À la base, je suis pas très branché western, mais j'adore Tom Hanks. Et quand on voit que Paul Greengrass est à la direction, réalisateur du très bon Capitaine Phillips, la balance se met à pencher plus d'un côté que de l'autre. Road-trip dans les paysages arides des déserts américains, La Mission plante son histoire dans une Amérique post-guerre de Sécession, divisée et pleine de séquelles qui fait indéniablement écho à l'actualité du pays. Tom Hanks passe de village en village pour lire les journaux à un public illettré et rencontre sur sa route une jeune fille qui a été enlevée par une tribu indienne récemment massacrée. Sans personne d'autre pour aider, le veuf itinérant jure à contrecoeur de ramener l'orpheline à son entourage encore en vie, bravant divers dangers typiques du Far West en cours de route. De cette chevauchée sauvage en terres hostiles, si on lit entre les lignes, émergent les thématiques du racisme, de la liberté de presse et la liberté d'expression, de la violence gratuite, de l'origine, du deuil, de la richesse matérielle comme arme d'un pouvoir... C'est subtil car la forme demeure celle d'un bon western contemplatif, rythmé par quelques scènes d'action excitantes. Tom Hanks et Helena Zengel sont la plus grande richesse de cette intrigue qui relate le rapprochement entre deux êtres qui n'auraient jamais du se rencontrer. Ils contribuent à la gravité, à la complexité, à la détresse et à l'émotion du film. La jeune actrice de treize ans est d'ailleurs nommée aux Golden Globes pour son rôle. Il y a certes un côté sage et prévisible qui ressort de La Mission, mais la mise en scène maitrisée, le travail de reconstitution, la belle photographie donnent vraiment chair à cet ensemble aux paysages grandioses. On s'en souviendra peut-être pas mais rares sont les films Netflix qui nous évadent, et ça, c'est nettement appréciable.