La Môme par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Tout commence dans le Paris des années 1915 dans le quartier populaire de "Belleville". La petite Edith Giovanna Gassion vit misérablement dans une masure en triste état avec sa mère ivrogne et chanteuse de rue. Bientôt enlevée par son père, contorsionniste dans un cirque ambulant, elle se retrouve "adoptée" par des filles de joie dans un hôtel de passe en Normandie. Quelque temps plus tard, son père en manque d'argent et licencié, vient rechercher Edith afin de la faire chanter dans les rues et rapporter quelques sous. C'est alors que se produit un évènement qui va bouleverser la vie de la jeune fille. Louis Leplée, directeur de cabaret, passant par hasard, entend chanter Edith et décide aussitôt de l'engager dans son établissement et lui offre son nom de scène: "Edith Piaf". Le succès ne se fait pas attendre, la chanteuse va atteindre de Paris à New-York, la célébrité que l'on sait. Malgré cette réussite l'artiste ne sera pas épargnée par les aléas et les malheurs de la vie, toutefois la chanteuse fera face, grâce à un courage hors du commun, à l'adversité qui s'acharnera sur elle jusqu'à son dernier souffle.


C'est d'une émouvante façon qu'Olivier Dahan fait défiler sous nos yeux la vie étrange et tourmentée de l'une des stars les plus adulées des français. En effet tous les ingrédients sont réunis afin que cette existence soit une légende. Il y a cette enfance misérable dans les bas- fonds de Belleville et la lutte du père et de la mère de la fillette afin de se l'approprier pour mieux l'exploiter dans leurs médiocres activités. Il y a cette accalmie où Edith rencontre Titine, une fille de joie qui deviendra sa mère adoptive. Puis arrive un fait déterminant dans cette pauvre enfance: la fillette perdra la vue. C'est lors d'un voyage de dernier recours à Lisieux pour une prière à Sainte Thérèse que celle-ci accomplit un miracle en redonnant, quelques temps plus tard, la vision à Edith. A partir de ce moment, la Sainte restera son support moral jusqu'à son dernier souffle, ce qui l'aidera à surmonter les obstacles qui se dresseront face à elle et notamment la maladie. Puis une rencontre fortuite avec Louis Leplée va lancer la carrière de "La Môme*" et l'immense talent de l'interprète va alors éclater au grand jour. Edith va alors tenter de profiter de la vie, se montrera exigeante, sans gène avec sa gouaille bien particulière, comme pour rattraper le temps passé et se venger de cette enfance douloureuse. Le vieux baraquement se transformera en Bobino, New-York, l'Olympia, les néons éclaireront sa vie. Celle-ci deviendra même très belle lorsqu'elle fera la connaissance du célèbre boxeur Marcel Cerdan. Pour Edith ce sera la révélation de sa vie affective jusque là limitée à Titine et à Momone, sa meilleure copine. Mais la pauvre Edith, portée par le malheur, va sombrer dans la maladie après le décès accidentel de son grand et seul véritable amour. Au crépuscule de sa vie, cette femme malade et brisée trouvera encore un peu de force pour de pathétiques adieux à l'Olympia de Bruno Coquatrix et pour crier au public conquis et ému: "Non je ne regrette rien.". Quelques temps plus tard, après une dernière prière à Sainte Thérèse, lentement elle s'éteindra en se repassant les durs moments de sa vie.


Il n'était pas aisé de réaliser un film décrivant les aspects ambigus de la vie de "La Môme". Il faut reconnaître qu'Olivier Dahan a accompli un véritable exploit en nous offrant ce film. Après une description fort réaliste de la misère et des conditions de vie sordides des petites gens du Belleville des années 1915, le réalisateur remonte la vie et la carrière de l'artiste en interrompant cette progression par de fréquents flashback pour mieux nous plonger dans l'univers de ses pensées et de sa façon d'être. C'est avec beaucoup de finesse que le réalisateur a réussi à éviter l'aspect "mélo" dans cette histoire, le film présentant une analyse très juste et pleine de réalisme de la chanteuse. La personnalité d'Edith Piaf nous envoûte durant deux heures par sa particularité. Marion Cotillard qui avait un lourd défi à réaliser se montre absolument étonnante. Elle s'est totalement imprégnée de la vie de l'héroïne et réussit à nous émouvoir autant que pouvait le faire Edith Piaf. Ce rôle restera certainement inoubliable autant pour cette grande comédienne que pour nous les spectateurs. Chaque personnage est savamment modelé. Il est d'ailleurs difficile de les citer tous mais retenons tout de même les performances de Sylvie Testud, d'Emmanuelle Seigner, de Jean-Paul Rouve et de Jean-Pierre Martins. Les chansons d'Edith Piaf sont distillées tout au long de cette œuvre avec beaucoup de finesse et d'à-propos.


Voici donc une œuvre qui restera certainement dans le patrimoine des grands films produits par le cinéma français. Olivier Dahan nous a réservé une fort belle surprise et Marion Cotillard nous a ébloui. Il est sûr que "La Môme" valait bien un tel hommage, elle qui par sa personnalité, sa voix et ses chansons, n'a jamais quitté le cœur de beaucoup d'entre nous.


C e film à obtenu :



  • Prix de la "Meilleure révélation féminine Au Festival du film de Palm-Springs 200 pour Marion COTILLARD..


    • "Meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale aux Golden-Globes 2008.


    • César de 2008 la Mrilleure actrice pour Marion COTILLARD.


    • Oscar du Meilleur maquillage, Oscar de la Meilleure actrice pour Marion COTILLARD.


Grard-Rocher
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Créée

le 28 juil. 2014

Modifiée

le 30 mars 2013

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