"Je suis sans pitié, sans scrupule, sans compassion, sans indulgence, pas sans intelligence."


Cette femme a le droit de vouloir se venger. Et... Nous méritons de
mourir. Mais cela dit, elle aussi.



Deux citation de Tarantino à travers les personnages de Kill Bill volume 1 & 2


Je sais je sais, j'étais supposé parler de "Ailleurs" mais je reporte ça à plus tard pour une critique qui me tient un peu plus à cœur. François Truffaut a toujours été, dans MA sphère de critique, un réalisateur décrit comme arrogant et surestimé, en témoigne les catastrophiques moyennes éclaireurs qui lui sont attribuées, et ce n'est pas mon visionnage remontant d'il y a plus de 10 ans de Fahrenheit 451 qui pourra le défendre (revisionnage prévu dans l'année). Mais voilà mon père m'a fait remarquer qu'un certain "La mariée était en noir" passait sur Arte ce soir et sans trop d'attente je l'ai accompagné dans son expérience. Ce n'est qu'après avoir été marqué à vie par ce chef d'oeuvre que j'ai appris qu'il a été fait du bonhomme, ce qui me fait pensée que ce qu'on dit du réalisateur n'a peut être que pour but que de nous faire relativiser sur notre système cinématographique actuel qui ne se base que sur de grosses comédies bien nulles (films français +1 million d'entrée en 2020: Ducobu 3, 10 jours sans maman, Les Blagues de Toto). Fin bref je divague revenons au film.


Essayons d'y aller de manière chronologique, car c'est un des grands atouts de Truffaut, celle ci inspirera même l'ensemble de la filmographie de Tarantino et surtout les 2 opus Kill Bill qui reprennent en quelques idées comme la liste a rayé/point d'interrogation, même si selon moi notre faiseur d'hémoglobine préféré n'arrive pas à dépasser son maître.
En fait l'histoire commence avec une courte scène montrant la tentative de suicide d'une jeune femme. On ne s'en rend pas tout de suite mais la scène est assez marquante, un simple bout de papier a pousser une femme à se suicider. Le but n'était absolument pas de chambouler, loin de là, mais bien de vous poser un thème atroce dans une insupportable indifférence. En exécutant de la sorte on déshumanise l'action, on garde le ton en enlevant les émotions.
C'est pour ça qu'on enchaine ensuite sans la peur sans pour autant perdre l'essentiel: ce qui se passe est la cause ou la conséquence d'une tentative de suicide. On y verrait cependant ici plus une conséquence tant l'héroïne a l'air vidée d'émotion, juste focalisé sur une personne. Une femme arrive de nul part, personne ne la connait, elle rencontre la raison de sa venue et la tue de façon presque enfantine avant de repartir d'aussi tôt. On l'a voit ensuite dans un train barrer un nom sur son carnet.


On peut déjà dire beaucoup de chose de cette introduction. Déjà que le film va essayer de proposer un schéma d'action se répétant, montrant la dite femme exécuter froidement ses victimes sans raisons. En fait si, on sait d'elle une chose, elle possède une perversité macabre; elle assassine sa victime en le piégeant avec ses désirs de nouveautés, de mystères. Elle se présente comme un mystère, créer un mystère mais pire encore, fait de la mort du fiancé un mystère. Elle ne révélera que son nom, montrer comme la seule chose qu'elle ne pouvait s’empêcher de dire. On voit mais surtout verra plus tard (mais je le place maintenant, histoire de faciliter l'analyse) que ce personnage aura malgré tous ses visages 2 vraies personnalités, la rêveuse qui ne tend qu'à faire justice au près des responsables de son malheur et la veuve, plus humaine qui donnera une émotion à tout ça respectivement représentée par le blanc et le noir de ses tenues. (ça serait trop long à analyser alors je pose ça là pour ceux qui veulent tenter expérience)


Le deuxième cas est selon moi très intéressant car il commence comme le premier, un homme idéalisant la féminité se fait piéger par une représentation mystérieuse, quasi-divine de celle ci. Il ne veut pas qu'elle le touche très bien il sera tuer comme tel, empoisonné. Mais c'est vers sa fin que le masque tombe et que l'humanité ressurgit, obligeant le mourant à partager une dernière fois le souvenir qui a surement transformer son rapport avec les femme. Ça permet notamment au spectateur d'avoir un contexte mais surtout un mobile à cette barbarie. On commence à y percevoir un paradoxe effroyable, dans sa quête de purification, Julie fait face à un passé dont elle aimerait s'extirper constamment. Quand elle dit qu'elle y pense tous les soirs elle sous entends bien qu'elle subit, qu'elle souffre et qu'elle aimerait que ça s'arrête.


Le troisième cas ressemble significativement au deuxième dans le procédé. On retrouve ici un macho, qui voit la femme idéale comme une bonne travailleuse à son service qui va donc se faire piéger par une institutrice (donc par définition voue sa vie aux autres), nourrice, cuisinière, ménagère. La victime va même essayer de la séduire la considérant plus travailleuse que sa femme qui préfère sortir. La technique est également très intéressante, car elle le piège seul, face à lui même, et au lieu de réfléchir, se poser et attendre il va avoir la bêtise d'allumer un feu consumant l'air (si il s'était calmer peut être aurait-il eu assez d'oxygène le temps que sa femme arrive). On apprend aussi le reste de l'histoire, 5 chasseurs saouls qui tirent sur un marié par bêtise, 5 bêtes apeurées face à la revanche de l'endeuillée. Cela va également accusé un personnage extérieur à l'histoire mais on en reviendra plus tard.
Le 4eme meurtre est peu concluant, car il n'en est pas un, mais assez intéressant pour y toucher quelque mot. Au moment de se débarrasser de celui qui a mis la balle dans le chargeur d'une façon froide et brutale, sa cible se fait arrêter pour ses magouilles. Mais au lieu d'user d'un de ses précieux stratagèmes Julie préfère laisser le plan en suspens pour l'instant, considérant la chose (sur le moment) comme une punition temporaire suffisante et un risque trop gros de laisser en vie sa dernière cible. Après cela on voit une scène ou l'institutrice retourne à l'école qui n'a pour aucun autre but que de nous prévenir que cette vengeance ne la concerne pas que elle et qu'elle est destinée à tomber dans le piège de la réalité.


Son meurtre suivant va lui prendre plus de temps, laissant le peintre s'amuser avec elle, puis sans s'en rendre compte se faire piéger par une femme qu'il n'aurait jamais cru voir, une femme qui ne s'intéresse pas à lui. C'est d'ailleurs ici que la réalité apparait en le personnage secondaire de "l'ami" qui va douter bien que cela ne suffise pas à empêcher le meurtre.
Au lieu de détruire ses répliques de la femme idéale, elle va condamner la femme qu'elle est, celle qui n'a plus de raison de vivre dans ce monde pour accomplir son ultime tache et tuer l'homme qu'elle avait laisser s'échapper


Si on devait décrire les assassinats en un mot: La chute, la douleur, le piège, la revanche et la mort. Je suis peut être dans la sur-analyse à ce niveau là mais j'aime penser que Julie a narré à travers ses meurtres son histoire, de sorte à ce que seules les personnes dans le même cas qu'elle puisse la comprendre.

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le 19 oct. 2020

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Lordlyonor

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