marcel Cerdan, ou encore Non je ne regrette rien dans laquelle elle dit ne rien regretter de ses vieux démons tant qu'elle puisse vivre d'amour)


tout ceci plus ou moins représenté par les morceaux présents sur la bande originale, très belle au passage.


On peut rire de Marion Cotillard lorsqu'on voit certains rôles auxquels elle a acceptés après le succès du film (Les Petits Mouchoirs, De rouille et d'os, Minuit à Paris, et surtout The Dark Knight Rises), mais on ne peut certainement pas lui reprocher d'avoir une mauvaise performance dans ce film: méconnaissable ! Je la trouve juste, touchante, et n'en fait jamais de trop dans son rôle. Le maquillage a été très bien travaillé et l'actrice réussit à très bien alterner une Piaf jeune tout comme une Piaf plus âgée (surtout que jeune, le personnage est plutôt énergique alors que l'année de sa mort elle avait l'air d'avoir trente ans de plus). Le film est également servi par un très bon casting: Gérard Depardieu, Sylvie Testud, Pascal Greggory, Jean-Paul Rouve, Emmanuel Seigner, etc.
Si certaines scènes du film trainent parfois un peu en longueur, je trouve intéressante l'idée de constituer le film comme une succession de souvenirs basés sur l'échelle d'une vie, s'il est parfois compliqué de s'y retrouver cela nous donne l'impression de pénétrer dans la tête de la chanteuse, mourante, et de s'identifier à elle plus facilement (même si le film est très sombre, voire presque déprimant).


Grosso modo, un magnifique portrait d'Édith Piaf, artiste à la fois populaire et universelle. Un film qui résonne au rythme d'une biographie tragique, transcendé par une interprétation hors norme. Une belle et grande réussite.

Créée

le 18 déc. 2020

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