Ma (petite) malédiction, puisque je m'appelle Damien (voilà, vous savez) et que je suis amateur de films fantastiques ou horrifiques, c’est que je me suis longtemps senti obligé de regarder ce film, qui réunit ces ingrédients et qui est considéré comme un classique. Mais je ne me doutais pas que je partageais aussi avec ce Damien maudit un jour de naissance quasiment identique, à un jour près.


(Est-ce que mes parents ne me cacheraient pas un lourd secret ?)


Au fait, je spoile beaucoup.


Richard Donner s’est tout de même défendu d’avoir fait un film d’horreur, et il est vrai qu’il règne une ambiguïté sur le film assez appréciable. Certes, quelques morts le parsèment, il y a des coïncidences macabres et des déclarations dérangées qui affirment que ce petit enfant n’est autre que le fils du diable.


Mais rien n’est jamais vraiment certain, les morts sont autant d’accidents certes suspects mais sans aucune certitude d’être causés par une main mystique. A aucun moment le film ne voit ce Damien déclarer avec arrogance “haha oui je suis le fils du diable”. Le métrage de Richard Donner n’en devient alors que plus glaçant avec Robert Thorne le père une fois convaincu de la “nature” de son fils, entraîné par certaines personnes qui désirent croire à cette hypothèse. Il va ainsi chercher à assassiner son rejeton, dans une fébrilité de plus en plus glaçante.


Ce n’est pas pour la vie de Damien qu’on craint, après tout la présence à l’écran du jeune acteur Harvey Stephens provoque le malaise, intentionnel ou pas. Il y a un détachement qui se crée, le film ne cherche pas à provoquer la sympathie. Il agit comme un enfant, il aime jouer. Mais il est assez taciturne. On peut s’interroger sur sa prédisposition à faire le mal, qui semble déterminée par son entourage, cette gouvernante à la fois mielleuse et mystérieuse, jouée par une fascinante Billie Whitelaw. Mais peut-être que celle-ci ne cherche qu’à protéger l’enfant des inquiétudes de ses parents qui deviennent de plus en plus menaçantes
.
Damien n’est donc pas au centre des actions, ce n'est pas lui qui dirige le déroulé, mais il est bien le centre des attentions. C’est le regard extérieur porté sur lui qui dicte l’avancée du film, malgré des preuves assez maigres de sa nature maléfique.


Quand le film développe son enquête autour de la filiation de Damien, il est même captivant. La mise en place de la famille Thorne et de ses déconvenues apparaissant parfois moins intrigante, la faute à quelques faiblesses dont les relations entre la mère et l’enfant beaucoup trop précipitées. Mais dès que Robert décide d’en avoir le cœur net, quitte à aller en Italie, le mystère autour de Damien est au plus fort, ses différents interlocuteurs semblant confirmer, mais sans jamais pouvoir le prouver. Créant même de nouvelles interrogations qui n’auront pas de réponses.


Robert Thorne est joué par le grand Gregory Peck, pour un de ses derniers grands rôles. Il prend le rôle avec une grande application, dont la solidité se fragilisera doucement. Ses inquiétudes sculptent son visage. Mais c’est aussi lui qui est toujours au centre du film, tenant son rôle cette fois de tête d’affiche, ne laissant que quelques opportunités au reste du casting. On ne peut que regretter que la mère, interprétée par Lee Remick, soit un peu trop rapidement mise de côté.


Malgré son âge, Damien n’a pas si mal vieilli. Richard Donner arrive à créer une douce ambiguïté, la “possibilité” d’une autre explication, grâce à sa caméra assez flottante et qui ne semble pas prendre parti. Tandis que les inquiétantes mélodies de Jerry Goldsmith créent une délicieuse angoisse tout du long. Si le film peut échapper à la classification de film d’horreur, le réalisateur rend pourtant un bel hommage au genre avec un certain passage dans un cimetière (malgré une belle gaffe, avec la présence de toute une partie de l'équipe technique visible dans les fourrés à la fin).


Le film sera un énorme succès, lançant la carrière du réalisateur, suscitant différentes suites sur le grand ou le petit écran, tandis qu’il influencera différentes productions.


Méfiez-vous des Damien...

SimplySmackkk
7
Écrit par

Créée

le 7 nov. 2020

Critique lue 856 fois

33 j'aime

15 commentaires

SimplySmackkk

Écrit par

Critique lue 856 fois

33
15

D'autres avis sur La Malédiction

La Malédiction
SimplySmackkk
7

Rejeton rejeté

Ma (petite) malédiction, puisque je m'appelle Damien (voilà, vous savez) et que je suis amateur de films fantastiques ou horrifiques, c’est que je me suis longtemps senti obligé de regarder ce film,...

le 7 nov. 2020

33 j'aime

15

La Malédiction
Ugly
9

L'incarnation de Satan

Après le succès considérable de L'Exorciste, Hollywood embraye sur un sujet qui va engendrer quelques films "sataniques", en exploitant à fond cet engouement du public pour le fantastique démoniaque...

Par

le 14 févr. 2018

30 j'aime

8

La Malédiction
Franck_Plissken
9

Ave Satani ou chronique d'une Apocalypse annoncée.

"Cum Iudaeis et revertar ad Sion Et cometa rips caelum Et Sancti Romani Imperii surgit, Tunc et ego morior. Ab aeterno mare ipse surgit, Partum exercitus in utroque litore, Conversus vir contra...

le 29 févr. 2016

16 j'aime

6

Du même critique

Calmos
SimplySmackkk
8

Calmos x Bertrand Blier

La Culture est belle car tentaculaire. Elle nous permet de rebondir d’oeuvre en oeuvre. Il y a des liens partout. On peut découvrir un cinéaste en partant d’autre chose qu’un film. Je ne connaissais...

le 2 avr. 2020

49 j'aime

13

Scott Pilgrim
SimplySmackkk
8

We are Sex Bob-Omb and we are here to make you think about death and get sad and stuff!

Le film adaptant le comic-book culte de Brian aura pris son temps avant d'arriver en France, quatre mois après sa sortie aux Etats-Unis tandis que le Blu-Ray est déjà sur les rayons. Pourquoi tant de...

le 5 janv. 2011

44 j'aime

12

The King's Man - Première Mission
SimplySmackkk
7

Kingsman : Le Commencement, retour heureux

En 2015, adaptant le comic-book de Mark Millar, Matthew Vaughn signe avec le premier KingsMan: Services secrets une belle réussite, mêlant une certaine élégance anglaise infusée dans un film aux...

le 30 déc. 2021

39 j'aime

12